Pour la première fois de son histoire, le puissant syndicat agricole français FNSEA choisit une femme à sa présidence. Christiane Lambert, 55 ans, auvergnate devenue éleveuse de porcs du Maine-et-Loire succède à Xavier Beulin, décédé brutalement fin février dernier
Christiane Lambert, éleveuse dans le Maine-et-Loire, est officiellement devenue ce jeudi 13 avril la première femme présidente de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles). Dans un univers agricole bien moins masculin qu'on veut le croire souvent, et où, en tout cas, les femmes ont depuis longtemps une place majeure, le premier syndicat agricole français a choisi une femme pour porter ses couleurs et succéder au charismatique Xavier Beulin, son président depuis 2010, brutalement décédé fin février à la veille de l'ouverture du Salon de l'Agriculture 2017.Continuité et différence de style
Christiane Lambert, était jusqu'ici vice-présidente du syndicat. Depuis le décès de Xavier Beulin, elle assurait l'intérim à la tête de la FNSEA. Elle était la seule candidate à sa succession. Et c'est par " une pensée pour Xavier Beulin" qu'elle a ouvert la conférence de presse qui a suivi son élection.Mais alors que Xavier Beulin était un homme d'influence et de réseaux, patron d'un grand groupe agro-industriel, Christiane Lambert a monté un à un tous les échelons du syndicat des Jeunes agriculteurs (CNJA) puis de la FNSEA. Elle n'a pas et n'aura sans doute pas le même style ni même tout à fait la même approche. (Un rapide tour sur son compte Twitter ChLambert_FNSEA, montre vite les visages et les aspects de l'agriculture vivante et hmaine qu'elle aime). Même si son élection s'inscrit dans une continuité et si elle même la revendique.
Aujourd'hui, les citoyens sont prêts à passer un pacte avec leurs agriculteurs ➡ GO ! Nous aussi, nous sommes prêts #ConfPresseFNSEA pic.twitter.com/cQjFmDvynd
— La FNSEA (@FNSEA) 13 avril 2017
Christiane Lambert s'attache aux thèmes sociétaux comme l'environnement ou le bien-être animal, sujets jusqu'ici plutôt mal vus chez les membres du syndicat.
Alexandre Hobeika, docteur en science politique, spécialiste de la FNSEA, explique à l'AFP : "Historiquement, l'écologie a été un punching ball, une manière de resserrer l'unité interne en disant on est ensemble face à un ennemi externe. Mais, Christiane Lambert va essayer de prendre un virage un peu différent, et d'être moins sur la défensive. Elle a construit en partie sa carrière sur les questions d'adaptation à la demande écologique".
Des enjeux immédiats
Mais avant d'avancer sur ses thèmes de prédilection, la nouvelle "patronne" devra, et elle le sait, faire face aux urgences : la chute des prix agricoles et l'appauvrissement des agriculteurs. Christiane Lambert a donc immédiatement donné le ton : « 87% des Français nous aiment, merci à eux. Mais nous voulons leur lancer un appel, nous avons entendu leur demande de produits plus qualitatifs, avec plus de traçabilité et de bio mais tout ceci a un prix. Quand on achète un vêtement de marque française il est plus cher, c'est pareil pour l'agriculture, il faut donc que les consommateurs honorent la commande et soient prêts à acheter plus cher et français »Et Christiane Lambert précise : « Nous avons de grands chantiers devant nous, comme les négociations de la prochaine PAC (qui s'appliquera à partir de 2020), la défense "déterminée et exigeante" des objectifs de la FNSEA de baisse des charges et de simplification des normes qu'elle compte demander au prochain président de la République, et les prochaines élections aux chambres d'agricultures.»
Car la nouvelle présidente n'oublie pas que la FNSEA préside 84 des 89 chambres d'agriculture françaises, qu'elle a rassemblé 53,4% des voix lors des dernières élections professionnelles en 2013, et qu'elle doit réussir à maintenir sa place de syndicat incontournable dans une période extrêmement délicate d'éclatement du modèle agricole de référence.