Odeurs de poulet frit, nuisances sonores "24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", travaux... Ouvert en avril dernier, un nouveau restaurant KFC qui donne sur la place Pigalle provoque la colère de riverains.
"Les odeurs de friture remontent, c’est très désagréable… Ça sent le graillon et je suis aux premières loges", déplore Meriem. Cette Parisienne habite au premier étage d’un immeuble sur le boulevard de Clichy, dans le 18e arrondissement de Paris, juste au-dessus d’un restaurant KFC. Depuis l’ouverture du fast-food, il y a cinq mois, plusieurs voisins du bâtiment - dans lequel on trouve 15 copropriétés - se plaignent de nuisances.
"J’habite au-dessus de fenêtres qui ont été condamnées pour la climatisation du KFC. Cet été, c’était infernal. Il faisait beaucoup trop chaud, avec un air vicié, ce n’est pas possible", raconte Christiane, qui habite au deuxième étage. "Il y a le bruit aussi, de jour comme de nuit, on ressent les vibrations des chariots qui roulent, comme de gros meubles déplacés en permanence. Le KFC est ouvert de 11h à minuit, mais le restaurant vit quasiment 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", soulignent Lucien et Catherine, qui vivent au troisième étage.
Meriem confirme : "Quand c’est ouvert, on entend les chaises des clients qui raclent le sol. Mais il y a également les déchargements de marchandises, l’équipe qui range le soir, l’équipe qui fait le ménage la nuit, avec des bruits sourds et irréguliers, tout le temps. Il y a aussi les livreurs à domicile. On n’a rien contre eux : le problème, c’est qu’ils sont obligés d’attendre longuement sur la voirie, sous les fenêtres, ils ne sont pas accueillis à l’intérieur."
"Un parc d’attractions bas de gamme à ciel ouvert"
Les voisins déplorent aussi les conséquences des travaux qui ont précédé l’ouverture, entre août 2023 et avril dernier. Christiane évoque "la poussière" et des "dégradations sur l’immeuble". Mais elle pointe surtout du doigt "la méthode employée par KFC pour jouer sur la lenteur des procédures", alors que "la copropriété avait voté deux fois contre l’implantation du restaurant".
"Ils font tout pour forcer la main des propriétaires. Ils ont déposé un référé en nous attaquant pour abus de majorité, puis ils ont fait en sorte de reporter l’audience, jusqu’à retirer leur plainte. Tout ça pour faire leurs travaux et nous faire baisser les bras. Pour nous, les frais sont énormes, de l’ordre de 20 000 euros au total", raconte Meriem.
Lucien, lui, note "des échanges stériles avec la mairie d’arrondissement". "Le quartier est en train de devenir un parc d'attractions bas de gamme à ciel ouvert, déplore Catherine. Juste à côté, il y a déjà un Subway et un McDonald’s. Plus loin, il y a aussi un Berliner, un Five Guys, un Popeyes… C’est un alignement de fast-food. Ces restaurants s’adressent aux touristes et aux jeunes, avec de la malbouffe pas chère. Dans le quartier, on a besoin de commerces de proximité, avec des librairies ou des boulangeries par exemple."
"Fermeture anticipée", "patins sous les chaises", "destructeur d’odeur"...
À l’intérieur du restaurant, franchisé, une employée à la caisse reconnaît que "des voisins sont venus se plaindre à propos de problèmes d’odeurs et de bruits, ce genre de choses". Contactée, l’enseigne KFC France répond qu’elle "veille à intégrer pleinement" ses restaurants "dans leur environnement local", "à chaque nouvelle ouverture". "Nous maintenons un dialogue régulier avec la copropriété du 16 boulevard de Clichy afin d'aborder les préoccupations des résidents et d'améliorer notre impact sur le quartier", assure KFC France.
"Des mesures concrètes ont été mises en place pour réduire les nuisances sonores, notamment la fermeture anticipée de la salle de restauration du premier étage en semaine comme les week-ends, le décalage de l’intervention de la société de nettoyage au matin, ainsi que l’installation de patins sous les chaises et tabourets pour limiter le bruit", indique l’enseigne.
"Concernant les nuisances olfactives", KFC France précise qu’"un destructeur d’odeur" a été installé début octobre. L’enseigne se dit "déterminée à poursuivre" l’"échange" avec les riverains "afin de garantir une cohabitation harmonieuse avec le voisinage".