Airparif : un budget 2024 pollué

Arguant de difficultés budgétaires, la région a voté une dotation en baisse de 20 % pour Airparif. L’opposition écologiste dénonce une décision "cynique" au détriment de la santé des Franciliens.

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« On prend acte et on maintient le dialogue ». Pour ces célébrations de fin d’année, l’heure n’est pas à la fête dans les bureaux d’Airparif. Les 75 salariés ont appris juste avant les vacances de Noël une baisse d’environ 20% des subventions allouées par la région Ile de France, l’une des nombreuses collectivités territoriales qui financent l’association. Dans les faits, ce sont 350 000 euros de moins, sur un budget qui avoisinait en 2023 les 10,2 millions d’euros. Le conseil d'administration du 10 janvier s'annonce houleux. 

« Nous avons demandé un effort budgétaire à Airparif », a reconnu devant les Conseillers régionaux Olivier Blond, délégué spécial à la lutte contre la pollution de l’air. Avant de rappeler que la région Ile de France était le "1er contributeur de l’association" avec 1 258 000 euros versés pour cette nouvelle année. Face à une baisse des ressources et une hausse des dépenses notamment liées à l'énergie, Valérie Pécresse a procédé à des coupes franches dans le budget de 5 milliards d’euros. Elle a priorisé les lycées et les transports en commun.

« On assume d’investir dans les transports pour lutter contre la pollution. Financer Air Parif, c’est financer un thermomètre : ça mesure bien mais ça ne résout pas le problème. »

Olivier Blond

Délégué spécial à la lutte contre la pollution de l'air

Alerte lors des pics de pollution, études sur la qualité de l’air sur les grands axes routiers, suivis de la pollution dans le métro… L’association agréée pour contrôler la qualité de l’air fait partie du quotidien de milliers de Franciliens en jouant le rôle de vigie, conformément aux dispositions de la loi sur la qualité de l’air de 1996. Un observateur officiel qui enregistre et consigne ces dernières années la baisse constante mais insuffisante de la pollution atmosphérique en région parisienne (dioxyde d’azote, particules fines).

La quasi-totalité des Franciliens reste exposée à des seuils de pollution dépassant les normes fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé. 7900 décès prématurés (données de 2019) dans la région seraient liés à la mauvaise qualité de l'air, selon Air Parif. Ces travaux ont permis à des associations environnementales de faire condamner une nouvelle fois l'Etat devant la justice. Le Conseil d'Etat a condamné en novembre, pour la troisième fois, la France a payé une astreinte de 10 Millions d'euros pour le non-respect des seuils règlementaires de dioxyde d'azote à Paris et Lyon en 2022.

De nouvelles études sont attendues en cette année olympique ! A l’école maternelle et élémentaire Anatole France de Saint-Denis (93), enclavée au cœur d’un échangeur autoroutier construite à l'occasion des JO, Air Parif mène une étude trés attendue sur le niveau de pollution engendré par ces nouvelles voies de circulaion. Avec pour enjeu les conséquences potentielles sur la santé de 600 enfants.

" On note un double discours chez Valérie Pécresse : d’un côté, la pollution de l’air est une priorité … Et de l’autre, on voit une baisse brutale du budget. Air parif n'est qu'une partie de cette coupe. C’est colossal à l’heure où des gens meurent prématurément à cause de la pollution. "

Jean-Baptiste Pegeon, conseiller régional EELV , administrateur IDFM

Le budget sur la qualité de l'air passerait de " 5,7 millions d’euros cette année, contre 9,4 millions d'euros en 2023", selon l'élu écologiste. Colère de la majorité régionale : "Ces chiffres n’ont aucun sens : notre budget pour améliorer les transports et donc lutter contre la pollution atteint presque 1 milliard d’euros par an... La ligne « Air » diminue parce que le budget alloué à la qualité de l’air dans le métro est déplacé chez IDFM, mais pas parce que nous diminuons nos actions", corrige Olivier Blond.

L'élu écologiste persiste. Il voit dans ce choix politique un marqueur de droite et un signal fort envoyé à l’électorat pro automobile : «Moins de moyens, c’est moins de surveillance, d’études, de contrôles… C’est dramatique car c’est par la surveillance qu’on arrive à faire bouger les choses ! ».

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