La traque aux particules fines passe par le Ballon de Paris

Attraction de l'ouest de la capitale, le Ballon de Paris n'emporte pas que des touristes : il abrite en permanence un appareil aussi discret que novateur, qui permet d'étudier les poussières les plus microscopiques, une des principales sources de pollution de l'air.

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"Il y a des travaux solides sur les particules inférieures à 10 micromètres (PM10) et à 2,5 micromètres (PM2,5), mais pour celles (qui sont) encore plus fines, en dessous d'un micromètre, ce n'est pas le cas", explique à l'AFP Jean-Baptiste Renard, chercheur au CNRS/LPC2E et responsable du dispositif à bord de l'aéronef depuis le printemps 2013.

Or, ces particules ultrafines sont aussi les plus nombreuses : elles sont entre 10.000 et 100.000 par litre d'air, et 100 à 1.000 fois plus lors des pics de pollution. D'où la nécessité de mieux les connaître. Ce que permet une petite boîte blanche fixée sur l'extérieur de la nacelle du ballon gonflé à l'hélium et relié au sol du parc André Citroën (XVe) par un câble. Grâce à un faisceau laser, le "Light optical aerosol counter" (LOAC) peut compter les microparticules et les caractériser (carbone, composés carbonés, minéraux).

"Le but est de connaître leur répartition verticale et de savoir comment elles se déplacent", précise le spécialiste des aérosols. "Nous sommes très en amont d'une réglementation", fait-il remarquer. Outre les performances du LOAC, le dispositif se distingue par la continuité dans le temps des relevés et le fait de pouvoir les effectuer sur une bande de 0 à 150 mètres du sol, ajoute Jean-Baptiste Renard. 

Depuis 2008, le Ballon de Paris, qui transporte environ 60.000 passagers par an, est déjà devenu "un support pour indiquer la qualité de l'air en temps réel", explique le patron de la société Aérophile, Jérôme Giacomoni, grâce à un partenariat avec la mairie de Paris et Airparif.

Vers des zones à circulation restreinte

Grâce à seize capteurs d'Airparif disséminés dans la capitale, les niveaux de concentration en particules PM10, ozone, dioxyde d'azote et dioxyde de soufre sont relevés et servent à calculer deux indices de pollution : l'un près du trafic, l'autre à distance. "Ces deux indices se retrouvent sur le Ballon de Paris, matérialisés par des voitures et des monuments qui changent de couleur (vert, jaune, orange, rouge) en fonction de la qualité de l'air", poursuit l'exploitant du Ballon de Paris.

L'indice de la pollution près du trafic est rarement vert, mis à part la nuit. Une situation qui reflète la qualité dégradée de l'air dans l'agglomération et le long des grands axes routiers de toute la région. En 2013, plus de 3 millions de Franciliens ont été exposés à des niveaux de PM10, de PM2,5 et de dioxyde d'azote excédant la réglementation, souligne Airparif. 

Le niveau d'ozone est aussi jugé trop élevé, mais ne répond pas à des normes contraignantes. Les particules, qui affectent les systèmes respiratoire et cardiovasculaire, ont été à l'origine de la plupart des procédures d'information et d'alerte en Ile-de-France en 2013 (33 des 36 journées), déclenchées lorsque la moyenne horaire de la concentration dépassent certains seuils.

Ces micropoussières sont émises par le chauffage au fioul et au bois, les transports, l'industrie et l'agriculture, selon une répartition qui varie en fonction des zones (urbaines, péri-urbaines, rurales). En milieu urbain, le trafic routier est la principale source d'émission. Favorisé par des conditions anticycloniques, un fort épisode de pollution aux particules a touché mi-mars une bonne partie de la France et conduit les autorités à instaurer une journée de circulation alternée en Ile-de-France.

Pour agir de manière préventive, le projet de loi sur la transition énergétique prévoit la possibilité de créer des zones à circulation restreinte pour les véhicules les plus polluants, au premier rang desquels figurent les vieux Diesel, et des primes à l'achat de véhicules moins polluants devraient aussi être majorées, sous certaines conditions.

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