Port du masque : les jeunes n'ont pas encore tous les bons réflexes

Par manque de connaissance des bons gestes à adopter, ou faute de budget suffisant, certains jeunes portent plusieurs fois le même masque, sans respecter les critères sanitaires.

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L’Organisation mondiale de la Santé s’inquiète de l’évolution du coronavirus auprès des plus jeunes. Lors d’une conférence de presse, le directeur de l’OMS dans le Pacifique occidental a expliqué : "L’épidémie est en train de changer. Les personnes d’une vingtaine, trentaine et quarantaine d’années sont de plus en plus à l’origine de la menace". Des publics qui ne respectent pas nécessairement toutes les consignes sanitaires, car ils se sentent moins vulnérables.

Pourtant, le virus ne les épargne pas. En Ile-de-France, les 18-40 ans font même partie des principaux concernés. "Ils développent des formes peu ou asymptomatiques. Ils ne sont pas forcément exposés aux formes graves, mais en revanche, ils vont favoriser la propagation du virus vers des tranches d’âge plus élevées, qui elles, malheureusement, sont plus fragiles, plus susceptibles de développer une forme grave", décrivait sur le plateau de France 3 Paris Ile-de-France, Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Yvelines).

Une situation qui peut résulter du non-port du masque par de nombreux jeunes, notamment dans les bars et restaurants, mais aussi de sa mauvaise utilisation par ces mêmes publics. Si beaucoup de jeunes franciliens portent le masque, ils ne respectent pas forcément les bonnes consignes d’emploi, parfois par méconnaissance des bons gestes. "J’en ai trois en tissu dans mon sac. Et j’alterne. Ce qui veut dire que je mets chaque masque, une à trois fois par semaine. Et je les lave toutes les semaines", raconte Emilie. Pierre a fait le même choix : "J’ai sept masques. J’en porte un par jour, et je les mets tous à la machine en fin de semaine". Si les deux Parisiens portent en toute circonstance leurs masques, ils ne répondent pas aux conditions d’utilisation. "Je ne les connais pas totalement d’ailleurs", avoue Pierre.

Le masque ne doit pas être porté plus de quatre heures

Ainsi, l’Association français de normalisation (AFNOR), recommande de ne pas utiliser un masque plus de quatre heures. Une fois passé ce délai, il perd en efficacité et ne fait plus obstacle aux particules virales. De plus, l’AFNOR préconise de laver le masque en tissu "après chaque utilisation en machine, à une température de 60° et dans un cycle d’eau d’au moins trente minutes" de manière à détruire le virus. Il faut ensuite le faire sécher en moins de deux heures, pour éviter que les bactéries et le virus ne prolifèrent.
Des normes auxquelles il est difficile de répondre pour certains franciliens. "Une fois qu’on l’a mis, il ne faut plus le toucher. On doit en changer toutes les quatre heures… donc il ne faut plus bouger dans la journée ! Sans parler du prix si on doit en changer tout le temps", explique Steven. Et le coût des masques revient en effet souvent dans les préoccupations des publics les plus jeunes. Certains ne font pas l’impasse par conviction ou par manque de volonté, mais tout simplement car ils n’ont pas les moyens de renouveler leurs stocks. "Au bout d’un moment ça représente un budget important. Je sais que ce n’est pas très citoyen mais c’est difficile de faire autrement. Du coup j’essaie aussi d’aller dans des endroits où le port du masque n’est pas obligatoire", se justifie le jeune homme qui réside à Saint-Ouen.

"Je porte plus le masque pour ne pas me faire punir. Et oui je porte des masques que j’ai déjà utilisé. Les policiers ne vont pas vérifier si mon masque est propre !"

Guillaume, 28 ans

Le 20 juillet dernier, il avait été calculé que le budget masque représentait 228 euros par mois pour une famille de quatre personnes de plus de onze ans. Chaque individu doit utiliser 60 masques jetables par mois. Elle doit donc dépenser 57 euros en masques jetables, le prix du masque étant plafonné à 95 euros. Quant aux masques en tissu, ils représentent une dépense mensuelle de 24 euros pour une seule personne.L’argument financier a contraint Nicolas à porter plusieurs fois le même masque. "Même les masques jetables je suis amené à les remettre. Et puis il n’y pas que l’achat, il y aussi l’amende pour le non-port. Je préfère mettre un masque que j’ai déjà porté, plutôt que de recevoir une amende". Guillaume va même plus loin : "Ce n’est pas un masque contre le coronavirus, c’est un masque contre les sanctions !". En effet, le non-port du masque engendre une amende de 135€. "Je porte plus le masque pour ne pas me faire punir. Et oui je porte des masques que j’ai déjà utilisé. Les policiers ne vont pas vérifier si mon masque est propre !", affirme le jeune homme de 28 ans.

Ne pas contaminer les autres

Mais beaucoup de jeunes essaient d’appliquer les mesures comme il se doit. Gengis prend à cœur de respecter les bons gestes : "Je le porte à chaque fois que je sors. Je vis dans une zone où le masque est obligatoire, donc je le porte tout le temps". Le jeune homme de 23 ans alterne entre masques en tissu et masques jetables. "Par exemple, si je dois ressortir, mais que mon masque n’est pas sec car je l’ai lavé, je vais prendre un jetable. Mais une fois rentré, je le jette de suite". Pour lui, respecter la consigne est une manière d’éviter la propagation de la maladie : "Cela m’embêterait qu’à cause de moi, quelqu’un l’attrape, si jamais j’étais porteur asymptomatique. Je pense que ça aide à endiguer le virus".

Les raisons sont les mêmes pour Thibaud, 24 ans. "On est dans une situation où il faut une prise de conscience collective. On n’en sortira pas si on n’a pas tous le réflexe de mettre le masque. C’est pas tant pour moi que pour protéger les autres que je le fais", explique le jeune homme qui possède chez lui quatre masques lavables, et un pack de cinquante masques à usage unique. Malgré tout, il lui arrive d’oublier le protocole sanitaire. "Il m’arrive de mettre des masques non-réutilisables deux fois. J’ai pas encore totalement le réflexe de me dire ‘là je sors donc je prends un masque’. Je pars et je me rends compte que je n’en ai pas, alors je prends celui que j’ai dans ma poche et que j’avais porté la veille. Mais c’est très rare".

Si le masque est obligatoire dans de nombreuses zones très fréquentées de Paris, la police a reçu l’ordre de ne pas punir les fautifs, mais de les alerter sur la situation dans un premier temps. De nombreux spécialistes craignent tout de même une seconde vague en Ile-de-France, en raison notamment de la forte hausse des cas de contamination chez les plus jeunes. Entre le 3 et le 9 août, "cette augmentation était très fortement marquée chez les 20-29 ans, chez lesquels les taux d’incidence étaient compris entre 50 et 115 pour 100 000 habitants", indique Santé Publique France.
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