Alors qu'il manque 1000 postes d'infirmiers à l'AP-HP, le directeur général Nicolas Revel de l’Assistance publique hôpitaux de Paris propose à la consultation des mesures pour garder et d’attirer les soignants. Des propositions qui ne font pas l'unanimité.
La situation reste très tendue dans les hôpitaux publics d'Île-de-France à la rentrée, selon les chiffres communiqués par la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à franceinfo. Mille postes d'infirmiers sont vacants et 18% des lits en médecine, chirurgie et obstétrique sont fermés.
Nicolas Revel, le nouveau patron de l'AP-HP depuis deux mois, va proposer des mesures pour sortir de cette crise les 39 hôpitaux d’Île-de-France gérés par l’Assistance publique. Pour cela, il lance une concertation interne. Elle doit se terminer fin octobre ou début novembre et doit notamment permettre de résoudre les problèmes de recrutement de l'institution.
Après cette concertation interne, le nouveau directeur de l'AP-HP posera "un cadre institutionnel" qui doit être "élaboré d'ici fin janvier 2023". Pour rappel, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris compte 100 000 agents.
Utiliser "tous les leviers"
Parmi les solutions proposées, Nicolas Revel suggère plus de souplesse sur les plannings pour répondre aux attentes des jeunes qui préfèrent notamment travailler 12h d'affilée mais venir moins souvent dans la semaine. Le directeur général de l'AP-HP souhaite également proposer des emplois administratifs à d'anciennes aides-soignantes. Cela doit permettre de soulager les médecins et donner des primes d'intéressements collectives.
Soucieux de "fidéliser" ses personnels, M. Revel entend utiliser "tous les leviers" à sa main, par exemple en augmentant "fortement" le nombre de logements sociaux réservés aux agents de l'AP-HP, ou en recrutant davantage d'infirmières à la sortie de ses propres écoles.
Autre piste évoquée par Nicolas Revel, débloquer du budget supplémentaire pour des services qui fourniraient des efforts particuliers.
Déficit de 200 millions d’euros
Mais le patron des Hôpitaux de Paris doit aussi définir dans les prochains mois "une trajectoire réaliste et 'assumable' de retour à l'équilibre financier", alors que le déficit de l'AP-HP devrait dépasser les 200 millions d'euros, pour la troisième année consécutive.
Un défi d'autant plus compliqué qu'"il est exclu d'envisager une diminution de nos effectifs", assure-t-il. Au contraire, les recrutements d'infirmiers "sécurisés" d'ici la fin de l'année vont permettre de pourvoir plusieurs centaines de postes vacants.
Des ressources qu'il s'agira de répartir au mieux, sachant que près de 20% des lits et des blocs opératoires sont encore fermés. "Des choix devront être faits" pour "répondre aux besoins de soins les plus critiques", explique-t-il.
Des mesures qui "ne répondent pas aux attentes majoritaires"
Le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) Thierry Amouroux indique que "les attentes des soignants sont de quatre natures : revoir le nombre de patients par infirmière, revaloriser les salaires et mieux payer les contraintes, améliorer les conditions de travail, et prendre en compte la pénibilité professionnelle".
Il estime que : "les mesures annoncées (par Nicolas Revel, ndlr) ne répondent pas à cela". "Au contraire, l’augmentation du nombre d’agents en 12h va perturber la vie des infirmières qui ont des enfants et une vie de couple. Les mesures ne répondent pas aux attentes majoritaires. De jeunes infirmières célibataires en début de carrière peuvent préférer les 12h, mais pas les autres", ajoute le porte-parole.
Sources : AFP et franceinfo