La chasse à l'homme engagée depuis deux jours pour retrouver Cherif Chekatt, auteur présumé de l'attaque de Strasbourg, a des points communs avec celle qui avait permis de retrouver Mohammed Merah en mars 2012.
Policiers d'élites, gendarmes, militaires, ministre de l'Intérieur sur place... La chasse à l'homme, auteur présumé de l'attaque près du Marché de Noël de Strasbourg mardi soir, n'est pas sans rappeler des précédents : Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam après les attentats du 13 novembre à Paris, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly après l'attentat de Charlie Hebdo et de Montrouge en janvier 2015...
Mais aussi Mohammed Merah.
Quand des enfants et un adulte sont sauvagement assassinés le 19 mars 2012 au matin devant l'école juive de Toulouse, l'homme au scooter, filmé par les caméras de surveillance, devient l'ennemi public numéro un.
Le jeudi précédent, le même mode d'action a été employé contre trois militaires de Montauban, dont deux sont décédés. On apprendra alors plus tard, que le militaire tué à Toulouse le dimanche précédent, le 11 mars, est aussi une victime de Merah.
La chasse à l'homme s'organise. En pleine campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy ordonne à son ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, de rester à Toulouse jusqu'à ce que le tueur soit neutralisé. Les policiers d'élite du Raid sont envoyés à Toulouse et les enquêteurs toulousains reçoivent les renforts des spécialistes de l'antiterrorisme et d'unités de police judiciaire.
Des similitudes avec ce qui se passe depuis près de 48 heures à Strasbourg mais aussi en Suisse et Allemagne, où l'homme auteur des tirs mardi soir à Strasbourg est recherché.
Mais les similitudes s'arrêtent là.
D'abord, les enquêteurs, grâce à la vidéosurveillance, ont vu le visage du suspect de Strasbourg dès mardi soir et l'ont immédiatement identifié. Ils ont alors choisi de diffuser son nom et sa photo dans un appel à témoins mercredi en fin de journée.
[#AppelàTémoins] La #Police judiciaire recherche l'individu suspecté d'être le tireur du marché de Noël de #Strasbourg. #AidezNous
— Police nationale (@PoliceNationale) December 12, 2018
⚠ Attention, individu dangereux, n’intervenez pas vous-même.
? Contactez le 197 - https://t.co/K2nJHREiwZ pic.twitter.com/zHSNRDkGXC
A Toulouse, les vidéos des caméras de surveillance ne montraient qu'un homme seul, déterminé, assez frêle, habillé de noir, mais surtout porteur d'un casque de moto qui cachait son visage, ce qui ne permettait pas de l'identifier.
Les enquêteurs avaient donc travaillé sur plusieurs pistes, notamment celle de l'ultra-droite après le meurtre des militaires de Montauban. Les services de renseignement établissent une liste de suspect, assez large, dès le 15 mars 2012 au soir, c'est à dire juste après l'attaque de Montauban.
Merah figure déjà sur cette liste, comme l'a révélé l'ancien patron des renseignements toulousains lors du procès d'Abdelkader Merah en octobre 2017. Mais la liste est longue et les enquêteurs privilégient toujours la thèse de l'extrême-droite violente.
Ce n'est qu'après l'attentat de l'école juive, le lundi 19 mars, qu'ils ont la conviction que l'auteur peut être un radicalisé islamiste. Les frères Merah sont alors placés sous surveillance. L'assaut sur le domicile de Mohamed Merah ne sera lancé que dans la nuit du 20 au 21 mars. Avec les suites que l'on connaît.
A Strasbourg, les enquêteurs disposant rapidement de l'identité du tireur ont pu perquisitionner son domicile, placer ses proches en garde à vue et les interroger. Un travail sans relâche pour tenter de retrouver le terroriste. D'autant qu'il semble avoir été blessé lors de l'accrochage mardi soir avec des militaires de l'opération Sentinelle.