Jusqu'à présent, Airparif se concentrait essentiellement sur la présence de particules fines dans la région. L'association a lancé une étude inédite sur les particules ultrafines (PUF) présentes surtout dans les zones urbaines et péri-urbaines.
Ces particules ultrafines ont la taille de celles d'un virus : moins de 0,1 micromètre, et ne font l'objet, à l'heure actuelle, d'aucune réglementation. C'est pour cela que l'association Airparif s'est saisie du dossier et a mené une étude de plusieurs mois sur leur présence dans l'ensemble de la région.
"Les résultats montrent que les particules ultrafines sont présentes partout, mais surtout en zone urbaine. Pendant la campagne, on a vu qu'il y en avait 2 à 3 fois plus dans les zones urbaines et périurbaines que dans les zones rurales", explique Antoine Trouche, ingénieur chez Airparif.
48 000 décès par an
Quatre stations ont été implantées dans la région pour mesurer la présence de ces PUF. Une à Paris (aux Halles), une à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), une autre à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) et une dernière à Bois-Herpin (Essonne).
Pour compléter ces premiers résultats, d'autres campagnes de mesures sont prévues. Une autre a déjà eu lieu pour déterminer l'impact du trafic routier et sera publiée prochainement. D'autres séries de mesures doivent avoir lieu pour étudier la pollution liée au trafic aérien mais elles ne seront pas achevées avant 2024. Car leur dangerosité pour la santé est attestée.
Selon des chiffres de Santé Publique France, les particules, fines et ultrafines, sont responsables de 48 000 décès par an. Et plus leur taille diminue, plus leur toxicité augmente. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'environnement, de l'alimentation et du travail, indique ainsi que les PUF "sont encore plus nocives que les particules de taille supérieures, car elles pénètrent plus profondément dans l’organisme."
Le trafic routier et le chauffage au bois responsables
Par ailleurs, un autre élément a été déterminé par cette première étude de l'association concernant les PUF : "Nous avons vu que même loin des sources de pollution comme les autoroutes, les sources d'émissions principales étaient le trafic routier et le chauffage urbain notamment le chauffage au bois", poursuit l'ingénieur.
En 2020, Airparif avait d'ailleurs modélisé trois scénarios visant à réduire les particules fines liées au chauffage individuel au bois :
Il y aurait 30 000 logements dans la région qui utiliseraient un chauffage individuel au bois datant d'avant 2002. Leur remplacement "permettrait de réduire d’un quart les émissions de particules fines liées au chauffage principal individuel au bois, 8% des émissions de particules du chauffage au bois résidentiel et 2% des émissions totales de particules sur la région".
Un autre scénario permettrait de réduire de "44% les émissions de particules du chauffage au bois résidentiel et de 13% les émissions de particules en Ile-de-France", en cas d’arrêt total de tous les équipements à foyer ouvert soit 160 000 équipements.
Enfin, l’arrêt de l’usage du chauffage au bois d’agrément et du feu de cheminée plaisir concernerait environ 173 000 équipements. "Ce scénario permettrait de réduire de 26 % les émissions de particules du chauffage au bois résidentiel et de 7 % les émissions de particules en Ile-de-France, tous secteurs confondus", indique Airparif.
La poursuite de ces études permettra prochainement de comparer Paris et sa région à d'autres métropoles européennes comme Bruxelles ou Londres.