Disparition de Delphine Jubillar : qu’a déclaré Cédric Jubillar lors de son premier interrogatoire face aux juges ?

"Je conteste toujours. Je suis innocent", a affirmé Cédric Jubillar lors de sa première audition, le 15 octobre. Le Parisien a largement détaillé les déclarations du mari de Delphine Jubillar et principal suspect, près d’un an après la disparition de l’infirmière de 33 ans.

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Le 15 octobre dernier, à Toulouse (Haute-Garonne), Cédric Jubillar est interrogé pour la première fois depuis sa mise en examen, le 18 juin, par les deux juges d’instruction Audrey Assemat et Coralyne Chartier. Le face-à-face dure quatre heures – peu d’informations fuitent.

Mais dans un long article publié ce matin, Le Parisien a révélé les coulisses de ce premier interrogatoire, tandis qu’une troisième demande de remise en liberté de Cédric Jubillar, émise par ses avocats, sera étudiée demain. Que retenir de ses déclarations devant les juges ?

Il clame toujours son innocence

"Je n’ai rien à voir avec la disparition de ma femme, je vous l’ai toujours dit", plaide Cédric Jubillar. Alors en détention provisoire depuis quatre mois, isolé de ses proches et de ses deux enfants, le principal suspect n’en démord pas.

Entouré de ses trois avocats, il semble avoir réponse à tout, justifiant les menaces de mort proférées à l’encontre de son épouse, sa consommation régulière de drogue, l’argent qu’il empruntait. "Je suis un innocent mis en prison, tout ça parce-qu’au départ, on vous a manipulées", argue-t-il devant les magistrates.

L’homme sera de nouveau interrogé le 3 décembre prochain – plus spécifiquement sur les détails de la nuit du 15 décembre 2020, au cours de laquelle Delphine a disparu sans laisser de traces. De quoi, peut-être, éclairer davantage les circonstances du drame.  

Il justifie un schéma familial souvent délétère

Tandis que les juges d’instruction l’interrogent sur son comportement agressif – plusieurs témoignages faisant état de violences verbales et psychologiques régulières – Cédric Jubillar nie en bloc. Il justifie certains accès de colère par l’épuisement – précisant être le seul à s’occuper de ses deux enfants – et ses propos humiliants par des blagues mal comprises. "Peut-être que l’humour que moi je possède n’est pas le leur, du coup ils le prenaient pour du rabaissement", relève-t-il.

"Quand moi je dis les choses, je ne tourne pas autour du pot", ajoute le peintre-plaquiste de 34 ans. "Je n’ai pas un langage soutenu comme certains gens (sic) ou comme vous très haut placées et qui ont des termes polis. Moi, j’ai des termes plus désagréables et plus méchants."

Delphine Jubillar n’aurait, vraisemblablement, jamais essuyé les coups de son mari. Mais les magistrates s’interrogent sur les nombreuses brimades qu’il inflige à son fils, âgé de 7 ans. "Il n’est jamais arrivé à l’école avec des bleus ni avec des cocards", répond simplement Cédric Jubillar. "C’est sûr que oui, je gueule [...], j’essayais de faire peur à mon enfant. Pour éviter qu’il ne refasse la même bêtise."

Il détaille sa relation problématique avec l’argent

Autre sujet de discorde dans le couple : Cédric Jubillar emprunte régulièrement de l’argent à sa femme. Chaque mois, il dépense près de 400 euros pour financer sa consommation de drogue – une dizaine de joints par jour – et admet jouer régulièrement à la belote et au poker.

Cédric Jubillar subtilise même parfois la carte bancaire de son épouse pour pallier ses difficultés – "de temps en temps, à son insu, ça l’embêtait un peu", admet-il. Contrairement à Delphine, lui n’a ni permis, ni véhicule, ni CDI. Mais affirme rembourser chaque mois ce qu’il emprunte : "ça la gênait que je sois obligé de ponctionner sur le compte des petits ou sur son compte à elle…"

Quelques heures avant sa disparition, le 15 décembre, Delphine Jubillar se rend dans son agence bancaire, à Albi, pour changer son code confidentiel. Devant les magistrates, Cédric avoue n’avoir, à l’époque, rien su de ce rendez-vous – symptomatique de la volonté de Delphine de quitter son mari.

Il dit avoir accepté que son couple se désagrège

"Je sais que c’est fini. Je l’ai accepté à partir de mi-septembre. En octobre, je m’inscris sur Meetic" – deux mois avant la disparition de sa femme. Car le couple Jubillar ne fonctionne plus depuis longtemps et Delphine, qui fréquente quelqu’un d’autre, a fait part de sa volonté de divorcer depuis cinq mois déjà.

L’artisan dit l’avoir accepté – après avoir réalisé qu’il était impossible de reconquérir son épouse. "C’est la vérité, au début j’étais très déçu", reconnaît-il. "Très, très abattu de tout ce qu’on avait pu construire ensemble et que ça vole en éclats en un claquement de doigts. Ça reste la mère de mes enfants, elle aura toujours une place dans mon cœur."

Contradictoire ? Certains éléments interpellent en effet les juges. Lui qui dit "se moquer" de l’existence d’un amant – voire de plusieurs, comme il le soupçonne – géolocalise sa femme et surveille son compte bancaire.

Durant l’interrogatoire, il prétend l’espionner en vue de préparer sa défense et de pouvoir ainsi contrer une demande de garde exclusive. "Si jamais elle veut m’embêter […] que j’aie aussi des billes de mon côté, que je puisse lui dire attends, t’as un amant et je te fais pas chier, qu’on reste à l’amiable…"

Les menaces de mort ? "Des mots jetés en l’air"

Lorsqu’on l’interroge sur les mots chargés de sens employés devant sa mère – à qui il aurait dit "j’en ai marre, je vais la tuer, je vais l’enterrer, personne ne la retrouvera", Cédric Jubillar nuance. "C’était des mots jetés en l’air."

"J’en avais marre, j’étais en train de lutter sur tous les fronts, les enfants, le ménage, la nourriture, l’extérieur, j’étais tout seul à tout faire", détaille-t-il, accusant Delphine de s’être déchargée depuis longtemps de ses responsabilités familiales, préférant par exemple laisser ses enfants devant la télévision plutôt que de s’en occuper.

"Quand j’ai dit ça, j’étais en colère, j’étais en train de me défouler. Comme je vous ai dit, c’est moi le con", insiste Cédric Jubillar. Avant de conclure : "pour l’instant, vous cherchez que de mon côté, peut-être que si vous exploitiez plus les autres, on pourrait la retrouver plus facilement."

Ce soir, à 19h30, les proches de Delphine se réuniront devant la maison familiale de Cagnac-les-Mines (Tarn). L’infirmière, dont le corps demeure toujours introuvable, aurait eu 34 ans ce lundi 15 novembre.

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