Chaque jour, durant le salon, nous donnons la parole à un(e) représentant(e) du monde agricole. Éleveur ou céréalier, maraîcher ou étudiante agronome, apicultrice ou président de chambre d'agriculture, ils viennent de différentes régions de France...
Et ils ont carte blanche !


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Rencontre avec Michèle Guérard, une apicultrice installée à Port d’Atelier en Haute-Saône
 

Comme chaque samedi, elle tient son stand à l’entrée des halles couvertes de Vesoul en Haute-Saône. Un pot de miel crémeux par ci, un peu d’acacia par là, elle sourit aux clients, habitués ou curieux. Pourtant, l’heure n’est pas à la fête et pour cause : les abeilles disparaissent et le miel français avec elles. "Même les gens autour de chez moi me le disent : on ne voit plus vos petites bêtes, qu’est-ce qui se passe ?"
 
Depuis plusieurs années, les abeilles sont victimes d’empoisonnement aux pesticides, insecticides et autres fongicides utilisés dans l’agriculture tout comme, dans une moindre mesure, dans les jardins privés. C’est une préoccupation de toute la profession, comme l’illustre cette note intitulée Les abeilles, des alliées pour nos cultures : protégeons-les !
Par ailleurs, on trouve moins de prairies fleuries, moins de haies dans les campagnes. Ce sont autant de garde-manger de qualité dans lesquels l’abeille et de nombreux insectes pollenisateurs ne peuvent plus se ravitailler. Les grandes cultures sont passées par là. En 2011, les 300 ruches de Michèle Guérard avaient produit 9 tonnes de miel. Le contraste est saisissant quand on se penche sur les chiffres de 2012 : 2,1 tonnes de miel produites, "et de moins bonne qualité", précise l’apicultrice haut-saônoise. La production a souffert des intempéries, de gelées à l’Ascension notamment. Les quatre miels (du printemps, d’acacia, de tilleul et de fleurs) ont successivement été de mauvaise qualité. "Je n’avais jamais vu ça, les anciens non plus, vous savez."
Selon Michèle, plusieurs apiculteurs baissent les bras car il n’y a pas que la météo qui joue sur les performances des abeilles et le moral de l’apicultrice.
 

Autre source de préoccupation : le varroa destructor, qui parasite les abeilles et s’attaque à leurs défenses immunitaires. Bien connu des spécialistes, cet acarien serait, selon Michèle Guérard, de plus en plus résistant aux traitements jusqu’ici utilisés. "J’ai 61 ans, je ne sais pas si je vais continuer. Vous savez, voir une abeille arriver à la ruche, et tomber raide morte juste devant, c’est triste. Au début, on s’est remis en question en essayant de voir si on faisait quelque chose de mal. Mais non, ça ne dépend pas de nous, c’est partout pareil."

Des remèdes, par petites touches

Au chapitre des solutions, Michèle Guérard aimerait que soient réintroduits et privilégiés des essaims d’abeille adaptés à nos latitudes, à nos biotopes, ce qui leur permettrait de survivre aux hivers tout en assurant une bonne production. Elle aimerait aussi responsabiliser tous les utilisateurs de produits phytosanitaires, "de l’agriculteur professionnel au jardinier amateur, il faut traiter à bon escient, respecter les étiquettes et les dosages", afin de ne plus empoisonner les abeilles et insectes pollinisateurs. 
 
Si, la France produisait encore 25 500 tonnes de miel en 2004, elle n'en produisait plus que 18 326 tonnes en 2010 alors que dans le même temps, les importations s'envolaient : un peu plus de 17 000 tonnes en 2004 contre 25 395 tonnes importées en 2010, selon les chiffres de l'audit Protéis 2012 et audit GEM de la filière apicole 2004, cité par le ministère de l'Agriculture.
En ce début du mois de février, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, présentait un plan de développement durable de l’apiculture pour la période 2013-2015. Ce qu’en retient Michèle : "soutenir les jeunes dans la formation et l’installation, c’est très bien... Mais je ne sais pas si avec ce plan, on pourra sauver les abeilles." 
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