Les véhicules électriques tiennent la route, alors que la pénurie d’essence fait rage. Un coût de recharge à domicile réduit et les différentes offres séduisent les acheteurs. France 3 Paris-Île-de-France fait le point sur la place de la voiture électrique dans votre région.
Ouvrez l'œil ! Avez-vous vu ces Tesla Model 3, ces Renault Zoé ou ces Peugeot e-208 dans votre rue ? Où peut-être que vous avez un faible pour les futures Renault 4 ou Renault 5 électriques, bientôt présentées au Mondial de l'automobile 2022 ?
Ce sont quelques exemples de voitures électriques actuelles ou bientôt disponibles, en région Île-de-France. Le manque d'essence et de gazole actuel profite aux utilisateurs de ces voitures. Malgré leur prix d’achat encore élevé, l'envolée des prix de l'énergie, et la difficulté pour trouver des points de recharge, elles séduisent peu à peu de nouveaux conducteurs.
Combien de véhicules électriques roulent dans la région ?
Les derniers chiffres disponibles datent de 2021. Selon le ministère de la Transition Ecologique, plus de 5,4 millions de voitures circulent en Île-de-France. Sur cet ensemble, 92.193 modèles fonctionnent à l'électricité ou à l'Hydrogène, soit près de 2% du parc automobile.
À noter que ces voitures peuvent être entièrement ou en partie propulsés par des batteries. Dans ce cas, ce sont alors des "hybrides". Elles possèdent des batteries rechargeables et un réservoir d'essence ou de gazole. Ces "hybrides" représentent presque la moitié des véhicules électriques d'Île-de-France, soit 44.606 véhicules électricité/essence et 822 véhicules électricité/gazole, selon les services du ministère.
Des statistiques qui sont en hausse continue. Dix ans auparavant, les modèles électriques étaient beaucoup moins nombreux dans la capitale et ses environs. En 2011, pour un peu plus de 4,9 millions de véhicules en circulation dans notre région, il n'y avait au total que 6.866 voitures électriques ou hybrides, soit 0,14% du parc automobile.
Dans le détail, c'est la somme des 6.299 hybrides électricité/essence, des 7 hybrides électricité/gazole et des modèles entièrement électriques. À cette époque, ces voitures qualifiées de "propres" étaient 13 fois moins nombreuses dans nos rues qu'en 2021.
Le nombre de ces voitures continue à s'accroître. En 2016, ce sont 23.295 voitures qui tournent à l'électrique. Plus précisément, ce parc se compose de 12.776 voitures entièrement électriques, 10.409 hybrides électricité/essence et 110 hybrides électricité/gazole. Un chiffre à mettre en balance avec les 5,2 millions de voitures qui circulaient alors en Île-de-France.
Est-il facile de charger sa voiture électrique dans la région ?
C'est peut-être votre principale préoccupation ou cela va bientôt l'être. En Île-de-France, le gestionnaire de réseaux électriques Enedis recense en moyenne 100 points de charge publics pour 100.000 habitants. Cette statistique date de juillet 2022.
De son côté, l’association Avere (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), parle de 13.012 points de charge publics disponibles dans la région. Il s'agit de données de la fin du mois de septembre. Soit une moyenne de 109 points de charge publics pour 100.000 habitants.
Notre région se situe dans la moyenne, mais ne dépasse pas la région Occitanie qui caracole en tête avec une moyenne de 128 points de charge publics pour 100.000 habitants.
Nuance importante à savoir : un point de charge n’est pas une borne de recharge. Une borne peut en effet contenir plusieurs points de charge, en clair, plusieurs prises électriques, permettant de recharger plusieurs véhicules en même temps.
Est-ce que ça coûte cher ?
Le prix d'un modèle électrique est surement le premier élément qui vous vient à l'esprit. À l'heure actuelle, les prix sont encore élevés. Même s'il existe plusieurs aides et bonus écologiques de l'Etat, pour favoriser l'achat de voitures propres.
