"Rue des Archives" nous plonge dans les archives de l'audiovisuel. Cette semaine, l'heure est à la fête foraine. Foire du Trône, fête à Neuneu, fête des Loges… Des institutions vieilles de plusieurs siècles pour certaines d’entre elles, avec leur lot d’attractions et de folklores.
Aux beaux jours retrouvés, et même durant l'hiver, les fêtes foraines rythment la vie des Parisiens. Qu'il s'agisse de la Fête des Tuileries, de la Foire du Trône ou de la Fête à Neuneu, ces fêtes transforment le paysage de la capitale durant plusieurs semaines.
"Quand elle arrive", la fête foraine "va repeindre la ville, la transformer, en apportant la joie et le sourire", explique Jean Paul Favand, fondateur du musée des arts forains, à Paris. Avec un mobilier urbain éphémère : celui des manèges. Et des travailleurs venus pour l'occasion, à Paris ou Saint-Germain-en-Laye : les forains, dont l'un témoigne de son goût pour la vie "à l'air libre", dans un reportage de l'ORTF (1972).
Cette image de la fête foraine, telle qu'on la connaît aujourd'hui, remonte en fait à la Révolution industrielle, au XIXe siècle, précise Jean Paul Favand. C'est à cette époque que "la mécanique nécessaire pour faire fonctionner des manèges" est maîtrisée. La clientèle est également là : la main-d'œuvre venue des campagnes pour travailler en ville a besoin de se divertir.
Des moines de l'abbaye Saint-Antoine... à Marcel Campion
Mais avant la fête foraine, il y avait souvent une foire. Ainsi en est-il de la Foire du Trône, dont les origines remontent à l’an 957. Cette année-là, les moines de l'abbaye Saint-Antoine-des-Champs furent autorisés par le roi à vendre leur pain à la population, plongée dans la famine. La vente de charité virera à la fête.
Dans les premières foires - commerciales -, pas d'auto-tamponneuse, de montagnes russes, ou de grande roue. Mais des marchands et des saltimbanques : jongleurs, marionnettistes, puis illusionnistes.
Les progrès techniques ouvrent le champ des sensations fortes aux visiteurs : la vitesse, le vide, la lumière.
"Je prends plaisir à déambuler et à ouvrir les yeux sur toutes ces étoiles qui descendent sur terre."
Jean Paul Favand, fondateur du musée des arts forains"Rue des Archives", le 7 avril 2023
"De tout temps, les forains ont capté la lumière. Au début, des quinquets. Aujourd'hui, des LED", poursuit ce grand connaisseur des arts forains.
La fête de la science et des arts
Ces fêtes sont des lieux de diffusion des savoirs : la science (ludique) est un divertissement ; le cinéma, une expérience nouvelle pour les visiteurs. Mais si cet univers fascine le public en quête de détente, il inspire aussi les artistes. Comme Salvador Dalì, qui réalisera une performance artistique à la Foire du Trône, en 1966.
"Vivement qu'elle r'vienne la fête à Neuneu... Qu'on finisse la semaine en rigolant un peu", chantait l'humoriste Jean-Louis Blèze, en 1966 (une chanson de Maurice Chevalier). Ephémère, par définition, "la fête foraine est faite autant pour les adultes que pour les enfants", rappelle Jean Paul Favand.
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #24 consacré aux fêtes foraines en région parisienne.