Mediapart a publié dimanche des extraits d'une conversation de Serge Dassault susceptibles, selon le site d'information, de constituer une "pièce à conviction centrale" dans l'enquête sur la corruption électorale dans la ville de Corbeil-Essonnes dont le sénateur UMP est l'ancien maire.
"Cette fois, Serge Dassault ne pourra pas nier", écrit Mediapart, assurant que l'enregistrement et la voix de l'industriel ont été dûment authentifiés. Le sénateur UMP n'avait pu être immédiatement joint par l'AFP dimanche soir, pas plus que son successeur à la mairie de Corbeil, Jean-Pierre Bechter. Ce dernier a assuré à Mediapart avoir été élu "sans verser un euro" et n'avoir "jamais entendu parler d'achat de voix".
Mediapart publie trois extraits d'un "enregistrement clandestin réalisé fin 2012" que le site dit avoir écouté dans son intégralité. L'industriel milliardaire y "admet" avoir "payé pour s'assurer de la victoire" de Jean-Pierre Bechter aux municipales de 2010. Il est notamment question dans cet enregistrement, dont le Canard Enchaîné avait fait état en décembre 2012, de paiements depuis le Liban et d'une surveillance policière.
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Des achats de voix dénoncés depuis des années
La justice enquête à Corbeil-Essonnes, ville dont le sénateur UMP a été maire une quinzaine d'années (1995-2009), sur deux affaires, une concernant des soupçons d'achats de voix aux élections, et une autre des tentatives d'homicide qui pourraient être liées. Le 3 juillet dernier, le Sénat avait refusé, pour "défaut de motivation" de la demande, de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault, que des juges d'Evry souhaitaient entendre sous le régime de la garde à vue. La justice, qui n'a pas établi de lien entre les tentatives d'assassinat et des achats de voix présumés, enquête sur ces deux volets, de façon distincte, à Evry pour le premier dossier et à Paris pour le deuxième. Les achats de voix sont dénoncés depuis des années par l'opposition municipale, qui avait contesté à deux reprises les élections, en 2008 puis en 2009. L'élection municipale de 2008, qui avait vu la réélection de Serge Dassault, avait été invalidée en 2009 par le Conseil d'Etat pour des dons d'argent que l'industriel, dont la fortune est estimée à 9,9 milliards d'euros par le magazine Challenges, a toujours contestés. Jean-Pierre Bechter lui avait ensuite succédé mais le sénateur reste omniprésent dans la ville de Corbeil.