Les centres de santé Cosem placés en redressement judiciaire, des salariés entre abattement et révolte

Visés par une enquête judiciaire sur leur gestion financière, les centres de santé Cosem ont été placés en redressement judiciaire, avec période d'observation de 6 mois. Chez les salariés, l'inquiétude grandit.

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Comme si de rien n'était, les patients défilent, les soins se poursuivent, les consultations s'enchaînent. Mais chez les 1350 salariés du Cosem, l'inquiétude grandit. Hier soir, le tribunal de commerce de Paris a placé en redressement judiciaire, avec une période d'observation de six mois, le groupe de santé associatif. Deux administrateurs et deux mandataires judiciaires pilotent désormais la structure dont les dettes se chiffreraient à plusieurs dizaines de millions d'euros. 

"C'est une bonne nouvelle ! La justice s'occupe de nous, reconnaît un mèdecin. On va avoir de l'aide des administrateurs pour gérer la finance. Mais c'est une mauvaise nouvelle parce qu'on ne sait toujours pas ce que l'on va devenir. Nos problèmes sont énormes. On ne peut plus embaucher du tout ...".

" On a un gros problème avec les fournisseurs. Leurs factures sont gelées à cause du redressement judiciaire. Ils se retrouvent dans une situation catastrophique pour certains. On ne sait pas si on aura le matériel nécessaire pour faire le travail demain"

Muriel Saint-Omer, déléguée syndicale CGT et élue au Comité Social d'Entreprise du Cosem

De son côté, la direction se veut rassurante en affirmant que "les soins sont réalisés et les salaires sont payés durant toute cette période". La "pérennité" du groupe n'est "pas en cause". La procédure "permettra à l'association de retrouver sa stabilité et d'apaiser le climat social", clame-t-elle dans un communiqué de presse.

Au moins 37 millions d'euros de dette

Cette demande de placement en redressement judicaire avait été annoncée par le Directeur Général dés dimanche soir, confient certains salariés. Daniel Dimermanas et sa famille sont au coeur d'une enquête de la Brigade de la Répression de la Délinquance Economique (BRDE) diligentée par le Parquet de Paris, suite à deux signalements. L'un émanait de la Caisse d'Assurance maladie, l'autre de salariés du Cosem. 

Dans une lettre ouverte, ces membres du comité de direction et représentants syndicaux dénoncent la gestion frauduleuse du groupe de santé associatif au profit de la famille Dimermanas. Début mai, ces 11 élus du Comité Social d'Entreprise lui ont demandé de régler ses dettes qu'ils estiment à au moins 37 millions d'euros. Un montant colossal pour un groupe médical créé à Paris en 1945 par un mèdecin résistant et subventionné par la Sécurité Sociale. 

Le directeur financier sanctionné

Une prise de position qui a valu une mise à pied à titre conservatoire à la Directrice des Ressources Humaines, début mai. Hier, c'était au tour du directeur financier de subir le même sort.

"On ne comprend pas cette décision alors qu'ils sont lanceurs d'alerte. Ils sont en théorie protégés par ce statut. Mais de toute façon, monsieur Dimermanas est au-dessus des lois ! Il fait ce qu'il veut. Ce qu'on espère, c'est que ces administrateurs judiciaires et le juge vont faire partir monsieur Dimermanas du Cosem. Il n'est plus légitime pour travailler chez nous après tout ce qu'il a fait."

Muriel Saint-Omer, déléguée syndicale CGT au Cosem

L'association de santé à caractère non lucratif, financée par des fonds publics, dispose désormais de six mois pour retrouver une stabilité financière.

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