Grève des laboratoires : "Nous sommes sommés de payer le quoi qu'il en coûte"

Les laboratoires de biologie médicale sont en grève reconductible depuis aujourd'hui. Une grève inédite dans le milieu avec 95% des laboratoires fermés en médecine de ville. Ils se mobilisent contre la "folie austéritaire" que le gouvernement et l’assurance maladie veulent leur imposer.

Réunis en conférence de presse ce matin, les représentants des laboratoires de biologie médicale en grève depuis aujourd'hui ont réaffirmé être prêts à participer à l’effort de guerre, à savoir contribuer à hauteur de 250 millions d'euros en 2023 sur leur enveloppe Covid. Mais ils s'opposent au projet délivré par l'Assurance maladie d'économiser plus d’un milliard d’euros sur au moins 4 ans. "Les autorités nous mènent en bateau", dénoncent-ils en chœur. "Nous souhaitons que cet effort se fasse sur les analyses covid et non pas sur les analyses de routine et d'urgence".

Aujourd'hui, 95% des laboratoires sont fermés (en médecine de ville). Seuls les bilans de chimiothérapie et les patients dialysés sont pris en charge. Pour les autres personnes, il faut aller dans les laboratoires de structures hospitalières.

"Ce que nous trouvons insupportable, c'est d'être pointés du doigt comme des profiteurs de guerre par les autorités après tout ce qu'on a vécu avec notre personnel" a déclaré ce matin Lionel Barrand, président du Syndicat national des Biologistes Médicaux Les BIOMED.

Gabriel Attal reste ferme : "je ne lâcherai pas"

À l’appel de leurs syndicats, les labos se mobilisent donc contre ce qui, à leurs yeux, menace directement la qualité des soins, l’emploi dans les territoires, leur capacité d’innovation et leur maillage territorial. "La biologie médicale est aujourd'hui sommée de payer le quoi qu'il en coûte décrété pendant le Covid... C'était pourtant nous qui alertions à l'époque sur ces dépistages en open-bar."

"Ce que nous regrettons c’est que la Caisse d’assurance maladie veut baisser nos tarifs de 8% de façon pérenne, alors qu’aujourd’hui nous subissons déjà l’inflation", précise Thierry Bouchet, médecin-biologiste et président du Syndicat des Laboratoires de Biologie Clinique (SLBC).

Interrogé ce matin sur LCI, le ministre du budget Gabriel Attal a affirmé qu'il "ne lâchera pas sur ce sujet".

Une "folie austéritaire" selon les biologistes

Les biologistes en appellent aujourd'hui à la "grève reconductible" . Le mouvement devrait pour l'instant durer au moins trois jours, jusqu'à ce mercredi soir. Plusieurs syndicats d'autres professions ont également apporté leur soutien aux biologistes, dont les onze organisations regroupées au sein des Libéraux de santé, ainsi que les médecins de l'UFML.

"On appelle le ministre Gabriel Attal à une forme de décence envers les professionnels qui étaient en première ligne aux côtés de la population", rajoute Lionel Barrand. "Le gouvernement nous a menti quand, il y a pas plus d'un an encore, il nous a dit ‘investissez au maximum parce que ce sera uniquement sur du Covid et nous ne reprenons pas cet argent sur la biologie de proximité.'"

La semaine dernière, le Sénat a voté un amendement transformant cette "baisse pérenne en contribution exceptionnelle de 250 millions d'euros en 2023". Lionel Barrand se félicite de ce soutien mais fustige le gouvernement : "On a l'impression qu'il veut détruire non pas que la biologie de proximité, mais également la médecine de proximité, puisqu’il n'y a pas que dans les laboratoires que nous ne sommes pas contents du dernier projet de loi."

L'Assurance-maladie, de son côté, regrette "profondément" l'appel à la grève, juge ses propositions "pleinement soutenables pour le secteur de la biologie" et souhaite "privilégier le dialogue". Mais "s'il n'y a pas d'accord, les ministres pourront par arrêté prendre des mesures unilatérales de baisses de tarifs à partir de février 2023", explique Thomas Fatôme, directeur général de l'organisme.

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