La commission théologique de la Mosquée de Paris a finalement annoncé que le ramadan commencera mercredi 10 juillet,désavouant le Conseil français du culte musulman qui avait choisi la date du mardi 9 juillet.
Le premier jour du jeûne est fixé à mercredi 10 juillet, "la vision de la nouvelle lune s'étant avérée impossible à établir ni en France ni dans les pays musulmans" dans la nuit de lundi à mardi, explique la commission théologique dans un communiqué.
L'ouverture du ramadan, traditionnellement, est définie par l'apparition de la lune, qui doit être visible. Cette tradition engendre fréquemment, selon les années et les lieux, des controverses sur le moment exact du début du ramadan, qui n'est pas forcément exactement le même à l'heure près, selon les pays.
Cette année, pour tenter de simplifier, de "rationaliser" la chose, notamment pour permettre aux français musulmans de faire une demande de congés pour la période, le Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance chargée de représenter les musulmans de France, avait annoncé, début mai, que la date du ramadan serait fixée d'office au mardi 9 juillet.
Mais, lundi soir, l'ambiance était à la confusion à la Grande Mosquée de Paris, autorité morale historique des musulmans de France. "Les mosquées nous ont appelé jusqu'à 01h00 du matin, les imams étaient dans le désarroi" a expliqué Djelloul Seddiki, responsable de la commission théologique de la Mosquée de Paris. Traditionnellement, les croyants se rassemblent et scrutent le ciel lors de la "nuit du doute", la veille du début du ramadan.
Tenter de moderniser la méthode
Malgré le trouble et la décision de l'Arabie Saoudite et de plusieurs pays arabes de commencer le ramadan mercredi, le CFCM a maintenu sa position lundi soir, en réaffirmant que le ramadan commencerait officiellement en France mardi. Le CFCM abandonnait cette année pour la première fois la méthode d'observation empirique en espérant "moderniser" la tradition pour l'adapter aux impératifs de fonctionnement de la société. Une tentative qui se déroule aussi sur un fond historique de divergences de points de vue au sein même du monde musulman et de rivalités dans les instances de représentation des musulmans de France.
"Le calcul en théorie n'était pas faux, mais nous n'avons pas pris en compte la dimension communautaire, la communauté a décidé qu'elle suivait les pays musulmans", s'est défendu mardi Dalil Boubakeur, président du CFCM. Pour lui, que les fidèles commencent le ramadan mardi ou mercredi, "les deux positions sont légales".
"C'est une leçon", a tout de même reconnu M. Boubakeur, également responsable de la Grande Mosquée de Paris. "Le CFCM devra être conscient de cette difficulté, que l'avis de la communauté compte autant que l'avis scientifique". "L'année prochaine, nous nous y prendrons autrement, le CFCM devra déployer beaucoup de pédagogie".