Il suffit d'une phrase pour bouleverser une grossesse. Sophie de Chivré et Anaïs Feuillette ont appris que l'enfant qui bougeait dans leur ventre ne pourrait jamais vivre en-dehors. Comme de nombreuses autres femmes, elles ont dû avoir recours à une IMG. Un parcours du combattant peu médiatisé, que les deux réalisatrices racontent aux côtés d'autres victimes de ce tragique coup du sort.
En 2017, Sophie apprend que l'enfant qu'elle porte a une malformation cardiaque. S'il est en sécurité dans son ventre, sa naissance marquera aussi son décès. Trois ans plus tard, Anaïs vit la même expérience. Les deux femmes racontent, entourées de celles et ceux qui sont passés par là.
Trois lettres
"Il y a un problème" une phrase puis trois lettres : IMG : interruption médicale de grossesse, le dernier recours. Pour des milliers de mères chaque année, ce sont trois mots qui marquent le début d'un renoncement, la fin d'un avenir que l'on a mis des mois à construire. Passer de la joie à la sidération puis au traumatisme : comment comprendre la perte d'un enfant que l'on porte toujours ?
Cette question, Sophie, Anaïs, Soizic, Julie, Sandrine mais aussi Guillaume se la sont posée. Lors de la deuxième échographie pour la plupart, à la fin de la grossesse pour d'autres.
À leurs côtés gynécologues, psychologues et psychiatres accompagnent ces femmes qui ne donneront finalement pas la vie. Pour alléger le fardeau d'une telle décision, la responsabilité est portée par le couple et le médecin.
Puis, vient l'accouchement et son lot de cauchemars. Elles voient cet être qui était censé respirer, s'éteindre ou préfèrent ne pas le voir du tout.
"Je rentre chez moi et plus rien", "je me retrouve en congés maternité alors que je n'ai pas de bébé avec moi", "un manque physique abyssal". La solitude des mères se confronte alors à un dernier obstacle, le malaise des proches et l'effacement de cet enfant qui n'est jamais venu au monde.
Un sujet encore tabou
L'IMG est souvent critiquée et comparée à l'intervention volontaire de grossesse (IVG) mais elle renferme une toute autre réalité. Les parents passent par de longs processus administratifs, attendent la décision des médecins qui se réunissent chaque semaine pour statuer sur les demandes.
Heureusement, grâce aux progrès de la médecine, des diagnostics de plus en plus précoces et précis permettent de réduire la mortalité infantile et d'épargner aux familles un deuil supplémentaire.
Un documentaire diffusé ce jeudi dans La france en Vrai sur France 3 Paris Île-de-France et disponible en replay sur france.tv/idf