Dimanche, plus d’un Francilien sur deux ne s’est pas déplacé aux urnes, au premier tour des élections législatives. Comment l’abstention progresse-t-elle dans les différents départements de la région parisienne ?
Alors que ces législatives 2022 marquent un record historique d’abstention au niveau national, le phénomène concerne aussi de nombreux Franciliens : le taux atteint 51,4% des électeurs inscrits en Île-de-France, contre 52,5% en France.
Une abstention en hausse dans notre région : en 2017, lors des dernières législatives, le taux s’élevait à 50,4%. Toujours à titre de comparaison, l’abstention s’établissait à 24,0% dans le cadre du premier tour de la présidentielle de juin 2022.
Plus de 70% d’abstention dans certaines communes de Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre en métropole
L'abstention évolue différemment selon les territoires. La Seine-Saint-Denis est le département francilien où les électeurs se sont le moins déplacés aux urnes, avec 61,1% d’abstention dimanche. Le taux dépasse même 70% dans certaines communes comme Clichy-sous-Bois.
Suit le Val-d’Oise, avec 56,7% d’abstention au premier tour. A noter toutefois que dans ces deux territoires, marqués par de forts scores à gauche, l'abstention stagne par rapport à 2017. Il y a cinq ans, le taux atteignait 61% en Seine-Saint-Denis, et 56,6% dans le Val-d’Oise.
L’abstention dépasse la moitié des inscrits dans trois autres départements, avec :
- Un taux de 55,8% dimanche en Seine-et-Marne, contre 55,1% en 2017
- Un taux de 52,4% dimanche dans le Val-de-Marne, contre 52% en 2017
- Un taux de 52,3% dimanche en Essonne, contre 50,7% en 2017
Pour le reste, les trois départements de l’Île-de-France où les électeurs se sont le plus mobilisés sont :
- Les Yvelines, avec 48,1% d’abstention dimanche, contre 47,6% en 2017
- Les Hauts-de-Seine, avec 46,7% d’abstention dimanche, contre 45,9% en 2017
- Paris, avec 44,8% d'abstention dimanche, contre 43,3% en 2017
Comment expliquer l’abstention ?
D’après un sondage Ipsos-Sopra Steria pour Radio France, France Télévisions, France24/RFI/MCD et LCP Assemblée Nationale, au niveau national, 26% des abstentionnistes ne se sont pas prononcés ce dimanche parce que "les candidats ne parlent pas assez des sujets qui les préoccupent". Pour 24% des personnes concernées, "il n'y a pas eu de campagne électorale".
23% des abstentionnistes estiment qu'ils "ne connaissent pas les candidats qui se présentent dans leur circonscription", selon la même étude. 17% estiment enfin que "cette élection n'aura aucun impact sur leur vie ou sur la situation du pays".
A noter que c'est dans la tranche d'âge 25-34 ans que l'abstention a été la plus forte, avec 71% d'électeurs concernés par le phénomène. La participation diffère aussi selon le milieu social : une majorité d'électeurs qui disent appartenir aux classes moyennes inférieures, aux catégories populaires et aux défavorisés se sont abstenus. Pour ce qui est des affinités politiques, l'abstention n'est majoritaire que chez les sympathisants de LFI (52%).
1,8% de votes blancs et nuls en Île-de-France
Quant aux votes blancs et nuls, ces deux phénomènes cumulés représentent 1,8% des votants en Île-de-France. Alors que l’abstention concerne l’absence de vote, le vote blanc (qui fait l’objet d’une mention spéciale dans les résultats des scrutins, mais qui n’entre toutefois pas en compte pour déterminer les suffrages exprimés) désigne le fait de ne voter pour aucun des candidats.
Concrètement, cela consiste à déposer dans l’urne une enveloppe vide ou un bulletin vierge de toute inscription. Le vote nul est, lui, un vote non valable (bulletin raturé, déchiré, plusieurs bulletins dans une seule enveloppe…).
Dans le détail, les votes blancs et nuls cumulés représentent :
- 2,4% des votants en Seine-Saint-Denis
- 2,1% des votants dans les Hauts-de-Seine
- 2,1% des votants en Seine-et-Marne
- 2% des votants en Essonne
- 1,9% des votants dans le Val-de-Marne
- 1,9% des votants dans le Val-d’Oise
- 1,7% des votants dans les Yvelines
- 1,3% des votants à Paris
Au-delà de l’abstention ainsi que des votes blancs et nuls, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition qui rassemble les principaux partis à gauche, arrive en tête en Île-de-France. Le vote reste toutefois divisé géographiquement dans la région, Ensemble, la coalition qui soutient Emmanuel Macron, arrivant en position de force à l'ouest.