Le Théâtre du Châtelet, au cœur de Paris, s’apprête à rouvrir après deux ans et demi d'expertises et de travaux. De quoi redonner un coup de jeune au bâtiment, inauguré il y a plus de 150 ans, avec plus de couleurs et de luminosité.
Depuis son inauguration en 1862, le bâtiment a eu droit à cinq restaurations. Le Théâtre du Châtelet prépare sa réouverture après avoir subi plus de deux ans de travaux, pour redonner de la fraîcheur à cette salle de spectacle capable d’accueillir 2 000 spectateurs.
Le chantier a d’abord permis d'enlever la couleur marron-beige, jugée parfois un peu triste, qui dominait les couloirs et les vestibules. « On a mis fin au règne du beige », se réjouit d’ailleurs l'architecte mandataire Philippe Pumain qui, avec Christian Laporte – architecte du patrimoine – a supervisé ce chantier. Autre nouveauté : l’apparition de décors d'origine de faux marbre, avec des effets de trompe-l’œil.
La grande salle, elle, a retrouvé le lustre qu'avait voulu lui donner Gabriel Davioud, architecte du Théâtre impérial du Châtelet. Les parties peintes et dorées des balcons et de la coupole ont aussi été largement rénovées pour se rapprocher du décor d’origine.J-4 / Aujourd’hui on réinstalle les statues allégoriques en façade du Théâtre ! pic.twitter.com/SSC0qXeVp0
— Théâtre du Châtelet (@theatrechatelet) September 9, 2019
Revenir au décor d'origine, disparu depuis la fin du 19e siècle
« Je pense que la salle n'en a jamais été aussi proche qu'aujourd'hui, raconte d’ailleurs Philippe Pumain. Dès la fin du 19e siècle, ils ont repeint les décors, restauré. Mais restaurer à l'époque, c'était quasiment refaire. Le décor d'origine n'a quasiment plus été vu depuis la fin du 19e siècle. »Pour restaurer ces parties, les superpositions de peinture, de vernis et de bronzine ont donc dû être retirées une à une. Le théâtre retrouve aussi son plafond rétro-éclairé – autrefois activé grâce à des becs de gaz. Le dispositif est censé offrir des intensités lumineuses différentes, avec des variations de couleurs.Pour ce qui est du Grand Foyer, les équipes ont dû étudier des photos et des dessins d'origine, à défaut d’avoir retrouvé le décor d'origine comme l’explique Philippe Pumain : « C'est ainsi qu'on a recréé ce papier peint, on a dessiné, on a fait imprimer. Il a été recréé dans un style néo-renaissance. » Cinq oculi donnant sur la galerie voisine ont d’ailleurs été ouverts, pour plus de luminosité.
31,5 millions d'euros de budget
Autre changement : les galeries ont été rebaptisées. La Galerie Adami devient ainsi par exemple la Galerie Joséphine Baker, le Salon des glaces le Salon Juliette Gréco, et le Salon Debussy le Salon Barbara.Déplombage, désamiantage intégral, chauffage, plomberie, climatisation, accès des personnes à mobilité réduite… Outre la restauration artistique, un ensemble complet de travaux techniques ont été menés au cours des années de chantier. Pour changer plus vite et plus facilement les décors, une nouvelle cage de scène, informatisée, a enfin été installée.Côté budget, le coût total des différentes opérations s’élève à 31,5 millions d'euros. 5,2 millions d’euros ont d’ailleurs été financés par les bâches publicitaires et le mécénat, notamment via une souscription de la Fondation du patrimoine : soit 43 000 euros récoltés, grâce à 121 donateurs.