Vendée Globe : Stéphane Le Diraison et Fabrice Amedeo à l’assaut des mers du Sud

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Un mois après le départ, les 2 skippers franciliens s’attaquent aux mythiques mers du Sud. Une longue ligne droite ou... presque. Celle des 40e Rugissants. 10 000 milles marins d'Ouest en Est. Deux océans, Indien puis Pacifique à traverser aux grès des dépressions et des mers démontées.

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Ils sont tout deux en bas du globe. Le navigateur de Boulogne-Billancourt, Stéphane Le Diraison en 17e position ce mercredi 9 décembre a déjà franchi depuis trois jours le cap de Bonne Espérance qui marque l’entrée dans l’Océan Indien. Fabrice Amadeo en 21e position lui, s’en approche et devrait le passer demain. Si le vent est au rendez-vous.
 

Je suis dans l’œil de la dépression, c’est un vrai calvaire

Stéphane Le Diraison, skipper de Time For Oceans

"La mer ne ressemble à rien, il y a des montagnes d’eau qui s’abattent sur le bateau qui ne peut même pas avancer, les voiles se battent dans tous les sens. Je suis dans l’œil de la dépression, j’ai 4 à 5 mètres de vagues et seulement 4 nœuds de vent.  On se fait massacrer, on n’avance pas : ça roule, ça tape". Moral en berne et abattement ce matin pour le skipper Boulonnais joint par les organisateurs de la course.

Contacté par téléphone hier, le skipper de Time for Oceans tentait d’échapper à une dépression tropicale en changeant de trajectoire. "C'est de la haute couture", expliquait-il. "Une nouvelle dépression tropicale va me tomber dessus et me forcer à ralentir. Je ne peux pas passer en sécurité par une route au sud de cette dépression. Plonger dans cette tempête serait suicidaire. La stratégie est simple : je remonte au nord et j’ai ralenti volontairement mon bateau. Moralement, c’est difficile".
 
Le skipper a fait choix de la raison et de la prudence en évitant la dépression annoncée. Mais psychologiquement, le prix est dur à payer. D’autant plus que les conditions météo du début de course n’ont pas épargné Stéphane Le Diraison.

"C’est une course qui est fidèle à sa réputation. Dure et exigeante. J’ai eu pas mal d’obstacles météo, d’ennuis techniques sur mon bateau mais à chaque fois j’ai réussi à trouver des solutions. Côté météo, l’anticyclone des Açores m’a ralenti, le "pot au noir" (NDRL, "le pot au noir" est la zone intertropicale de convergence, de part et d'autre de l'équateur, peu ventée et orageuse) inexistant pour les premiers m’a ralenti aussi, pareil pour l’anticyclone de Sainte-Hélène qui était énorme et nous a barré le chemin et cerise sur le gâteau cet anticyclone nous est retombé dessus. Un truc de dingue", détaille-t-il.

"J’ai l’impression d’être puni," avoue ce matin le navigateur, coincé dans l'oeil du cyclone. "Un moment, il faut que ça s’arrête. Là, c’est de la résistance à la douleur, se tester en permanence pour résister au mal. Au bout de trente jours, c’est long !" Stéphane Le Diraison sait aussi, qu’après cette zone sans vent qui lui fait perdre des milles sur ses concurrents, "c’est la baston qui l’attend", avec le retour du gros temps.

Le Vendée Globe "un ascenseur émotionnel"

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Hier le navigateur se disait heureux d’être à bord. "J’arrive à maintenir un bel équilibre de vie, je m’alimente à heure très régulière, je m’astreins à un sommeil tout à fait correct, ça paraît anecdotique mais j’ai aussi une bonne hygiène, je me lave, je ne m’oublie pas ! Je prends soin de moi. Ma vie est bien installée", sourit-il relativisant les avaries techniques qu'il a subies.

"Par 2 fois, j'ai redouté de devoir d’aller me mettre à l’abri pour réparer et ça m’a glacé le sang. Du coup c’est positif, ça galvanise la motivation. Aucun doute, je suis certain d’aller au bout de cette course", confie-t-il. 

