Le 28 mai, un vote interne départagera Marie-Pierre de La Gontrie et Jean-Paul Huchon pour conduire la liste PS aux élections régionales en IDF. Jean-Paul Huchon commence sa campagne cette semaine. François Kalfon détaille la stratégie et commente l'entrée en campagne de Valérie Pécresse
Le 28 mai, les militants socialistes choisiront entre Marie-Pierre de la Gontrie et Jean-Paul Huchon pour conduire la liste PS aux régionales en Ile-de-France. Cette semaine, Jean-Paul Huchon commence officiellement sa campagne. Avant c'était pas pareil, il venait soutenir des candidats aux départementales. Hein.
Comment va-t-il se distinguer de sa vice-présidente ? Quels arguments va-t-il mettre en avant ? Quel ton va-t-il employer ?
Pour France 3 Paris, un de ses soutiens, François Kalfon, conseiller régional et conseiller municipal de Melun, lève un voile sur la stratégie du candidat à un quatrième mandat. François Kalfon réagit également à l'entrée en campagne samedi 11 avril de Valérie Pécresse, la candidate UMP à qui les premiers sondages donnent une chance de reconquérir l'Ile-de-France à gauche depuis 1998.
Comment jugez-vous l'entrée en campagne de Valérie Pécresse toujours très offensive à l'égard du bilan et de la politique de Jean-Paul Huchon ?
François Kalfon : "Je suis très surpris que Valérie Pécresse se transforme en agent immobilier, en Stéphane Plaza de la région Ile-de-France sur les locaux du conseil régional (l'une des propositions de la candidate UMP est de revendre les locaux du conseil régional situés au coeur de Paris pour les installer au-delà du périph NDLR)
alors qu'on attend plutôt un président stratège sur la façon dont on va répondre au défi du logement en Ile-de-France".
"Elle agite ses pseudos-maires constructeurs pour tenter de masquer la réalité des 30 maires UMP qui la soutiennent et qui sont hors la loi SRU et qui sont le vrai visage de Valérie Pécresse. C'est l'Ile-de-France des beaux quartiers. C'est l'Ile-de-France des privilégiés, customisée pour faire croire aux habitants d'une région marquée par les inégalités territoriales et sociales qu'elle s'adresse à tout le monde alors que c'est la candidature de quelques uns".
Samedi, beaucoup de responsables de l'UMP étaient présents soit physiquement, soit par des messages vidéo. Cela ne vous impressionne pas cette unité derrière elle ?
François Kalfon : "Ce n'est pas en multipliant les selfies avec les copains de l'UMP qu'on rassemble l'Ile-de-France. J'espère que Valérie Pécresse a les chevilles particulièrement souples parce que rassembler dans un même mouvement la droite Buisson et le centre Jouanno ça va être extrêmement compliqué. Il faut qu'elle nous dise le choix qu'elle fait".
"Depuis le début de sa campagne, elle a un problème principal c'est d'aller chercher les électeurs du FN et donc de monter dans l'échelle des perroquets sur la surenchère sécuritaire. On a eu droit à la chasse aux subventions ou à la chasse la gratuité dans les transports pour ceux qui bénéficient de l'aide médicale d'état. Il va falloir qu'elle nous explique comment elle compte rassembler l'Ile-de-France dans sa diversité".
En même temps, le duel de la Gontrie/ Huchon, c'est du pain bénit pour vos adversaires. Il s'est tendu la semaine dernière. Peut-il continuer sur ce rythme ? La division peut-elle devenir insurmontable ?
François Kalfon : "Il faut être cohérent si on demande une primaire, il ne faut pas refuser de jouer le match quand les joueurs entrent sur le terrain (allusion à l'argument de Marie-Pierre de la Gontrie pour qui Huchon ne peut se présenter en vertu des statuts du PS ndlr), c'est ce qu'a expliqué Jean-Christophe Cambadélis. Je ne crois absolument pas à la division".
"Au parti socialiste, on a toujours su maîtriser les processus de primaire. Chaque choix ne se termine pas par une confrontation qui serait mortifère. Bien au contraire. Je n'ai aucune crainte là-dessus. On prendra le ou la meilleure. Ce sera une bataille électorale extrêmement serrée, je ne vais pas dire le contraire. Chaque point comptera. Ca se jouera sur la capacité à réunir tous les territoires de l'Ile-de-France".
Pourquoi soutenez-vous Jean-Paul Huchon ?
François Kalfon: "Pourquoi je soutiens Huchon ? C'est très simple. Vous ne m'entendrez pas dire du mal de Marie-Pierre de la Gontrie. Mais, il nous faut un candidat qui rassemble les différents territoires de l'Ile-de -France. On ne peut pas s'inscrire dans une vision de la région où Paris déciderait de façon unilatérale, par exemple de lutter contre la pollution. Quand vous venez dans des territoires qui se sentent relégués comme le mien en Seine-et-Marne, vous n'êtes pas surpris de voir des scores importants du Front national...."
Mais aux départementales, ce sont les départements de la petite couronne qui ont résisté à gauche, et la seconde couronne qui est passé à la droite. Il vaut peut-être mieux un candidat issu de la petite couronne, là où la gauche est encore forte en Ile-de-France ?
François Kalfon: "J'entends cela. Mais, je peux vous dire que si vous venez avec moi tracter sur l'offre bus ou le pass navigo à tarif unique, les gens sont très contents. Jean-Paul Huchon est un président qui agit pour tous les Franciliens. Vous verrez qu'il prendra des engagements très forts. Vous verrez Huchon, il va faire un truc qui va surprendre tout le monde. Il va faire une campagne de challenger. Il ne considère pas qu'il a gagné d'avance. Il se déplace, il va aller voir les maires".
Marie-Pierre de La Gontrie, élue à Paris, ne peut pas représenter pour vous l'ensemble de l'Ile-de-France ?
François Kalfon: "Le problème c'est que vous parlez de là où vous êtes. C'est une candidate de Paris. Le poids de la mairie de Paris est extrêmement fort. C'est historique, ce n'est pas la question de la personnalité de tel ou telle, mais nous voulons maintenir un équilibre régional entre Paris qui est très puissante et des territoires qui sont moins riches ou moins visibles et qui ont besoin d'équilibre. La région est une collectivité d'équilibre".
"Pour faire une Ile-de-France qui fonctionne bien, il faut qu'elle marche sur deux jambes. Le yin c'est la ville de Paris, le yang, le reste de la région. Il faut une candidature qui incarne cet équilibre au niveau régional. Ca c'est certain. C'est le cas de la candidature de Jean-Paul Huchon".
"Je suis cohérent. Je prône une gauche populaire. La gauche bobo ça ne fait pas 50 plus 1. Il faut une gauche populaire de laquelle les catégories supérieures ne se sentent pas exclues mais à l'inverse il ne peut y avoir de gauche sans catégories populaires pour des raisons d'identité et des raisons de majorité".