Du 8 au 15 juillet, les cyclistes du Tour de France traversent l'Occitanie. Mais derrière le défi sportif, quelles sont les possibles retombées économiques et les dépenses pour une ville étape ? Combien coûte à une municipalité l'accueil de ce type d'événement ?
Les klaxons des caravanes, les applaudissements des supporters à l'approche de l'arrivée, la voix du commentateur qui résonne dans le brouhaha, c'est bien cela l'ambiance du Tour de France. Mais derrière l'événement populaire qui rassemble chaque année des centaines de milliers de spectateurs sur le bord des routes, il y a aussi des enjeux économiques et financiers pour les villes étape.
Organiser l'accueil du Tour de France n'est pas gratuit. Les municipalités doivent envoyer leur candidature auprès d'ASO (Amaury Sport Organisation), propriétaire de l’évènement, pour figurer sur le programme de la Grande Boucle. Chaque année, près de 200 villes se portent candidates. Une fois l'étape validée, la commune doit envoyer un chèque variable, en moyenne 65.000 euros pour un départ, 110.000 euros pour une arrivée et 160.000 pour un départ et une arrivée.
200 villes candidates par an
A ces sommes, s'ajoutent des dépenses supplémentaires pour accueillir au mieux l'événement et correspondre aux charges de la société ASO : aménagement de la voierie, signalisation routière, mobilisation des forces de l'ordre... Des coûts différents selon la taille de la municipalité.
La commune de Lavaur, dans le Tarn, qui a accueilli le Tour de France en 2020, a payé 100.000 euros pour pouvoir organiser l'événement : "nous avons fait quelques investissements pour réaménager les espaces verts. Mais cela ne nous a presque rien coûté car nous avons fait financer par moitié l'investissement par le département, la région et par les entreprises. On dit souvent que c'est une très grande dépense mais quand on sait comment gérer l'investissement, cela ne coûte rien.".
Des dépenses rapidement "rentabilisées"
La ville de Muret, près de Toulouse, organise cette année un départ d'une étape du Tour de France. Mercredi matin, les coureurs s'élanceront de Muret pour rejoindre Saint-Lary-Soulan. La commune avait déjà accueilli cet événement populaire, pour la première fois en 2015. Elle a, elle aussi réalisé, des travaux mais sans grande conséquence économique : "nous avons fait quelques investissements pour améliorer l'esthétique de la ville. Mais rien de très important." Contrairement à la commune de Lavaur, le Tour de France lui a coûté entre 70.000 à 80.000 euros : "nous avons aussi des partenaires comme le département ou des entreprises. Mais cela a été prévu depuis longtemps, c'était dans notre budget."
La ville de #Muret accueille ce mercredi 14 juillet le départ de la 17ème étape du #TDF2021 ! pic.twitter.com/CGBwiaaHbj
— Ville de Muret (@Muretmaville) July 11, 2021
La ville de Saint-Gaudens, qui sera ville d'arrivée ce mardi, a engagé près de 150.000 euros comme ticket d'entrée : "le coût est partagé entre la commune et la communauté de communes. Ce qui peut coûter cher à une commune, c'est le barrièrage (main d'oeuvre pour la sécurité du spectateurs), le fait de casser des ronds-points, des bordures de trottoir mais, nous, nous avions les bonnes infrastructures", explique Jean-Yves Duclos, maire de Saint-Gaudens.
Un coup de projecteur médiatique "extraordinaire"
Troisième évènement le plus diffusé au monde, dans plus de 120 pays, après les Jeux olympiques d’été et la Coupe du monde de football, la Grande Boucle offre un important coup de projecteur aux villes étapes et organisatrices. Bernard Carayon, le maire de Lavaur a tout de suite vu l'opportunité de faire connaître hors des frontières françaises, sa commune du Tarn : "c'est un coup de projecteur magnifique pour notre ville. C'est l'un des seuls événéments qui met en valeur les villes et villages de France à travers le monde." Il confirme lui aussi, un an après l'organisation du Tour, que "de nouveaux arrivants sont venus s'installer dans la commune." Quelques semaines après la diffusion de l'événement à la télévision, la mairie a même reçu de nombreux coups de fils : "nous avons eu beaucoup de personnes qui sont venues visiter notre ville, qui ne la connaissait pas du tout.".
Pour l'élu, le statut de ville d'arrivée est pour lui un avantage : "pour faire attendre le public, nous organisons de nombreuses activités et animations avant l'arrivée des cyclistes. Nous serons encore candidats l'année prochaine."
Le Tour de France est un vrai moment de convivialité. Pour les commerçants surtout de bouche, c'est un moment attendu. Il n'y a aucune campagne publicitaire supérieure à celle-ci. C'est plus un investissement humain que financier.
Un constat partagé par le maire de Saint-Gaudens, ville qui a accueilli près de 23 fois le Tour : "nous avons la chance d'être au pied des Pyrénées. Nous avons beaucoup d'amateurs de cyclisme qui viennent se confronter à nos routes. C'est presque devenu un passage obligé. Le Tour de France montre l'image d'une ville active et animée."
Des retombées économiques variables
Outre la notoriété, le Tour de France peut apporter aussi aux villes organisatrices de réelles retombées économiques : "c'est difficile de mesurer et chiffrer ces retombées. Mais pour les commerçants de bouche c'est une vraie plus-value", explique le maire de Lavaur. La ville de Saint-Gaudens a elle aussi vu après le Tour de nombreuses retombées économiques : "c'est surtout les hôtels et les restaurants qui en profitent."
Pour le maire de Muret, André Mendement, c'est surtout l'image de la ville qui est mise en avant par le Tour : "le Tour de France, c'est surtout une bonne chose pour la notoriété de la ville. C'est très difficile de mesurer les retombées économiques. Mais ce n'est pas toujours conséquents pour les commerçants. Pour les professions de bouche oui, mais pour les autres commerçants, c'est plus difficile. Les gens viennent ici pour suivre la course, se restaurer, pas pour acheter des chaussures. En 2015, certains ont regretté d'avoir ouvert leur boutique. Cette année, la plupart seront fermés, car la course se passe le 14 juillet.".
En 2015, nous avons eu entre 20 000 et 25 000 spectateurs. Cela a permis de faire rayonner notre ville. On a hâte d'organiser l'événement cette année. C'est un challenge et un investissement de plus de 10 mois.
Le Tour de France est donc pour toutes ces communes, "une véritable fierté" et un coup de projecteurs sur leur ville. Toutes espèrent être à nouveau sélectionnées comme candidates dans les prochaines années à venir.