McDonald’s rouvre des restaurants en Île-de-France, une décision qui ne fait pas l'unanimité

Alors que la firme de restauration rapide a décidé de rouvrir plusieurs restaurants pour la livraison à domicile et la vente à emporter, trois McDo "pilotes" sont concernés en région parisienne. Une "aberration" selon la CGT, dans un secteur marqué par la précarité des salariés.

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Avaler un Big Tasty et une poignée de nuggets est-il vraiment essentiel en pleine crise sanitaire mondiale ? McDonald’s, qui avait décidé de fermer ses restaurants après l’annonce du gouvernement du 14 mars visant les commerces non-essentiels, confirme en tout cas qu’une trentaine de points de vente vont reprendre leur activité en drive et pour la livraison à domicile, au niveau national. Alors que 12 McDo opérés par un franchise sont restés ouverts dans ces conditions en plein confinement dans la région de Tours, la firme américaine explique que trois restaurants supplémentaires situés en Île-de-France sont désormais concernés, en tant que "sites pilotes".

"Déjà, ils ont mis du temps à fermer, et ils ne l’ont pas fait par mesure de sécurité, même s’ils veulent faire passer ce message, affirme Lynda Zarif, salarié de McDo à Paris et membre de la fédération CGT du commerce et des services. Il se sont rendus compte que les clients ne venaient plus avec le confinement, et donc qu’ils ne faisaient plus de chiffre. Puis ils ont entendu qu'ils pouvaient cumuler les aides gouvernementales de chômage partiel et l'ouverture, au détriment de la santé des salariés, des clients et des livreurs. Et tout cela, alors même que les restaurants traditionnels, eux, se voient dans l’obligation de fermer."

Face aux critiques, McDonald’s met en avant un "guide opérationnel" censé "renforcer significativement les mesures sanitaires" pour ses personnels et ses clients, à la fois pour le drive et la livraison à domicile. Le document a été, d'après l'enseigne, "formellement validé par un comité scientifique composé d’experts en infectiologie et virologie".

Masques, marquage au sol, paiement sans contact… Un "guide opérationnel" lancé par McDo

Pour ce qui est des "bonnes mesures de protection" en question, le guide avance que tous les salariés "sont équipés de masques" et "travaillent en équipe réduite pour éviter les croisements", avec un "marquage précis au sol ou une barrière physique" afin de "maintenir la distance d’un mètre minimum". Par ailleurs, la "fréquence de lavage des mains a été doublée", "la fréquence de nettoyage de nos ustensiles et surfaces de cuisine a été encore renforcée", le "paiement sans contact est privilégié", "les espèces ne sont plus acceptées" et le "nombre de coursiers livraison est limité avec de nouvelles mesures de mise en distanciation", selon McDonald’s.

Je ne crois pas qu’un Big Mac soit essentiel, certains vivent sur une autre planète

"Un mètre de distance en cuisine, vu la promiscuité, je n’y crois, s’inquiète Lynda Zarif, d’après qui le drive de Vélizy (Yvelines) est déjà ouvert. C’est du grand n’importe quoi. En région parisienne, les salariés n’ont en général pas de voiture personnelle. Ils doivent prendre les transports en commun, et donc côtoyer encore davantage de personnes potentiellement porteuses du virus, en plus des clients et des livreurs. Ils pourront donc contracter la maladie, la transmettre à leurs proches, tout ça pour du fric, du fric, du fric…"

Selon elle, l’opération est une "aberration" : "Une catastrophe sanitaire se prépare. Il ne faut pas oublier que nombre de salariés du commerce sont déjà morts du Covid-19, c’est l’un des secteurs les plus touchés. Et je ne crois pas qu’un Big Mac soit essentiel, certains vivent sur une autre planète. Au contraire, c’est même meilleur pour sa santé de se passer de McDo."

Précaires, les salariés "obligés d’aller bosser" ?

De son côté, la firme américaine met en avant un "encadrement composé de volontaires qui seront amenés à se prononcer sur la poursuite du test toutes les 48 heures". "Lorsque la direction parle de volontariat, je vois beaucoup d’hypocrisie, réagit Lynda Zarif. Il ne faut pas se leurrer, les salariés de la restauration rapide sont des précaires. Chez McDo, le salaire moyen est d’environ 800 euros, car beaucoup d’employés sont payés au SMIC et travaillent à temps partiel. En chômage partiel, avec 85 % du salaire, il ne vous reste plus grand-chose. Surtout pour payer un loyer parisien ou en proche banlieue, mais aussi nourrir et élever ses enfants."

Ils seront forcés soit par leur direction, soit par le manque d’argent

Face à cette précarité, la salariée de McDo alerte : "J’ai personnellement 27 ans de boîte mais en général le turnover est très élevé parmi les personnels. Les salariés n’auront pas le choix d’aller travailler ou non : ils seront forcés soit par leur direction, soit par le manque d’argent. Ils seront obligés d’aller bosser." Et selon elle, confinement ou pas, "il n’y aura pas de prime, connaissant la politique sociale de l’entreprise".

Autre risque, d’après Lynda Zarif : les autres chaînes concurrentes de restauration rapide pourraient suivre la décision de McDonald’s. "Quick, KFC, Burger King… Ils attendent tous de voir ce que va dire McDo au niveau de la branche. Je pense qu’ils rouvriront tout doucement. Il faut faire passer la santé des salariés avant le profit, ce n’est pas comme ça qu’on va pouvoir se débarrasser de ce virus."
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