Guerric Jehanno avait été condamné en octobre 2020 à trente ans de réclusion criminelle pour l’enlèvement, la séquestration, le viol et le meurtre d’Amandine Estrabaud. La jeune femme avait disparu en 2013 – son corps n’a jamais été retrouvé.
7 ans avant Delphine Jubillar, il y avait Amandine Estrabaud. La jeune femme de 29 ans, assistante d’éducation dans un lycée, disparait le 18 juin 2013 entre Castres, où elle travaille, et son domicile de Roquecourbe (Tarn).
Son meurtrier présumé, Guerric Jehanno, est rejugé en appel depuis ce matin. Cet ancien maçon de 33 ans a toujours nié son implication dans l’affaire. Mais son comportement et ses contradictions ont conduit les enquêteurs à l’interpeller.
Que s’est-il passé le 18 juin 2013 ?
Assistante d’éducation dans un lycée, Amandine Estrabaud quitte son travail comme chaque jour et fait du stop pour rejoindre le village de Roquecourbe, où elle vit depuis quelques mois. Elle demeure introuvable depuis.
Chez elle, la porte est grande ouverte, son téléphone est retrouvé dans une poche de veste et un véhicule a visiblement laissé des traces aux abords de sa maison. Dans l’herbe, les gendarmes récupèrent également une boucle d’oreille et une ballerine.
Seule certitude des enquêteurs : la jeune femme a été agressée chez elle, probablement par une connaissance qui l’aurait raccompagnée. Une voisine d’Amandine dit en effet avoir aperçu, de dos, un homme de la corpulence de Guerric Jehanno, vêtu d’un pantalon d’ouvrier à bandes fluo, sortir d’un fourgon d’entreprise aux côtés de la jeune femme.
La piste Guerric Jehanno
D’abord interrogé en tant que témoin, celui qui avoue avoir eu le béguin pour Amandine finit en haut de la liste des 52 suspects… Et s’il nie, le bât blesse en 2016 lorsqu’il dessine à quatre de ses codétenus un plan de l’endroit où il aurait enterré la jeune femme. D’importantes recherches sont menées dans la forêt du Sidobre, près de Roquecourbe… Mais aucun corps n’est finalement retrouvé.
Ni preuve matérielle, ni cadavre ne viennent ainsi étayer la théorie de la culpabilité de Guerric Jehanno, mis en examen en avril 2015. Pour son avocat, Me Simon Cohen, il s’agit tout simplement d’une erreur judiciaire : "il n’y a jamais eu de preuve tangible contre cet homme : pas de trace de sang, pas un bout de tissu, pas un poil ou un cheveu de la disparue", conteste-t-il au Parisien.
"Mon client est poursuivi pour viol et meurtre alors qu’il n’y a pas de corps. On ne sait même pas si sa disparition est liée à une mort violente. Guerric Jehanno n’avait pas de motif, pas de mobile pour faire cela", plaide encore Me Simon Cohen.
Quatre jours en appel
Alors, Guerric Jehanno est-il responsable du meurtre d’Amandine Estrabaud ? La mère de cette dernière, Monique Sire, en est en tout cas persuadée. Tout comme Pierre Debuisson, l’avocat de la famille : "le fait que Guerric Jehanno n’a pas formulé la moindre demande de mise en liberté depuis sa première condamnation il y a plus d’un an est un signal positif", a-t-il déclaré à la Dépêche du Midi.
"Peut-être a-t-il compris qu’il aurait tout à gagner – psychologiquement et judiciairement – en indiquant où il a enterré le corps d’Amandine." Au Parisien, il détaille encore : "Guerric Jehanno […] a changé de comportement, a commencé à prendre des antidépresseurs après la disparition et tenu des propos bizarres à sa mère en lui assurant qu’il n’était pas un assassin."
Me Pierre Debuisson et la famille d’Amandine Estrabaud espèrent beaucoup des quatre prochains jours, même s’il est impossible de prédire si Guerric Jehanno se livrera davantage – et mettra fin à huit ans d’errance, sans sépulture devant laquelle se recueillir.
Jugé jusqu’au 19 novembre à la cour d’assises de la Haute-Garonne, le meurtrier présumé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.