La pollution atmosphérique a un coût. C’est ce que révèle une étude réalisée par l’Agence européenne de santé publique. 67 grandes villes françaises ont été passées au crible dont Paris et Melun en Île-de-France.
La pollution coûte cher : 1602 euros par habitants dans la capitale, 1015 euros à Melun en Seine-et-Marne contre 600 euros à Rennes ou 645 euros à Orléans.
Cette étude comparative du coût financier de la pollution atmosphérique est une première. Elle a été réalisée par l’Alliance europénne de santé publique (EPHA) qui a mesuré les taux de particules (PM), le dioxyde d’azote (NO₂) et l’ozone (O₃) dans 432 villes européennes. En France, la qualité de l'air a été mesurée dans 67 villes.
"Ce coût a été calculé en fonction de plusieurs critères", explique Olivier Blond, le directeur de l’association Respire qui relaye cette étude en France, "le coût prend en compte la valeur monétaire des gens morts prématurément, la richesse qu’ils n’ont pas pu produire en raison de leur décès. Il est également calculé sur le montant des dépenses des traitements médicaux liées à des infections respiratoires par exemple et sur les journées de travail perdues", détaille t-il.
Principaux enseignements de cette étude
►L’étude révèle que la pollution est liée à la richesse économique d’une ville. "Plus une ville est riche, plus elle pollue, commente le directeur de l’association Respire. "Un mort riche coûte plus cher qu’un mort pauvre en terme de pollution selon les critères de l' étude, cela peut paraître ironique mais c'est ainsi", poursuit Olivier Blond.►Les transports demeurent la source principale de la pollution de l’air. L’étude montre ainsi "qu’une augmentation de 1% des déplacements domicile-travail accroit le coût des émissions de PM10 de 0.29% et ceux de NO2 0.54%.. Une augmentation du nombre de véhicules dans une ville accroit de 0,5 les couts généraux de 0,5 %".
Les particules participent aux coût à hauteur de 82% des coûts, suivi du dioxyde d’azote avec 15%, puis par l’ozone avec 2.5%.
►Autre enseignement : être éloigné des grands centres urbains ne protège pas totalement de la pollution. Elle coûte presque aussi cher à Melun en Seine-et-Marne avec 1015 euros par habitant qu' à Paris avec 1602 euros. Le docteur Gilles Dixsaut, le président du Comité francilien contre les maladies respiratoires explique ce différentiel par "les activités agricoles qui génèrent également de la pollution induisant des coûts".
Objectifs de cette étude
“Notre étude révèle combien un air toxique est nuisible à la santé. [...] La situation peut être améliorée par des politiques publiques en matière de transports et les villes peuvent réduire les coûts en encourageant les mobilités non polluantes. Les gouvernements et l’Union européenne devraient garder à l’esprit ces coûts afin de soutenir les développements post Covid-19, ” commente le secrétaire géneral de l’EPHA, Sascha Marschang, alertant les gouvernements et les collectivités sur la nécessité de réduire les déplacements avec des moteurs thermiques et à encourager la transition vers des mobilités plus durables comme la marche, le vélo et les véhicules électriques.Pour Olivier Blond, l’objectif de cette étude est "d’inciter les décideurs à agir contre la pollution et de leur faire comprendre que les investissements nécessaires pour lutter contre ce fléau ne sont pas faits à perte. Ce qui est donné d'un côté est récupéré de l'autre. Elle permet également aux collectivités locales de prendre des décisions et faire les bons choix en terme d'aménagement", ajoute-t-il. Il rappelle que la Cour des comptes, dans son dernier rapport de septembre 2020, invite à évaluer le coût économique de la pollution de l’air.Les investissements nécessaires pour lutter contre le fléau de la pollution ne sont pas faits à perte.
La pollution de l'air tue entre 48 000 et 76000 personnes par an en France
La pollution de l’air est la cause principale de mortalité liée à l’environnement en Europe, selon l'agence européenne de l'environnement (EEA). Elle cause entre 48 et 76 000 morts par an en France chaque année et coûterait en moyenne 1000 euros par habitant en France. Un montant sous-estimé pour Gilles Dixsaut. "L'étude n'a analysé que certaines pathologies respiratoires et ses coûts associés. Ce montant est sous estimé", alerte-t-il. "L'étude s'est focalisée sur les maladies respiratoires qui atteignent les poumons mais la pollution atmosphérique moderne atteint la circulation sanguine et donc tous les organes. Le diabète, les maladies neurodégénératives par exemple n'ont pas été analysées, ni les retards du dévéloppement intra-utérin, les avortements spontanés ou les retards de développement chezl'enfant, par exemple", poursuit-il.Le monde politique se satisfait de mesurettes.
Gilles Dixsaut souligne l'inaction des pouvoirs publics. "Les effets de la pollution sur la santé sont connus. Le problème est de savoir ce que l'on fait. Le constat est que l'on ne fait pas grand chose. Les mesures que l'on prend sont des mesurettes et ce n'est pas cela qui va améliorer la situation. Il faudrait une prise de conscience beaucoup plus globale", dénonce-t-il
Cette étude comparative du coût de la pollution est à retrouver sur le site de l'Agence européenne de santé publique.