Stéphane Le Diraison est déterminé mais reste prudent. Son objectif : boucler le tour du monde. "Ce qui est arrivé à Kevin Escoffier ( NDLR le navigateur a du abandonner son bateau et a été secouru par un autre concurrent Jean Le Cam, le 1 er décembre) a été un rappel à l’ordre général, on a tous eu la même réaction, de grande tristesse et choqué. J’ai refait une inspection générale du bateau, me suis assuré que toutes les cloisons étanches étaient bien fermées. J’ai refait le tour des éléments de sécurité : combinaison, sac de survie, j’ai même révisé ma notice de ma balise de sécurité ! Tout est parfaitement accessible. Son expérience est terrible pour lui mais utile à d’autres", analyse-t-il.

En observateur averti, Stéphane le Diraison à la barre de de Time for Oceans n’en oublie pas pour autant une des raisons de son engagement de marin : la préservation des mers. Depuis le départ, il a pu observer de nombreux bancs de sargasses, le pendant des algues vertes en Bretagne, dans des zones inhabituelles. "Elles prolifèrent avec tous les pesticides rejetés dans la mer et en voir de ce côté-là de l’atlantique, ce n’est pas une bonne nouvelle. L’écosystème est déréglé", témoigne-t-il. Sans oublier les plastiques à la dérive qu'il a pu observer.
 

Le Royaume du gris

Fabrice Amedeo, skipper de Newrest-Arts&Fenêtres

Pour lui aussi, la météo a été capricieuse et le début de course difficile. Fabrice Amedeo, le skipper de Levallois-Perret a dû faire demi-tour et revenir au port des Sables d’Olonne pour réparer une avarie technique. Le navigateur rattrape son retard peu à peu en grignotant des milles sur ses concurrents. Il pointe aujourd’hui à la 21e place, à la tête d’un groupe de 8 voiliers et a rejoint des contrées plus fraiches. Chapka de trappeur et chauffage dans le bateau, il navigue désormais sous le 40 e parallèle de l’hémisphère sud. Les fameux "40 Rugissants" symbole des rigueurs de l’Océan Indien. "Je quitte le monde du bleu pour arriver dans celui de l’ombre et du gris", confie-t-il.
 

Cap à l’Est

Le skipper de Newrest a retrouvé le moral d’autant plus qu'il espère que le vent va se renforcer. "Avec mon arrivée dans les 40e et les dépressions. Cela va mieux. Cela va aller beaucoup plus vite. Pour l’instant je fais route vers le sud, vers la zone des glaces. D’ici quelques heures, je vais empanner pour prendre la direction Est. Une dépression va progressivement me rattraper, le vent va forcir, et moi je vais accélerer", expliquait-il hier par téléphone". Un vent qui aujourd'hui n'est pas encore au rendez-vous comme en témoigne le dernier tweet du navigateur.
 
A la barre de Newrest-Art&Fenêtres, Fabrice Amedeo aborde cette longue traversée d’ouest en est avec sérénité et prudence, sûr de son bateau et fort de son premier Vendée Globe il y a 4 ans. Il sait que la route est longue. "Le Grand Sud, c’est un long tunnel, il n’y a pas d’autre solution que d’aller au bout. Et la sortie, c’est le cap Horn. Il n’y a pas trop d’échappatoire, pas vraiment de port d’escale", explique Jacques Caraës, le Directeur de course. 

"C’est assez rassurant d’attaquer les mers du Sud avec un groupe pas trop loin. Il y a toujours un peu d’appréhension mais j’ai envie d’avancer car c’est un long voyage. Je ne veux pas me faire peur. Je vais essayer de naviguer vite quand ce sera raisonable et très prudemment le reste du temps", affirme Fabrice Amedeo. Le navigateur garde en tête ce qui est arrivé à Kevin Escoffier : "ça a mis une petite claque. Tu te rends compte que tu es dans des endroits dangereux. Ce que l'on fait est loin d'être anodin", souffle-t-il.

"Par rapport à mon premier Vendée des Globes, j’ai plus d’expérience mais aussi plus d’appréhension. Il y a 4 ans j’étais dans la découverte et dans l’euphorie des débutants. Je ne me posais pas de questions et là comme je connais mieux les mers du Sud, il y a plus de prudence, plus de gravité et moins d'insouciance. Et moins d'adrénaline vu mon classement" , avoue-t-il.

Charlie Dalin sur Apivia est en tête de la course. Depuis le départ, le 8 novembre dernier, Stéphane le Diraison a effectué près d'un tiers de la course. Il lui reste 17044.6 milles marin, soit 31566.6 km à parcourir. Fabrice Amedeo a devant lui 18028.6 milles marin, 33388.97 km, à effectuer.
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