Le groupe Mediapro, un géant du secteur présent dans le cinéma, la télévision, la presse écrite et la gestion des droits audiovisuels en Espagne, au Portugal et au Qatar est-il en train de s'intéresser aux toros ? Son propriétaire, Jaumes Roures, vient de fonder une nouvelle compagnie dans ce but.
Movistar Toros, la chaîne espagnole à péage spécialisée dans la retransmission des corridas en direct, disposait jusqu'à cette année d'une sorte de monopole de fait dans ce domaine. L'émergence d'un nouvel acteur dans le secteur, Tauro Broadcast, pourrait bien changer la donne. Tauro Broadcast est dirigée par Javier Tebas Llanas et Jaumes Roures, les deux grands manitous des droits du foot!À moins que tout ceci ne soit qu'une simple opération de commerce visant à remplacer l'actuel propriétaire de Movistar Toros par un autre…
Voici l'anlayse du site taurin Taurología.
Alors que les patrons de Telefónica n'ont toujours pris aucune décision quant à la prolongation en 2017 de la chaîne à péage Movistar Toros, voici qu'apparaît à l'horizon une nouvelle compagnie du nom de Tauro Broadcast qui se dit intéressée par l'acquisition des droits audiovisuels de la tauromachie.
L'opération s'annonce particulièrement compliquée, surtout s'il s'agit de reproduire le modèle du football espagnol qui a fait la fortune des actionnaires de l'agence Mediapro tout en assurant la survie financière de nombreux clubs professionnels. L'économie du foot et celle des toros sont radicalement différentes, ne serait-ce que par l'audience potentielle de ces deux activités.
La nouvelle société a été formée par Javier Tebas Llanas, fils de l'actuel directeur exécutif de la Ligue Professionnelle de Football espagnole, et par Jaume Roures, propriétaire fondateur de Mediapro et détenteur en Espagne des droits du sport roi. Une affaire extrêmement rentable, car Mediapro a cédé à bon prix une partie de ces droits à… Movistar TV, permettant du même coup à bon nombre de clubs d'équilibrer leur budget.
Tauro Broadcast a annoncé avoir l'intention de se porter acquéreur des droits d'image des principaux toreros, des élevages et des organisateurs de spectacles, pour ensuite reproduire la même opération que pour le football : les revendre aux télévisions. De fait, selon certaines sources, les négociations avec les détenteurs actuels de ces droits audiovisuels ont déjà été entamées, avant même le début de la saison 2017.
On ne sait pas encore dans quelle mesure cette initiative peut prospérer. NI en quoi elle peut affecter Movistar Toros, alors même que ni Telefónica, ni sa filiale Movistar TV n'ont pris de décision définitive au sujet de la saison 2017 après le départ de l'animateur Manolo Molés.
Les rumeurs vont bon train, mais rien ne transpire des mesures qui semblent être actuellement à l'étude chez Movistar TV dont la structure dirigeante a été de toute façon remaniée après le départ du président de la société, Luis Blasco.
Mais quel que soit l'avenir de la nouvelle société, une chose est d'ores et déjà sûre. En matière de droits audiovisuels, le monde du football n'a rien à voir avec la planète des toros. Ni sur le plan de la dimension économique, ni sur celui de la singularité des protagonistes.
Imaginer pouvoir financer à hauteur de 70%, comme c'est le cas pour beaucoup d'équipes de foot, les spectacles taurins et tous leurs participants est tout simplement une utopie.
Tout d'abord, parce que dans le monde de la tauromachie il n'existe pas de Ligue Professionnelle qui gèrerait les intérêts de tous; mais aussi parce qu'il est impensable aujourd'hui qu'un annonceur investisse une forte somme pour sponsoriser la temporada taurine comme c'est le cas dans le football.
Et y a encore d'autres différences. La majorité des arènes sont la propriété d'institutions publiques ou privées, et non pas des empresas qui les exploitent. Or ces propriétaires auraient toute légitimité à réclamer leur part de droits. Dans le football espagnol au contraire, les clubs sont le plus souvent propriétaires de leurs installations.
Mais le plus important, il faut le souligner, c'est la désunion des divers secteurs professionnels de la corrida. Et chaque profession elle même est subdivisée, aucune n'ayant à sa tête une direction susceptible de négocier au nom de tous. Ce qui prédomine, c'est l'individualisme.
Cette réalité nous éloigne encore plus du football où, en fin de compte, il suffit de trouver un accord avec la Ligue Professionnelle, à la rigueur avec la Fédération. Tous les enjeux ont été au préalable réglés en interne.
Et last but not least, il ne faut pas oublier le profond désintérêt des chaînes de télévison généralistes, qu'elles soient publiques ou privées, pour la tauromachie !
En conclusion, il semble difficile de construire dans l'univers tauromachique un empire médiatique et économique comparable a celui que Jaume Roures dirige dans le football. On est encore loin d'être en position de marquer ce que les commentateurs de foot appellent un golazo.