La victoire arrachée en cinq sets par Richard Gasquet sur David Ferrer, mercredi, en quarts de finale de l'US Open, a suscité l'enthousiasme et les éloges autour du Français, notamment sur la manière dont il a dominé le 4e mondial. En demi-finale, samedi, il affrontera Rafaël Nadal.
Le Biterrois, annoncé comme un futur grand dès son plus jeune âge, a souvent été critiqué durant sa carrière pour son incapacité à exprimer davantage son immense talent, pour sa condition physique jugée un peu juste pour le très haut niveau ou encore pour cette légère tendance à baisser les bras dans l'adversité.
Mais la façon dont il a battu l'Espagnol Ferrer, une de ses bêtes noires, deux jours après avoir remporté de belle manière un marathon face au Canadien Milos Raonic, ne lui a attiré que des louanges de la part d'observateurs interrogés à Flushing Meadows.
Richard Gasquet sous une pluie d'éloges
"Moi je dis chapeau !", s'est enthousiasmé Arnaud Clément, le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, qui aimerait sûrement voir le Biterrois livrer ce genre de partie un jour dans la compétition par équipes. "Dans le dernier set, il a réussi à s'accrocher et à prendre le dessus en étant agressif et en venant chercher les points, en restant costaud jusqu'à son dernier jeu de service."
Le son de cloche était le même chez Cédric Pioline, le seul Français à avoir atteint le dernier carré à l'US Open (finale en 1993, demi-finale en 1999) dans l'ère Open avant Gasquet.
"+Attraper+ (sic) un joueur comme Ferrer en cinq sets, il faut dire respect, a souligné Pioline. Cela fait plaisir de retrouver un Richard qui, en 8e de finale contre Raonic et de nouveau en quarts contre Ferrer, a montré beaucoup plus de caractère et qui est beaucoup plus allé chercher son match. Bravo !"
La leçon Wawrinka
Le nouveau responsable du haut niveau masculin à la Fédération Française (FFT), Eric Winogradsky, y est lui aussi allé de son analyse flatteuse.
"On est tous vraiment content parce que battre Ferrer en cinq sets, à la régulière, dans un combat très éprouvant, ça va faire beaucoup de bien à Richard et lui donner encore plus confiance pour la suite, quand il aura à aborder ce genre de matches.
Là où Richard peut vraiment être fier de lui, c'est que dans la difficulté, quand il lui a vraiment fallu aller chercher le match au début du cinquième set, il a trouvé la lucidité et les ressources nécessaires."
Co-entraîneur du Français avec Sébastien Grosjean (qui n'est pas à New York), Riccardo Piatti a estimé que la défaite de son élève en 8e de Roland-Garros face au Suisse Stanislas Wawrinka après avoir mené deux sets à zéro lui a beaucoup servi.
"Cette fois dans le dernier set, il était prêt et j'en suis vraiment content, a expliqué Piatti. Il a fait confiance à ses qualités et à son jeu."
Tout nouveau membre de l'équipe du N.1 mondial Novak Djokovic en tant que consultant et ancien entraîneur d'Ivan Lendl, le Polonais Wojtek Fibak a regardé la rencontre en observateur avisé.
"C'était héroïque, a jugé Fibak, parce qu'après avoir joué un match long contre Raonic, tout le monde pensait que Richard allait craquer. En plus, il mérite. Il a perdu deux matches très serrés cette année contre Wawrinka (à Roland Garros) et contre Bernard Tomic (à Wimbledon) et maintenant ça tourne. C'est bien pour le tennis parce que Federer en train de perdre avec son jeu à une main mais que Richard gagne avec ce beau jeu et ce style magnifique. C'est magique."
Réaction de Richard Gasquet après sa victoire contre Ferrer
"Si on m'avait dit ça il y a quinze jours, j'aurais signé".
"C'est sans doute l'une de mes plus belles victoires", a estimé le Français de 27 ans, qui jouera sa deuxième demi-finale de Grand Chelem après celle à Wimbledon en 2007, un exploit qui l'avait alors propulsé à 21 ans à son meilleur classement en carrière (7e mondial).
Q: Quel est votre sentiment après cette belle victoire ?
R: "C'est fabuleux. Je savais que ce cinquième set était l'un des sets les plus importants de ma vie car entre faire quart de finale et faire demi-finale, ça n'a rien à voir. J'ai commencé magnifiquement le match, je sentais que j'étais vraiment en confiance, surtout côté revers où ça partait vraiment très, très bien. Lui a en plus fait quelques erreurs, ce qui fait que j'ai mené deux sets à zéro assez rapidement. Mais je savais que David est un guerrier, qu'il allait se battre sur tout. J'étais sûr que le troisième set serait dur. J'ai commencé à prendre l'eau mais j'ai vraiment fait un gros cinquième set. Finir comme ça, c'est fabuleux.C'était vraiment un match énorme. On ne peut pas dire que je n'ai pas eu des hauts et des bas dans ma carrière alors je savoure ce moment-là, je sais qu'il faut en profiter. C'est sans doute l'une de mes plus belles victoires."
Q: Que représente cette demi-finale en Grand Chelem, six ans après la première ?
R: "J'espère que je n'attendrai pas six ans pour refaire une autre demi-finale, car je ne jouerai certainement plus au tennis (dans six ans). Cela m'a semblé long, même très long. Je suis fier d'y revenir. C'est beau de gagner des tournois (ATP) mais une demi de Grand Chelem, c'est quand même autre chose, c'est beaucoup plus fort. Battre des +gros+ (des grands joueurs) en cinq sets en Grand Chelem, c'est le plus beau résultat qu'on peut avoir en tennis."Q: Maintenant, c'est Rafael Nadal...
R: "Ce sera très difficile, c'est un joueur incroyable avec une puissance de frappe phénoménale. Ce sera lui le favori. Il est assez monstrueux, même sur dur. Même si c'est mieux de l'affronter sur dur que sur terre battue. C'est un vrai bonheur pour moi de le jouer en demi-finale du tournoi. Si on m'avait dit ça il y a quinze jours, j'aurais signé."Q: Quel souvenir gardez-vous de votre demi-finale de Wimbledon en 2007 ?
R: "J'étais cuit, j'avais fini à 20h00 la veille (en quart de finale contre Andy Roddick) pour jouer à midi le lendemain (contre Roger Federer). Physiquement et mentalement, j'avais très, très peu de chance de battre Federer. Là je suis fatigué après deux gros combats en cinq sets (contre Milos Raonic en 8e de finale puis Ferrer) mais je ne joue pas le lendemain, ça change tout. Samedi je serai frais."Propos recueillis en conférence de presse par AFP