Une partie du cours d'eau qui traverse la commune de Vauhallan dans l'Essonne, est progressivement reméandrée, remise dans son lit initial. Une renaturation qui contribue notamment à réduire les risques de crues et de débordements.
"On voit bien ici l'ouverture du lit, la place que prend la rivière et ça, c'est de l'expansion supplémentaire pour les crues". Sur 400 mètres de long, ce ruisseau, qui serpente aujourd'hui paisiblement à proximité de maisons a été reméandré, c'est-à-dire restaurer peu ou prou dans son lit initial. Il y a peine trois ans, il coulait dans un ouvrage bétonné rectiligne sur 5 cm de profondeur.
"On a trouvé des plans datant de 1850. On lui a donné de la sinuosité, de la vitesse, de la granulométrie, du sable et des pierres. On lui a donné aussi des habitats, des herbiers, de la végétation et surtout et qui intéresse beaucoup les gens sur notre territoire, on lui a redonné du volume", énonce Hervé Cardinal, président du SIAVB, le syndicat Intercommunal pour l’Assainissement de la Vallée de la Bièvre.
La semaine dernière, ce ru d'une dizaine de kilomètres qui traverse la commune de Vauhallan a connu lui aussi une forte crue. Un débit très important. 3.0000 mètres cubes d'eau supplémentaire. Le ru n'a pas débordé et n'a pas inondé les nombreuses habitations riveraines.
Six ans d'études et trois mois de travaux
Depuis quelques années, le SIAVB, qui regroupe 17 communes, s'attelle à redonner à ses ruisseaux et à ses rivières un lit naturel, "à restaurer leur écosystème". Une mission au long cours.
"On travaille à la restauration écologique par petits coups : 400 mètres par ici. 500 mètres par là. Pour cumuler la trentaine ou la cinquantaine de kilomètres à restaurer, on a encore un sacré bout de temps de travaux", s'exclame Hervé Cardinal.
La dernière opération en date se situe en aval du cours d'eau, là où la rivière longe un terrain de golf et va se jeter plus loin dans la Bièvre. Ce matin, une pelleteuse trône au milieu du chantier. De vieilles conduites en béton sont rassemblées dans l'attente d'être évacuées. Ici, on redessine sur 400 mètres une partie du cours du ru qui s'écoule encore dans un ouvrage des années 70. "On aménage des zones de débordement."
Ce chantier a démarré il y a trois semaines et va durer trois mois, mais il aura fallu six ans d'études et de rapports avant de donner le premier coup de pelleteuse. "Entre les instructions réglementaires, les sorties de scénarios, l'acceptation des habitants, des diverses associations et autres usagers, l'instruction police de l'eau, site classé, ce sont au total cinq à dix ans d'études pour pouvoir réaliser ce genre d'opération et ce sont ensuite trois quatre à cinq mois de travaux sans tenir compte des arrêts de chantier pour mauvais temps", détaille Hervé Cardinal, président du SIAB.
Restaurer les écosystèmes
À ce niveau du ruisseau, cette nouvelle intervention pour reméandrer la rivière contribue à éviter des débordements et des inondations, selon Patrice Valantin, président de l’UPGE, l'Union des professionnels du Génie écologique. L’UPGE est une filière d'une centaine d’entreprises dont l'objectif est d'intervenir sur les écosystèmes comme à Vauhallan, pour améliorer et restaurer la biodiversité.
"Si on met tous nos efforts sur les écosystèmes, on traite alors tous les enjeux carbone", avance Patrice Valantin. "Parce que la captation du carbone, ça se fait par la photosynthèse, ça se fait dans les sols. L'atténuation des effets du réchauffement climatique, c'est la végétation. La baisse de la température au sol, c'est aussi la végétation. La régulation des conséquences hydrauliques du réchauffement climatique telles que les inondations, ça va être les écosystèmes", détaille-t-il.
"La nature n'a pas du tout besoin d'être protégée, ça fait 3,8 milliards d'années qu'elle se débrouille toute seule, elle a juste besoin qu'on arrête de l'embêter et qu'on s'associe avec elle pour reconquérir ses zones et lui donner un petit peu de liberté".