Le skipper de Boulogne-Billancourt Stéphane Le Diraison embarque à bord de Time For Oceans l'espagnol Didac Costa. Ensemble ils vont parcourir 5800 milles marins pour rejoindre la Martinique à l'occasion de la 15e édition de la Transat en double. Les 2 navigateurs nous racontent « leur » Jacques Vabre, ce qui les attend en mer, les anime et les pousse à larguer les amarres.
Comme les 78 autres concurrents de la Transat en double, les navigateurs Stéphane le Diraison et Didac Costa franchiront la ligne de départ ce dimanche à 13 heures 27 précisement. Cap sur Fort-de-France en Martinique. Plus de deux semaines de mer avant d'atteindre Fort-de-France.
Dimanche 7 novembre, 13 heures 27
"On va être assez gâté pour le départ, ce qui est rare pour la Transat Jacques Vabre. Après la route est longue", sourit Stéphane Le Diraison. "Une des difficultés majeures va être les transitions, de passer d’un anticyclone vers la zone des alizés et ensuite la fameuse zone du pot-au-noir, la zone de convergences intertropicales, siège de violents orages".
Et de poursuivre : "La particularité de cette course cette année c’est qu’on va franchir cette zone deux fois. Ça va être la loterie, les cartes peuvent être rabattues et bien malin qui peut écrire l’histoire ! Il peut y avoir des rebondissements et ça vaut le coup de s’accrocher car il peut se passer plein de choses. L’approche des îles peut aussi provoquer des ralentissements avec des coups à jouer et cela va très excitant !", décrypte le skipper de Boulogne-Billancourt.
Le duo s’est mis en place très naturellement, c’est de bon augure pour faire une belle course
Stéphane Le Diraison
"Il y a effectivement une grande différence entre la navigation en double et en solitaire" explique l’espagnol Didac Costa qui a participé au dernier Vendée Globe, la course autour du monde, en solitaire, sans assistance et sans escale. "Elle concerne notamment les manœuvres sur le bateau. On peut compter sur l’autre. Plus simple aussi de se reposer !
"On va pouvoir utiliser la puissance du bateau et en profiter ! Stéphane connaît très bien son voilier. Il a déjà fait 2 tours du monde", poursuit-il.
"Nous prenons les décisions de façon très naturelle ensemble mais le Capitaine, c'est Stephane !", déclare-t-il en riant.
Des propos confirmés par Stéphane Le Diraison. "Nous avons un respect mutuel par rapport à nos parcours sur le Vendée Globe. Nous avons affronté tous les 2 des conditions difficiles. Entre nous, il n’y a pas de bagarre d’ego et au contraire il y a un échange qui est riche car nous avons tous les deux des expériences qui sont un peu différentes et c’est précieux", assure-t-il. "C’est aussi l’occasion pour moi de remettre en cause ma façon de régler mon bateau. C’ela va être enrichissant", ajoute Stéphane.
Time for Océans est porteur de valeurs, un message de sensibilisation de protection des océans et plus largement de l’environnement
Stéphane Le Diraison
"Cette photo montre une opération de nettoyage avec un club de plongé brésilien à l’arrivée de la Transat Jacques Vabres 2019. En une heure de plongée, on a ramassé 100 kg de détritus. Elle montre aussi que nous pouvons faire des choses collectivement et pas individuellement pour trouver des solutions", se félicite Stéphane. Il ajoute : "En Martinique, là où nous allons arriver, les sargasses, ces fameuses algues brunes, prolifèrent en raison des pollutions chimiques, de l’utilisation des engrais et de l’agriculture intensive. Une prolifération qui s’accélère. Cela doit nous faire réagir."
Ses préoccupations environnementales sont partagées par son co-équipier Didac Costa : "Pendant mes derniers tour du monde j’ai également fait des projets sur l’environnement et j’ai travaillé avec des scientifiques. Nous partageons ces idées."
Mes enfants sont toujours associés à mes navigations
Stéphane Le Diraison
"C'est une photo plus personnelle mais je tenais à la montrer", avoue Stéphane père de 2 filles et un garçon. "Elle symbolise énormément de choses pour moi. Elle a été prise à l’arrivée du Vendée Globe. Les retrouvailles avec mes enfants ont été un peu comme une seconde naissance. Ils m’avaient tellement manqué pendant les 3 mois d'absence. Je me suis demandé si mon fils qui avait alors 4 ans allait me reconnaître.
"Les premiers à monter sur le bateau après avoir coupé la ligne d’arrivée ont été mes enfants. Et quand Louis est monté à bord il m’a fait un petit regard de lutin et là je me suis dit, c’est bon !", s'exclame-t-il.
Et de poursuivre : "L’absence est quelque chose qui peut être difficile à gérer quand on est en mer et il faut être bien préparé mentalement car on a un énorme sentiment de culpabilité. Mes enfants sont toujours associés à mes navigations. Je communique beaucoup avec eux pendant la course et je les inclus dans ma vie de skipper. Cela va peut-être les inspirer un jour à faire leur propre chemin dans la voile, ou non et d’aller au fond des choses pour les vivre intensément", sourit Stéphane.