La décision préfectorale interdisant l'accès à la capitale prise ce jeudi matin n'arrête pas les "Convois de la liberté", bien décidés à manifester à Paris samedi.
"Cela m’aurait étonné si la préfecture n’avait pris aucune mesure." Jérôme Rodrigues, un participant au mouvement de protestation et figure des Gilets Jaunes, réagit ce jeudi à l’interdiction de la manifestation des "convois de la liberté" prévue dès ce vendredi à Paris.
"Avant même que les différents convois n’arrivent sur Paris, on est déjà dans une entreprise de répression et de restriction. Encore une fois, on voit que le gouvernement est incapable de répondre aux citoyens que par la répression", regrette-t-il.
"Consignes de fermeté"
Ce matin, la préfecture de police a interdit aux "convois de la Liberté" d'accéder à Paris. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le préfet de police invoque "des risques de troubles à l'ordre public que pourrait causer ce rassemblement", car "l'objectif affiché serait de bloquer la capitale en entravant la circulation routière dans les rues de Paris".
"Un dispositif spécifique sera mis en place (...) pour empêcher les blocages d'axes routiers, verbaliser et interpeller les contrevenants à cette interdiction", précise la préfecture de police. L'arrêté est valable du vendredi 11 février – jour d’arrivée des différents convois – au lundi 14 février 2022.
Dans son communiqué, le préfet de police, qui a donné "des consignes de fermeté" aux policiers, rappelle qu'entraver la circulation est passible d'une peine de deux ans d'emprisonnement, d'une amende de 4500 euros, de l'immobilisation et de la mise en fourrière du véhicule, de la réduction de moitié du nombre maximal de points du permis de conduire et de sa suspension pour une durée maximale de trois ans. Il rappelle également que "l'organisateur d'une manifestation interdite peut être puni de six mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende et les participants seront verbalisés avec une contravention de quatrième classe", soit 135 euros, ajoute la préfecture.
"C’est comme d’habitude"
Brigitte est retraitée. Elle habite à Rozay-en-Brie (Seine-et-Marne). Elle a prévu de participer aux "convois de la liberté" et de se rendre à Paris ce week-end. Ce qui la motive, c’est avant tout un sentiment d’injustice sociale. Elle compte se rendre en groupe dans Paris. "Rien n’a changé. [Didier] Lallemand peut dire ce qu’il veut, si on veut rentrer [dans Paris], nous sommes des citoyens libres. Nous sommes en droit de circulation", explique-t-elle.
Le convoi est fait pour montrer qu’une grosse manifestation de ce type peut se faire dans la convivialité et l’entraide même en étant à Paris.
Brigitte
Et au même titre que pour Jérôme Rodrigues, les multiples mises en garde de la préfecture ne sont pas une nouveauté. "C’est comme d’habitude. J’ai l’habitude de manifester à Paris. On connait les interdictions de [Didier] Lallemand". "Le convoi est fait pour montrer qu’une grosse manifestation de ce type peut se faire dans la convivialité et l’entraide même en étant à Paris", explique Brigitte. Cette dernière explique par ailleurs se rendre dans la capitale "à titre individuel, de façon à ce qu’on ne puisse pas nous interdire d’y aller et de pouvoir rentrer dans Paris".
Mouvement venu du Canada
Rappelons que le "convoi de la liberté" est un mouvement s'inspirant du blocus effectué depuis plusieurs jours par des routiers canadiens. A l’origine, il visait à protester contre la décision d'obliger les camionneurs à être vaccinés pour franchir la frontière avec les États-Unis. Depuis, il est devenu une protestation générale contre les mesures sanitaires dans leur ensemble et contre le gouvernement. La capitale Ottawa est depuis fin janvier bloquée par des camions et des manifestants.
En ce qui concerne la France, l’appel a été lancé sur une page Facebook dédiée à la mobilisation. Elle comptait plus de 344 000 membres ce jeudi. À moto, en voiture ou en camion, les différents convois sont partis dès mercredi matin des quatre coins du pays pour converger vers Paris vendredi en début de soirée.
Leur revendication : l’abandon des restrictions sanitaires en vigueur. Environ 1 600 personnes ont été comptabilisées au plus haut ce jeudi, ont indiqué des sources policières à l'AFP, soulignant que le mouvement est fluctuant et que beaucoup de participants ne font que quelques étapes. Le "mouvement reste encore très mesuré", ont précisé ces sources, ajoutant ne pas voir à ce stade de "stratégie de blocage en amont de Paris".
Ce convoi reprend tout un panel de revendications pour lesquelles on milite depuis trois ans et qui va aujourd’hui intéresser une grosse partie des Français.
Jérôme Rodrigues
Déjà mercredi, jour de départ des convois, Jérôme Rodrigues relayait les appels à se structurer pour éviter les tensions lors des manifestations. "Ce convoi reprend tout un panel de revendications pour lesquelles on milite depuis trois ans et qui va aujourd’hui intéresser une grosse partie des Français", expliquait-il.