Les jeunes prêts à assurer la relève du monde agricole, mais pas uniquement en tant qu'agriculteur

Rencontrés dans les allées et les stands du Salon International 2015, les acteurs de l'avenir de l'agriculture française sont tous passionnés et se préparent à exercer un métier bien différent de celui de leurs aînés

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Par la passion du cheval


Léa, Louise et Alexandre ont un point commun : leurs parents ne sont pas dans le monde agricole. Pourtant ils se préparent à devenir agriculteurs, quelque part dans l'Ouest de la France, là ils pourront s'installer… Au départ, passionnés par les chevaux, ils ont fait le choix d'aller dans un lycée spécialisé (à Saint-Hilaire du Harcouët dans la Manche), pour passer un bac équin. Un choc. Pour Louise, la parisienne, et ses deux camarades normands, il a fallu découvrir la réalité : exploiter une écurie et vivre de son métier dans le monde du cheval n'est pas viable économiquement.

Alors ils ont décidé de poursuivre leurs études vers un BTS pour devenir chef d'exploitation agricole avec des bovins. Avec l'idée d'avoir le temps voulu, un "atelier cheval", mais rien que pour le plaisir !


Des milliers d'emplois à pourvoir


"Le monde agricole ne se résume pas qu'au métier d'agriculteur". C'est ce que répète inlassablement Véronique Tête aux parents venus avec leurs enfants collégiens ou lycéens sur le stand de l'enseignement agricole privé. En tirant parti de l'attirance pour le contact avec les animaux, l'orientation vers les métiers du monde agricole permet de "remettre au travail et de redonner l'envie de se battre à des milliers de jeunes  qui connaissent des difficultés scolaires.

Préparer un brevet, puis un bac pro (et pour certains un BTS) permet de se lancer dans des dizaines de métiers en rapport avec la nature. Des formations  (nombreuses) qui souffrent encore d'un déficit de notoriété (voir vidéo en bas de page), alors que des milliers de postes sont à pourvoir…


"Mon père ne voulait pas que je reprenne la ferme"


L'air grave, Bastien exprime toute sa détermination quand il explique avoir tenu tête à son père. L'enjeu : une ferme de 60 hectares située dans le sud de la Haute-Loire. Salaire, qualité de vie, conditions de travail : le père a essayé de convaincre son fils de faire un autre métier. Mais Bastien a tenu bon et voulu que la ferme, dans la famille depuis 7 générations, ne passe pas dans d'autres mains. Il ajoute : "c'est aussi par respect pour ma mère qui exploite un gîte rural". 

Alors pour être prêt à prendre la relève quand son père sera à la retraite, il suit des études au lycée agricole EPLEFPA de la Lozère. Objectif : un BTS, pour les notions de compta (ça aide beaucoup) et pour acquérir des techniques nouvelles par rapport aux pratiques agricoles des parents. Parmi les projets de Bastien : développer le tourisme à la ferme, monter un circuit court de viande bovine avec vente directe, et trouver des aides...


"On nous qualifie parfois de cols blancs de l'agriculture"


C'est un peu l'élite de la formation agricole. Comme les élèves d'autres grandes écoles, Alexis Wigniolle (élève ingénieur) parle avec fierté de son établissement. Il faut tout de même admettre qu'intégrer Agro-Paris-Tech ouvre bien des portes et permet d'imaginer de belles carrières dans des grands groupes agro-alimentaires… Pourtant, c'est bien par passion pour le monde agricole qu'Alexis a fait ce choix. Son objectif : se spécialiser dans l'amélioration de procédés industriels de l'agro-alimentaire.

Passionné d'innovation (mais aussi d'alimentation saine) il reconnaît que les rapports ne sont pas toujours faciles avec les  industriels (peu enclins à changer leurs pratiques). En revanche, même s'ils sont méfiants, le dialogue avec les agriculteurs est prometteur. Selon Alexis, "la compréhension et le dialogue entre nous, ingénieurs, et eux sur le terrain est importante pour l'avenir. Ce sont les agriculteurs qui au final, doivent être les acteurs des solutions et de la mise en pratique des innovations  et des nouvelles techniques". Comme exemples concrets il cite l'utilisation des drones, qui couplée à la localisation GPS des parcelles permet un traitement ciblé et économe des intrants...


"On va faire autrement que nos parents"


Ils sont trois. Bastien et Guillaume, le chapeau sur la tête, et Adrien, un peu en retrait, un peu plus réservé, la tête nue mais tout aussi passionné. Elèves au lycée agricole Gilbert Martin du Neubourg (dans l'Eure) ils incarnent la relève en se préparant à devenir agriculteurs. Plus précisément éleveurs de bovins. Adrien, dont les parents ne sont pas du métier sait que ce sera difficile. Tous les trois partagent la même certitude : ils exerceront leur métier en tenant compte de tous les paramètres actuels de respect de l'environnement et de techniques nouvelles. Avec une toute autre mentalité que celle de leurs aînés, qui en bons normands, préféraient dire "ça marche, donc on continue et on change rien".
Sans même vouloir, ne serait-ce qu'essayer une nouveauté (comme par exemple la semence directe sans labour).
C'est Bastien qui résume cette autre manière de produire : "Avant nos parents apprenaient les noms des marques de produits phytosanitaires. Nous, on ne  regarde pas que les noms, on apprend les substances actives de ces produits, et on tient compte des notices, des dosages et des recommandations !"

Et puis, en chœur, ils précisent qu'ils feront le métier d'agriculteur avec d'autres méthodes que les anciens, pour plus de performances, mais avec d'autres horaires, un autre temps de travail et avec plus de confort.


VIDEO : le clip de présentation de la diversité des métiers agricoles

 

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