Une quarantaine de personnes, rassemblées à l'appel d'un collectif d'associations des quartiers populaires, ont réclamé lundi soir devant le tribunal de Nanterre dans les Hauts-de-Seine "l'amnistie" des personnes condamnées pour leur participation aux émeutes, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous sommes là d'une part, car Nahel est mort au bout de cette rue" le 27 juin, tué par un policier lors d'un contrôle routier, a déclaré Hajar Amanzou, étudiante à Nanterre et membre de l'Unef. Et d'autre part "pour demander l'amnistie" des personnes jugées après avoir été interpellées lors des émeutes consécutives au décès de l'adolescent de 17 ans.
Des membres de la Coordination des comités de défense pour les quartiers populaires, à l'origine de ce rassemblement, ont eux aussi dénoncé les interpellations et les peines de prison ferme prononcées, les qualifiant de "violences d'Etat" découlant, selon eux, d'un "racisme systémique".
La mort de Nahel le 27 juin a embrasé le pays et déclenché plusieurs nuits de violences, de saccages de bâtiments publics et de pillages dans de nombreuses villes de France.
>Emeutes : "Je me suis laissé emporter", des jeunes jugés en nombre à Créteil
Au niveau national, plus de 3.700 personnes ont été placées en garde à vue et près de 600 jugées en comparution immédiate, selon la Chancellerie. Près de 400 ont été incarcérées.
Plusieurs manifestants abordaient aussi lundi soir des pancartes et des tee-shirts portant, outre le nom de Nahel, celui d'Adama Traoré, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016 au nord de Paris, ou celui d'Alhoussein Camara, Guinéen de 19 ans touché mortellement par un tir de policier lors d'un contrôle routier mi-juin en Charente.
"Nous demandons un mea culpa de l'Etat", a quant à elle déclaré Assetou Cissé. Son frère Mahamadou a été tué en décembre 2022 à Charleville-Mézières, des faits pour lesquels un voisin octogénaire a été mis en examen. "Il faut montrer qu'on est visible, parce qu'on veut que les choses changent", a-t-elle encore plaidé. "Il faut que l'Etat daigne nous entendre."