C'est une première, un braquage "soft", en douceur, sans arme, sans "grabuge", un "casse"... par internet ! Pourtant, même sans bruit ni arme, le vol est bien réel, le butin n'a rien de virtuel. Un premier inventaire l'estime au moins à 600 000 euros.
Mauboussin, c'est l'un des grands noms de la haute joaillerie française, avec pignon sur la Place Vendôme (jusqu'à 2014. Il vient de déménager pour la rue de la Paix) entre les Van Cleef, Boucheron ou autre Chaumet. En d'autres termes un grand du luxe à la française.Mais Mauboussin, vous connaissez aussi parce que c'est celui, parmi ces grands noms du prestige, qui a choisi de s'afficher en très grand format dans le métro parisien au moment des fêtes de Noël ou pour la Saint-Valentin. Depuis une dizaine d'années, le joailler, racheté par l'homme d'affaire suisse Dominique Frémont, a rajeuni et dynamisé son image. Il s'est repositionné. Désormais, Mauboussin fait de la publicité pour montrer ses bijoux, affiche très ouvertement ses prix et surtout, vend ses bijoux certes dans ses boutiques partout dans le monde, mais aussi sur son site internet. Une véritable révolution dans le monde très fermé, très discret de cette haute joaillerie. Mauboussin, disent les spécialistes du secteur " fait du luxe accessible".
Pourtant aujourd'hui, c'est justement par internet que Mauboussin vient d'être victime d'un braquage d'un nouveau genre, un braquage en douceur estimé pour l'instant au moins à 600 000 euros.
Selon nos confrères du Parisien, c'est lors de l'inventaire de début d'année, que le joailler s'est rendu compte qu'il manquait des bijoux. Pourtant aucune effraction n'avait eu lieu. Tout était intact et personne ne s'était rendu compte de quoi que ce soit. Commençait alors un minutieux travail qui a consisté à éplucher les lignes de comptes de la maison, entrées, sorties et ventes pour l'année 2014. Jusqu'à découvrir enfin que les bijoux "s'évaporaient" en ligne, sur internet !
Les braqueurs ont en effet passé des commandes sur le site de Mauboussin. Mais ils ont réussi à se faire livrer des bijoux qui ne figuraient pas dans leurs commandes. Apparemment, les voleurs ont fait éditer de fausses factures imputées à d'anciens clients de la maison toujours présents dans les listings du joailler. Autrement dit, ils se sont fait livrer des bijoux et ont fait envoyer les factures à de vieux clients de la société. Ainsi la comptabilité informatique n'a pas détecté d'anomalie : les bijoux étaient commandés,livrés et considérés comme payés !
Mais pour réussir un coup pareil, il faut connaître parfaitement le fonctionnement de la maison. Cela suppose donc d'avoir des complicités internes, et qui plus est à un niveau assez élevé pour que ces complices aient accès à ces listings ou factures et même aux bijoux. Une dimension qui va orienter l'enquête.
Bien sûr, Mauboussin a déposé plainte.