Parmi les modèles les moins chers, se trouvent les Dacia. Pour être au volant d'une Spring électrique neuve, comptez 19.800 à 21.300 euros, à en croire le site L'Argus. Il faut au moins 33.700 à 36.900 euros pour une Renault Zoe neuve, alors que le prix des Peugeot oscille entre 33.000 euros pour la e-208 et 43.150 euros pour sa e-2008. Des prix qu'il faut toutefois mettre en balance avec le coût de recharge des batteries, qui peuvent être avantageux.
Vous vous demandez donc combien débourser pour charger la batterie : tout dépend du moyen que vous utilisez. Il y a, au choix, les bornes en ville, sur autoroute ou à domicile.
Nous avons interrogé un des nombreux opérateurs de bornes pour véhicules électriques. Il nous indique qu’il est plus économique de recharger sa voiture à domicile.
En prenant comme référence le tarif de base d'EDF, lorsqu’on charge son véhicule chez soi, cela revient à une moyenne de 18 centimes d’euro le kilowattheure. Soit environ 3 ou 4 euros pour faire 100 km.
Ehsan Emamiprésident de la société Qovoltis
"Sur autoroute, la recharge se fait plutôt aux alentours de 70 centimes le kilowattheure, et on est alors sur du 14 à 15 euros aux 100 km. Il ne s’agit pas des mêmes chargeurs que ceux que l’on peut avoir chez soi, mais des bornes rapides. La charge chez soi est certes plus longue, mais elle reste plus économique", continue-t-il.
A la maison, recharger sa voiture revient à 18 centimes d'euros le kilowattheure, comme l'indique Ehsan Emami, président de la société Qovoltis.
Quelle autonomie ?
Autre aspect important : connaître l'autonomie de sa voiture pour ne pas tomber en panne ou éviter une recharge coûteuse sur autoroute.
Engie et EDF prennent comme exemple commun une voiture électrique, avec une batterie d'une puissance de 50 kilowattheure. Les deux fournisseurs d’énergie indiquent que son autonomie est comprise entre 250 et 350 kilomètres, une fois chargé.
De leur côté, les constructeurs BMW et Ford évoquent 600 à 615 km à parcourir, après une charge complète. Dans le même temps, Renault se prévaut de 395 km maximum après recharge, pour sa Zoé. Quant à Tesla, elle revendique 602 km d'autonomie. Il s'agit des données du constructeur américain exclusivement tourné vers l'électrique, pour sa Model 3.
Au final, la voiture électrique progresse doucement dans Paris et sa région. A Paris où le stationnement est gratuit pour les électriques, elle fait partie des véhicules qui circulent sans restrictions. Un avantage, puisque la liste des véhicules autorisés en zone de faible émission, ZFE, (NDLR : la ZFE regroupe Paris et toutes les communes à l'intérieur de l'autoroute A86) doit encore se restreindre dans les années à venir.
Coup de pouces de l’État
A la veille de l’ouverture du mondial, le président Emmanuel Macron a annoncé dimanche une série de nouveaux coups de pouces à l'achat de voitures électriques.
Dans une interview accordée aux Echos parue ce lundi, le chef de l’État a annoncé que le "bonus écologique" va être porté de 6000 à 7000 euros pour la moitié des ménages achetant une voiture électrique. "Parce que nous voulons rendre la voiture électrique accessible à tous, nous allons même porter le bonus écologique de 6000 à 7000 euros pour la moitié des ménages, les plus modestes", a indiqué le chef de l’État.
Rappelons toutefois que ce bonus est valable pour les véhicules vendus moins de 47 000 euros, soit des électriques compactes ou des SUV, comme la Renault Mégane ou la Peugeot e-2008, mais pas une Tesla.
La location d’un véhicule électrique à 100 euros par mois pour les ménages les plus modestes devrait être lancée au deuxième trimestre 2023. Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé que le bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie va être étendu aux recharges sur les bornes électriques.