Procès de Monique Olivier : "cela fait 20 ans qu'on essaye d'avoir des réponses"

Monique Olivier est jugée à Nanterre pour complicité dans trois enlèvements et meurtres de Michel Fourniret depuis le 28 novembre. Le père d'Estelle Mouzin, enlevée en 2003 en Seine-et-Marne, attendait beaucoup de ce procès.

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Parfois exaspérée, parfois hésitante, l'ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret a souvent répondu devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine "je ne sais pas" et "je ne me souviens plus".

Elle répondait ce jeudi aux questions sur les faits qui se sont déroulés du 9 janvier 2003, jour de l'enlèvement d'Estelle à Guermantes (Seine-et-Marne), au 11 janvier de la même année, date à laquelle Michel Fourniret a enfoui la fillette dans une forêt, comme elle l'a elle-même raconté.

"Cela fait 20 ans qu'on essaie d'avoir des réponses à une question essentielle : qu'est-ce qui est arrivé à Estelle et où elle est ? On a cru à un moment qu'une dynamique d'échanges se mettait en place", a réagi Eric Mouzin, le père d'Estelle.

S'il reconnaît que Monique Olivier a "fourni des informations qu'elle n'a pas fournies", il regrette qu'une dynamique d'aveux ait été coupée : "On a envie de dire, 'c'est dommage, on est en train de gâcher quelque chose'. Ce sont quand même des dossiers où il y a des gens qui attendent des réponses depuis 35, 30, 20 ans. Pour nous, ça fait quand même beaucoup et donc on aurait pu allonger le procès d'un ou deux jours, qu'est-ce que ça changeait ? Rien."

Le corps d'Estelle Mouzin jamais retrouvé

Malgré plusieurs campagnes de fouilles dans les Ardennes, le corps d'Estelle Mouzin n'a jamais été retrouvé.

Monique Olivier souffle ou bafouille mais reste froide quand on lui demande ce qu'elle a pu dire ou faire à Estelle lorsqu'elle l'a gardée plusieurs heures dans la maison insalubre et glaciale de Villes-sur-Lumes dans les Ardennes, le lendemain de l'enlèvement.

Selon l'accusée, Michel Fourniret a séquestré la petite fille, vêtue d'un pull rouge et d'un pantalon bleu marine, dans cette maison qu'il avait héritée de sa sœur.

Elle n'était "pas attachée" mais "pas remuante" non plus, et "elle pleurait". A-t-elle été droguée ? "Possible" répond Monique Olivier, qui assure ne lui avoir donné aucun médicament.

"Il aurait fallu que je réagisse autrement"

Après avoir enfermé de nouveau Estelle dans une chambre du premier étage, Monique Olivier est redescendue au rez-de-chaussée "faire du ménage"...

"J'étais totalement étonnée de voir cette petite fille-là, c'est pour ça que je ne suis pas restée trop longtemps avec elle", a-t-elle affirmé pour justifier sa quasi-indifférence, ne supportant pas de voir une fillette aussi jeune.

"Il aurait fallu que je réagisse autrement, que je la sauve", a-t-elle ensuite confié.

Monique Olivier a montré un début d'émotion quand Me Seban a commencé à l'interroger, en faisant projeter la photo des yeux d'Estelle.

Et elle a tenté d'expliquer pourquoi son mari avait choisi une si jeune victime. "Il voulait être le premier partout, donc il fallait qu'il soit pire que (Marc) Dutroux", le pédocriminel et tueur multirécidiviste belge.

Pas de poursuite des interrogatoires de Monique Olivier

Pourquoi ce silence pendant tant d'années ? À cause du très jeune âge de la dernière victime de son ex-mari. "Dans ma tête, je ne voulais pas admettre cette affaire-là", a-t-elle soufflé.

En fin d'audience, les questions se bousculent toujours chez les parties civiles comme côté défense. Me Richard Delgenès choisira pourtant de couper court, jugeant qu'après huit heures d'interrogatoire, sa cliente n'est plus en état de répondre. Le président a refusé que l'interrogatoire se poursuive vendredi.

"Ce procès nous a quand même apporté beaucoup d'éléments dans le cadre de la plainte contre l'État", a indiqué Eric Mouzin. Mais ce dernier se dit effaré "qu'au bout de 20 ans on ait autant de trous dans la chronologie de ces crimes".

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