"Je veux être le prochain maire de Barcelone". Après avoir annoncé sa candidature à la mairie de Barcelone ce mardi 25 septembre, partisans et opposants réagissent.
Ce n'était pas vraiment une surprise. Depuis plusieurs semaines déjà, Manuel Valls ne faisait pas mystère de ses ambitions catalanes. Mardi soir, lors d'une conférence de presse, l'ancien premier ministre a enfin officialisé sa candidature aux municipales de mai prochain à Barcelone, deuxième ville d'Espagne dont il est natif. Une annonce qui suscite beaucoup de critiques en France, où il abandonne son mandat de député.
Premiers à réagir, des élus La France Insoumise (LFI). Lors d'une conférence de presse, Farida Amrani, ancienne opposante à la députation de l'Essonne de Manuel Valls a déclaré : "Ce soir, quand je l'écoute dire: "j'aime Barcelone", moi, je me tourne vers les habitants de ce territoire (de l'Essonne, ndlr) et je suis vraiment triste et déçue pour eux. C'est un mépris, il le fait avec mépris en s'adressant de Barcelone; Barcelone c'est à 10.000 kilomètres", a-t-elle assainné. Avant de poursuivre : "C'est grâce à la France qu'il a pu vivre de la politique jusqu'à présent. Il a trahi son pays et maintenant il trahit sa patrie tout simplement".
Alexis Corbière, député LFI, aurait aimé qu'il parle d'abord aux électeurs de l'Essonne où il est élu : "on aurait pu avoir un geste élégant qui d'abord s'adressait à ses électeurs." Et de poser la question de sa démission, qui a créer la polémique : "S'il ne le fait pas et on ne le lâchera pas, il entache son début de campagne qui serait marqué par la magouille." Alexis Corbière a également indiqué que Mme Amrani serait la candidate de LFI à la législative partielle.
Bonne nouvelle...si @manuelvalls respecte sa parole, en avant vers une élection partielle dans l'Essonne... @Farida_Amrani_ sera la candidate de la #franceinsoumise https://t.co/ZfS59UGKcy
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 25 septembre 2018
Manuel Valls avait été élu sur le fil en juin 2017 dans la première circonscription de l'Essonne. Il avait obtenu 50,30% des voix, contre 49,70% pour Mme Amrani. Il a annoncé qu'il démissionnerait prochainement de tous ses mandats en France.
Une page qui se tourne
Du côté des socialistes, et ex-socialistes, l'heure n'est pas non plus aux regrets. Le vainqueur de la primaire PS de 2017 face à Manuel Valls, Benoît Hamon, qui a depuis quitté le parti, ironise."Je pense que Manuel Valls est lucide sur le fait que les gens ont tourné la page. Et qu'il tourne la page aussi (...) Manuel Valls fait partie des personnes qui ont organisé, éclairé la grande transhumance des élites de la gauche vers la droite. On voit à l'épreuve des faits, à travers le quinquennat de François Hollande et maintenant celui d'Emmanuel Macron, que cela n'améliore pas la vie des Français."
Le sénateur PS du Val d'Oise, Rachid Temal, se montre plus vindicatif. "C'est le dernier épisode d'une mauvaise série B. Donc heureusement que le "the end" arrive enfin".
Carine Petit, maire du 14e arrondissement de Paris choisit quand à elle de rappeler leurs points de divergence sur Twitter.
Un parlementaire en moins pour la déchéance de nationalité, la baisse des moyens aux collectivités locales, etc ... #Valls #Nocomment
— Carine Petit (@carine_petit) 25 septembre 2018
"Du panache"
Pour les encouragements, il faut aller du côté du centre et de LREM que Manuel Valls avait rejoint avant la dernière présidentielle. Aurore Bergé, député de la 10e circonscription des Yvelines et porte-parole du groupe LREM à l'Assemblée lui souhaite une "belle route" dans ce défi catalan.Une voix forte et une intransigeance sur des valeurs essentielles : belle route @manuelvalls ! #Valls #Barcelone https://t.co/WpNL1ivxmn
— Aurore Bergé (@auroreberge) 25 septembre 2018
Le ministre du Budget Gérald Darmanin (ex-LR) trouve quand à lui du "panache" au geste du député de l'Essonne. Mais les mots les plus chaleureux viennent du côté du centre-droit. "J'ai beaucoup d'estime pour Manuel Valls. Qu'il prenne ce risque renforce mon estime pour lui", a salué auprès de l'AFP le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde. "Il a été un bon Premier ministre d'un mauvais président de la République. Dans les circonstances qui ont été celles qu'il a connues au gouvernement, celles des attentats, il tenait la barre plus que son président", ajoute le co-président des députés UDI-Agir, qui regrette qu'Emmanuel Macron n'ait pas utilisé "son expérience et ses talents".