Le Secours populaire déploie ses "Pères Noël verts" depuis plus de 45 ans pour égayer la fin d'année des plus précaires. À Paris comme ailleurs, des milliers de bénévoles oeuvrent pour n'exclure personne de cette période de fêtes. Une opération soutenue par l'humoriste Guillaume Meurice.
"Au vert. Soutien au Secours Populaire". Sourire en coin sur le gazon familial, Guillaume Meurice a la banane sous son bonnet couleur espoir. L'humoriste encourage sur Instagram l'opération "Pères Noël verts" de la célèbre association française de solidarité : "C'est plus que jamais nécessaire et c'est malheureusement le drame de l'époque de devoir pallier les manquements d'un État qui ne fout rien". En chaque fin d'année depuis 1976, les bénévoles du Secours Pop' sillonnent en effet la France pour collecter dons, cadeaux et colis alimentaires, une vaste organisation au service des plus pauvres et des plus isolés.
"Ça passe par des hottes dans les entreprises ou des kiosques dans la rue pour tout à chacun", raconte Abdelsem Ghazi, ami du chroniqueur et secrétaire général de la fédération de Paris depuis 2009. Dans la capitale, un millier de bénévoles portent ainsi le chapeau émeraude "pour donner un coup de main au vrai Père Noël", et convaincre surtout de donner à ceux dans le besoin.
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4 500 enfants bénéficiaires à Paris
"Ce sont les gens qui ont le moins qui donnent le plus", indique Guillaume Meurice. Avec l'inflation cependant, les dons se font plus maigres. "Il y a une baisse sur les dons non affectés à Noël", constate Abdelsem Ghazi. Alors cette année, l'association devait bien se faire voir, quitte à dégainer des voitures spéciales avec bonnet grande taille sur le toit. "Des Nissan rouges bien pratiques" pour ces collectes débutées le 16 novembre, et qui se termineront à la Saint-Sylvestre.
Dans le Val d'Oise, Michel est Père Noël vert depuis des années. Ce bénévole raconte la joie des gosses sur son passage, et leurs questions qui le font marrer : "je leur répond que si je suis vert, c'est parce que j'aide le rouge !". Les cadeaux donnés sont toujours neufs à Noël, le Secours populaire réserve la seconde main pour d'autres occasions. "Notre public est dans le recyclage toute l'année alors pour Noël, on donne du neuf", explique Abdelsem Ghazi. "Remettre en état des jouets nous demanderait trop de temps de toute façon, on ne peut pas s'amuser à compter les pièces d'un puzzle d'occasion...".
À Paris, 4 500 enfants devraient ainsi ouvrir un cadeau du Secours Pop' ce 24 décembre. Les familles répertoriées au préalable dans une des neufs antennes de la capitale viennent actuellement le choisir dans les sites de distribution de Château Landon (10e) et Charlety (13e).
Une période qui "exacerbe les solitudes"
Il y a les paquets, mais aussi les dons. Sur le site dédié, 960 000 euros ont déjà été récolté. Guillaume Meurice ironise au bout du fil, parle de toutes ces assos qui font le "boulot" des politiques et se rappelle cette scène "dingue" où Manuel Valls inaugurait les Restos du Cœur, "comme un moustique ouvrant un centre anti-paludisme". L'humoriste est impliqué depuis longtemps auprès du Secours populaire, il y donnait déjà des cours de théâtre il y a une dizaine d'années. Pour lui, ces Pères Noël verts permettent de ne pas oublier la violence que les fêtes représentent pour les plus précaires, "cette injonction à la consommation qui leur est difficile à vivre".
À la fédération de Paris, on prépare en tout cas les réveillons. Samedi soir, l'association organisera un "dîner solidaire" dans le 19e tandis que la soirée du Nouvel An se fera à l'Hôtel de Ville. Trois cents personnes isolées termineront l'année avec des bénévoles. Une initiative des plus salutaires pour Guillaume Meurice, qui traverse de façon "neutre" ce tunnel de fin d'année. Une période qui a tous les ingrédients pour "exacerber les solitudes".