Les familles du jihadiste Amedy Coulibaly et du policier tué Ahmed Merabet se sont rejointes samedi dans un appel, chacune de leur côté, à refuser tout "amalgame" entre les attentats et la religion musulmane.
Entre mercredi et vendredi, trois jihadistes, Français musulmans, issus de familles immigrées, et passés à l'islamisme radical, ont tué dix-sept personnes dans des attaques à Paris et à Montrouge, visant un journal, une policière et les clients d'un supermarché juif.
"Je m'adresse à tous les racistes, islamophobes et antisémites: arrêtez de faire des amalgames, de déclencher des guerres, de brûler des mosquées ou des synagogues", a lancé Malek Merabet, frère du policier tué mercredi lors de l'attaque contre Charlie Hebdo, au cours d'une conférence de presse à Livry Gargan (Seine-Saint-Denis). "Vous vous attaquez aux gens, ça ne nous ramènera pas nos morts et ça n'apaisera pas nos familles", a-t-il ajouté, appelant à ne pas confondre les "extrémistes et les musulmans".
>> Voir l'appel à la paix du frère d'Ahmed Merabet, policier victime des frères Kouachi
##fr3r_https_disabled##Quelques heures plus tard, la mère et les soeurs d'Amedy Coulibaly, le jihadiste tué vendredi par les policiers lors de l'assaut contre le supermarché casher du cours de Vincennes à Paris où il retenait des otages, lancent un appel similaire. "Moi, la mère d'Amedy Coulibaly et toutes mes filles présentons nos sincères condoléances aux familles des victimes de la boutique Hyper Cacher, à la famille de la policière municipale de Montrouge, ainsi qu'aux victimes de Charlie Hebdo", ont-elles écrit."Nous condamnons ces actes. Nous ne partageons absolument pas ces idées extrêmes. Nous espérons qu'il n'y aura pas d'amalgame entre ces actes odieux et la religion musulmane", ont-elles affirmé dans un communiqué.
'Musulmans oppressés'
Amedy Coulibaly agissait en coordination avec Saïd et Chérif Kouachi, qui ont mené en criant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand, en arabe) l'attaque contre Charlie Hebdo. Les deux frères ont tué douze personnes, dont Ahmed Merabet, dans cette attaque.
Le policier d'origine algérienne, âgé de 40 ans, travaillait au commissariat du XIe arrondissement, le quartier où se trouvait le siège du journal satirique. Il avait cinq frères et soeurs et venait de réussir le concours d'officier de police judiciaire.
D'origine malienne, Amedy Coulibaly, 32 ans, avait neuf soeurs. Délinquant qui a basculé dans l'islam radical en prison, il a revendiqué appartenir à l'Etat islamique, vendredi, deux heures avant sa mort. "Je demande que l'armée (française, ndlr) se retire de tous les endroits où elle est partie combattre l'Islam", a-t-il expliqué, avant de préciser avoir visé des juifs en agissant "pour tous les endroits où les musulmans sont oppressés", dont la Palestine.
Alors que la France s'interroge régulièrement sur ses rapports avec l'islam, qui compte de 3,5 à 5 millions de fidèles dans le pays, de nombreuses personnalités, dont les représentants de la religion musulmane, avaient déjà appelé à ne pas entrer dans le jeu des jihadistes en mêlant dans une même réprobation terroristes et musulmans.
Depuis mercredi, près d'une vingtaines d'actes criminels ont visé des lieux de culte musulmans ou des établissements fréquentés par des musulmans dans toute la France.
Un sondage Ifop publié samedi révèle que l'islam "représente une menace" pour 29% des Français, même si 66% rejettent l'amalgame entre "les musulmans qui vivent paisiblement en France" et les islamistes radicaux. "Nos compatriotes musulmans ont peur aujourd'hui", a reconnu vendredi le Premier ministre Manuel Valls, qui a souligné samedi que la France "n'est pas en guerre contre une religion" mais "contre le terrorisme, le jihadisme, l'islamisme radical".