"250 jours sans travail, ni aides" : les professionnels de l’extra événementiel collent leurs portraits dans Paris

Maîtres d’hôtel, cuisiniers, femmes de chambre… Avec la crise sanitaire, de nombreux professionnels de l’extra événementiel n'ont plus de travail. Dans une situation de plus en plus précaire, ils demandent des aides et la reconnaissance d’un statut d’intermittent.

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"250 jours sans travail, ni aides", "Nous sommes fiers de vous servir, soyez fiers de nous aider"… Pour alerter sur leur situation, les extras de l'événementiel ont mené une nouvelle action ce lundi. L'Organisation du Personnel de la Restauration en Événementiel (OPRE), qui regroupe des cuisiniers, des hôtes ou encore des maîtres d’hôtels, a en effet appelé les professionnels à coller leurs portraits sur les murs de Paris.

"L’objectif est de placarder ces photos dans la capitale et un peu partout en France, explique Nicolas Debordes, cofondateur de l’association, par ailleurs responsable maître d'hôtel. On travaille essentiellement pour les traiteurs, il faut gérer les plannings, diriger parfois plusieurs affaires par jour... Ça fait 20 ans que je suis dans cette profession, les gens imaginent parfois que c’est un job en plus, alors que c’est du plein temps. Nos métiers sont souvent invisibles au quotidien, malheureusement ils sont aussi invisibles aux yeux du gouvernement en ce moment. Avec cette action, l’idée est de sortir de l’ombre."
 


A Paris, une quarantaine de personnes se sont mobilisées ce lundi pour placarder les affiches, selon François Choux, porte-parole pour l’OPRE : "On est principalement dans le secteur des Champs-Elysées, mais on est aussi dispatchés un peu partout, à République, Bastille, ou encore Oberkampf." L’association, qui relaie la campagne sur les réseaux sociaux, cherche ainsi à interpeller l’Etat.
 


Au total, on compte environ 70 000 professionnels de l’extra événementiel en France, dont 40 000 en Île-de-France, selon Nicolas Debordes. Nombre d’entre eux se retrouvent aujourd’hui dans une situation de forte précarité, faute d’activité. Maîtres d’hôtels, chefs, serveurs, femmes de chambre… "On travaille beaucoup sur les salons notamment, à Porte de Versailles ou au Bourget par exemple, ou encore des évènements comme Roland-Garros", précise François Choux, qui est également responsable maître d’hôtel.

"Certains collègues ont dû repartir vivre chez leurs parents, à 30, 40 ans"

Avec la crise sanitaire, beaucoup de professionnels finissent par épuiser leurs droits au chômage, quand d’autres se retrouvent au RSA. "Du jour au lendemain, le salaire tombe à zéro, c’est très compliqué, déplore Nicolas Debordes. On tente de faire des cagnottes en ligne pour venir en aide à certains collègues." Une situation difficile également décrite par François Choux : "Les conséquences sont dramatiques. De nombreux collègues ne savent plus quoi faire, certains ont dû repartir vivre chez leurs parents, à 30, 40 ans, alors qu’ils n’ont rien fait de mal. Derrière, c’est compliqué de payer les crédits. Et les loyers continuent à tomber."
 

Malgré les restrictions sanitaires, l’OPRE multiplie les manifestations pour tenter de se faire entendre. Après avoir entre autres étalé 500 chemises blanches devant la tour Eiffel en mai dernier à la fin du premier confinement, 300 professionnels ont aussi bloqué le périphérique parisien, le 13 octobre. "On a fait au total 14 actions en Île-de-France", détaille François Choux.
 
Outre des aides financières, les professionnels de la restauration événementielle souhaitent revenir à leur statut d’intermittent perdu en 2014, et bénéficier d’une année blanche, sur le même modèle que les intermittents du spectacle. Une proposition de loi, portée par le sénateur des Hauts-de-Seine Xavier Iacovelli (RDPI-LREM), a été déposée.

Pour nous, chaque jour compte

"Il y a deux parties, résume Nicolas Debordes. Il y a d’abord des aides d’urgence. A ce stade, on ne rentre pas dans les cases d'aides aux entreprises… On paie nos impôts, mais on se retrouve avec rien du tout aujourd’hui. On demande aussi une année blanche jusqu’à décembre 2021. La suite concerne notre régime, on souhaite retrouver notre statut : nous avons le même rythme et les mêmes contraintes que les intermittents. Aussi, si la réforme de l’assurance chômage n’est pas repoussée, c’est la mort du métier, ça serait une véritable catastrophe. Il nous faut une sécurité quand on ne peut pas travailler, pour nous protéger."
 

François Choux souligne l’urgence dans laquelle se trouvent les extras : "Quand certains parlent parfois de l’importance de protéger l’art de vivre à la française, le risque, aujourd’hui, est que notre profession disparaisse purement et simplement. Sans aide, il ne restera plus personne à la reprise. De nombreuses personnes vont quitter l’événementiel, et ne reviendront pas. On dit qu’on nous écoute du côté du gouvernement, mais pour nous, chaque jour compte." Pour ce qui est de l’action menée ce lundi, des collages ont également été organisés à Rouen, en Provence-Alpes-Côte d'Azur ou encore dans la région bordelaise.
 
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