Manifestations, campements, réquisitions de bâtiments : l'association joue depuis 25 ans les aiguillons pour défendre la cause des mal-logés et des expulsés. Dimanche 1er novembre place de la République à Paris, le DAL célèbrera son anniversaire - ainsi que le début de la 60e trêve hivernale.
"Qu'est-ce qu'on veut ? Logement! Pour qui ? Pour tous !". Le credo de Droit au logement (DAL) a souvent retenti au cours de ses 25 ans d'existence.Le DAL est né fin octobre 1990 après l'expulsion, en mai de la même année, de 48 familles squatteuses, qui avaient campé quatre mois place de la Réunion dans le nord-est de Paris, avant d'être relogées. "Les familles nous ont demandé de créer une association de lutte pour le droit au logement et pour négocier avec les pouvoirs publics", se souvient Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole et fondateur de l'association.
Le mouvement, qui revendique son indépendance, a pour principale revendication "un toit pour tous" et réclame la "réquisition de logements ou bureaux vides", l'arrêt des expulsions locatives et la construction massive de logements sociaux accessibles aux plus démunis. Pour cela, l'association, reconnaissable à son logo, une maison noire surmontée de cinq traits (les doigts de la main) sur fond jaune, multiplie occupations et manifestations.
Elle s'est faite connaître avec ses "réquisitions" de bâtiments vides, dont certaines soutenues par l'Abbé Pierre, le professeur Léon Schwartzenberg, Albert Jacquart ou Monseigneur Gaillot, mais aussi des artistes comme Josiane Balasko, Emmanuelle Béart, Guy Bedos.
Parmi les plus marquantes, l'occupation d'un bâtiment rue du Dragon, en plein Saint-Germain-des-Près (1994), celle d'un immeuble de la rue de la Banque (2006) ou d'un hôtel particulier de la célèbre place des Vosges (2010).
>>> Une archive de l'occupation de la rue de la Banque (janvier 2009)
Ces actions aboutissent parfois devant les tribunaux, mais beaucoup se concluent par des victoires: relogement par l'État des familles "squatteuses", utilisation de l'ordonnance de 1945 sur les réquisitions par Jacques Chirac en 1995, rachat par la ville de Paris de bâtiments squattés pour les transformer en logements sociaux.
>>> Reportage de décembre 1994 sur l'occupation Rue du Dragon
L'association, qui compte une trentaine de comités en France, fonctionne sur "le modèle syndical, avec des actions collectives, non violentes", insiste Jean-Baptiste Eyraud. "Les mal-logés sont adhérents (5.000 à 6.000 aujourd'hui) et participent aux actions et aux négociations." Sur l'Ile-de-France, il revendique depuis le début le traitement de "28.000 dossiers de familles, dont la plupart ont été relogées".
"Le DAL fait partie des associations concentrées sur le mal-logement, avec une vision globale de toute la politique du logement", salue le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert. "On partage le même combat, mais ce qui nous différencie ce sont les modalités d'action." D'autres mouvements lui reprochent toutefois de monopoliser la couverture médiatique et "d'instrumentaliser" les mal-logés, souvent immigrés, pour ses actions. Gouvernement et préfectures sont également loin d'apprécier ses méthodes radicales.
Mais pour Jean-Baptiste Eyraud, "les luttes incessantes des mal-logés ont participé à alimenter le débat sur la crise du logement". Grâce à cela, "on a encore des logements sociaux en France, contrairement à d'autres pays", dit-il, et "on a obtenu la loi Dalo" sur le droit au logement opposable.
>>> Reportage sur la mise en route de la loi DALO (Janvier 2008)