L’ancien vice-président de Barack Obama a été investi aujourd’hui à la magistrature suprême des États-Unis à l'issu d'une cérémonie spéciale dans un contexte de tensions et de crises sanitaire et économique. Une cérémonie suivie de près aussi par les américains vivant à Paris.
L’ère de Donald Trump est terminée. Celle de Joe Biden commence. L’ancien vice-président de Barack Obama a été investi ce 20 janvier à la magistrature suprême des États-Unis. Main droite levée, main gauche sur la Bible, le désormais nouveau locataire de la Maison Blanche a prêté serment, devenant le 46ème président du pays.
Peu avant l'investiture, Barack Obama a félicité son "ami" sur Twitter. "Félicitations à mon ami, le président Joe Biden! C'est ton heure".
Congratulations to my friend, President @JoeBiden! This is your time. pic.twitter.com/LXzxGnBAfz
— Barack Obama (@BarackObama) January 20, 2021
La mer de drapeaux
Epidemie de Covid-19 oblige, il n’y a pas eu de rassemblement devant le parvis du capitole comme c’est le cas habituellement, lors de l’ « inauguration day ». Des dizaines de milliers de personnes viennent normalement assister à la cérémonie. A la place de la foule, ce sont près de 200 000 drapeaux américains qui couvrent l’espace. Ils représentent en réalité tous ceux qui n’ont pas pu être présents. Les partisans du nouveau président ont toutefois pu assister virtuellement à l’événement en postant des selfies sur un site prévu à cet effet. Une cérémonie suivie de près également à l'étranger. A Paris, les expatriés ont regardé ce moment historique sur les réseaux sociaux et les chaînes internationales.
Des électeurs de Trump "trompés"
"Joe Biden n’était pas mon premier choix (…) je n’adhère pas à certaines de ses positions. Mais au-delà de cela, je suis ravie de voir Donald Trump quitter le bureau Ovale", nous confie Geneviève, étudiante américaine à Paris, ajoutant être "heureuse que les États-Unis n’aient pas un président qui encourage la violence". "Je ne m’imaginais pas quatre ans de plus avec Trump", confesse de son côté Jonathan Lebeau, également étudiant américain, cette fois à Paris Descartes, expliquant qu’"à l’étranger, à chaque fois que je disais que j’étais américain, on se moquait de moi en prenant comme référence l’attitude de Trump (…) je suis soulagé maintenant".
A chaque fois que je disais que j’étais américain, on se moquait de moi en prenant comme référence l’attitude de Trump (…) je suis soulagé maintenant".
Côté démocrate, l'ambiance est positive. "L’arrivée de Joe Biden, ses convictions, son programme robuste et son ouverture est l’occasion pour bien des électeurs du président sortant de se rendre compte à quel point ils ont été trompés et induits en erreur ces dernières années", explique Didier Moutou, porte-parole des Democrats abroad France, le bras officiel du parti démocrate à l'étranger.
Unifier les Américains
L’une des grandes missions de Joe Biden va être de réconcilier un pays divisé et victime de crises sanitaire (dûe à l'épidémie de covid-19) et économique très importantes. "Je pense pouvoir dire qu'on n'a pas vu une Amérique aussi divisée depuis la Guerre civile", regrette Jonathan Lebeau.
A-t-il les moyens d'unifier le peuple américain dans ce contexte ? Les avis sont partagés. "Il peut unifier le peuple, mais y parviendra-t-il et le veut-il vraiment ? Je n’en suis pas si sûr", estime de son côté John Lowe, membre des Republicans Overseas France. "Joe Biden est très impopulaire auprès d’un grand nombre de personnes au sein de la 'gauche' américaine. Je doute qu’il soit la solution aux problèmes historiques du pays", estime Geneviève, ajoutant toutefois que le président pourrait gagner "beaucoup de points" en cas de bons résultats dans la lutte contre l’épidémie de la covid-19 qui fait des ravages aux États-Unis - avec plus de 400 000 morts du virus depuis le début de son apparition. "Joe Biden est un personnage unificateur, qui connait les rouages de l’administration américaine", estime pour sa part Didier Moutou.
Reconstruire le pays
"Joe Biden a un travail de reconstruction. Il hérite d’une administration Trump qui a agi de manière assez peu coordonnée – à travers des mauvais choix ou des absences de choix – durant ces 4 dernières années", affirme le porte-parole des Democrats abroad. "Malheureusement, les deux derniers mandats de Trump ont été concentrés sur les décisions de justice prises pour contester les résultats, ce qu’il avait le droit de faire. Sans parler de ce qui s’est passé le 6 janvier", regrette de son côté John Lowe.
Le nouveau président sait qu’il a beaucoup à faire. Il a pris la décision de prendre, dès aujourd'hui, une série de mesures afin de casser l’héritage trumpien. Parmi les principales : l’arrêt de la construction du mur à la frontière avec le Mexique et du ‘muslim ban' – interdisant d’entrée sur le territoire américains des ressortissants de certains pays musulmans –, la réintégration des États-Unis dans l’OMS et les accords de Paris, ainsi que la mise en place d’une logistique visant à vacciner en masse la population américaine.