Au procès en assises des complices de Mohamed Merah, cette neuvième journée ce jeudi a tourné autour du vol du scooter qui a servi au terroriste. Abdelkader Merah a désigné à l’audience Walid Larbi Bey (décédé) comme le “troisième homme”
Avant de témoigner à la barre, le propriétaire du scooter Yamaha TMax 530, tient d’abord à faire connaître sa compassion pour les victimes. Ce retraité toulousain explique ensuite, un peu désolé, comment le puissant deux-roues lui a été dérobé dans la journée du 6 mars 2012, cinq jours avant le premier assassinat.
Un homme “a bondi” semblant être “aux aguets”
Avec sa femme il venait de récupérer leur voiture dans un garage automobile de la zone de Fondeyre au nord de Toulouse. Son épouse est repartie avec la voiture et lui a rejoint son scooter, où il insère la clé de contact. C’est à ce moment qu’il retourne à l’intérieur du garage, car il a oublié sa facture.Il voit alors “bondir un homme” qui s’empare de son scooter sur lequel les clés sont restées. Pour le retraité, le voleur “faisait le guet” et s’est emparé de l’engin en quelques secondes.
Défense et accusation se sont disputées ce jeudi au sujet de ce vol : était-il spontané comme l’a affirmé Abdelkader qui dit que son frère a vu les clés en passant et lui a demandé d’arrêter sa voiture, ou bien prémédité, le propriétaire ayant par exemple été suivi ?
Les questions insistantes de Mohamed Merah, seul, sur le tracker
Il a ensuite été longuement question du tracker du scooter, tous les Yamaha TMax 530 ayant de série cet équipement qui, activé à distance en cas de vol, permet en théorie de géolocaliser le scooter.
La question est de savoir quand Mohamed Merah est venu à la boutique toulousaine Yam 31 se renseigner sur la manière de désactiver ce tracker. Plusieurs employés de la boutique sont venus témoigner ce jeudi.
Il est certain que c’est bien Mohamed Merah qui est venu se renseigner à ce sujet, de manière insistante selon les témoins. Mais cela s’est-il déroulé avant ou après le vol du scooter qui a eu lieu le 6 mars à 16h45 ? Les témoins du magasin Yam 31 décrivent des habits de Merah différents de ceux décrits par le propriétaire du scooter le jour du vol.
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Les témoins ont aussi indiqué qu’à ce moment-là Mohamed Merah était seul, corroborant les déclarations d’Abdelkader Merah qui a redit ce jeudi ne pas avoir été présent à ce moment-là.
Abdelakader achète le blouson de moto
Un autre témoin, vendeuse chez l’accessoiriste moto Maxess aux 7 Deniers, a aussi raconté l’achat du blouson de moto, qui va servir à Merah lors de son équipée. C’est Mohamed Merah qui fait les essais du blouson “discret” de taille S, en présence d’Abdelkader et d’un troisième homme qu’elle n’a pas identifié.Au moment de payer, il décline son identité pour créer une fiche client puis finalement se retourne sur son frère qui est déjà inscrit dans le magasin et qui paye le blouson en liquide. La facture établie à 18h04 ce 6 mars, soit un peu plus d’1h20 après le vol du scooter.
Abdelkader Merah désigne Larbi Bey comme le “troisième homme"
Pendant l’enquête Abdelkader Merah a changé de version sur l'identité du 3ème homme étant présent le jour du vol : refusant de donner le nom du 3ème homme puis désignant Walid Larbi Bey, un malfrat tué en août 2014 à Beauzelle dans le cadre de la série de règlements de comptes qui a eu lieu dans la région toulousaine.Selon Abdelkader Merah, Mohamed Mounir Meskine était avec les deux frères en début d’après-midi, pour établir un devis pour réparation d’une moto mais pas lors du vol du scooter et de l’achat du blouson.
Ce jeudi, il a de nouveau désigné Larbi Bey comme le “troisième homme”. Pourquoi maintenant ? Il dit ne pas avoir voulu lui causer de problème. Mais l’homme est mort deux ans après les tueries de Merah.
Comme l’a souligné Maître Simon Cohen, des parties civiles, c’était pourtant le seul à pouvoir confirmer les propos d’Abdelkader Merah sur la manière dont s’est déroulé le vol du scooter. Suite de l'interrogatoire d'Abdelkader Merah à ce sujet vendredi 13 octobre.