Interdiction de la manifestation des Hijabeuses "pour la sécurité des manifestants eux-mêmes" et "pour le maintien de l'ordre public"

Dans un communiqué publié mardi soir, la préfecture de police de Paris a interdit la manifestation du collectif "Hijabeuses". Elle dit redouter la présence "de personnes hostiles à la cause défendue et susceptibles d'en découdre".

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La préfecture de police de Paris a annoncé mardi soir interdire la manifestation prévue ce mercredi 9 février sur l'esplanade des Invalides à l'appel des "Hijabeuses", un collectif de footballeuses militant pour le droit à porter le voile lors de compétitions sportives. 

"Il est à craindre que cette manifestation n'attire, outre les personnes qui la soutiennent, des personnes hostiles à la cause défendue et susceptibles d'en découdre avec les premiers", explique la préfecture de police de paris dans un communiqué. Elle indique également que l’interdiction du rassemblement est justifiée : "aussi bien pour la sécurité des manifestants eux-mêmes que pour le maintien de l'ordre public".

La préfecture affirme également que la revendication du collectif "fait l’objet d’un débat vif et controversé entre partisans et opposants à cette demande, d’autant plus fortement exacerbé dans la période pré-électorale actuelle et dans le contexte international".

Action en justice

Le collectif des "Hijabeuses" a rapidement réagi sur Twitter quant à cette interdiction : "Nous avons évidemment saisi le tribunal pour contester cette décision arbitraire, injuste et complètement disproportionnée", précisant que l'audience se tiendrait ce mercredi matin. "Une fois de plus, on empêche les femmes de jouer", déclare le collectif, ajoutant que : "De notre côté, nous jouerons quoi qu’il arrive".

Sur les réseaux sociaux, les jeunes femmes avaient donné "rendez-vous à 16h30, pour le match Retour sur l'Esplanade des Invalides, juste à côté de l'Assemblée Nationale". Au programme, des "matchs de foot avec les Hijabeuses, les allié.e.s et les élu.e.s + prises de parole", avaient-elles annoncé. À noter qu’elles s'étaient déjà invitées brièvement le 26 janvier dernier dans le jardin du Luxembourg, au pied du Sénat, pour échanger quelques passes avec une banderole "Le football pour toutes", avant d'être invitées à partir par les gendarmes.

Fuite de l'arrêté préfectoral

Relayant et soulignant quelques passages de l’arrêté préfectoral complet (qui a fuité avant sa publication officielle et dont la véracité a été confirmée par une source policière auprès de France 3 Paris Île-de-France) interdisant la manifestation 9 février, la journaliste et militante Sihame Assbague indique de son côté qu’il y a dans ce document "toute la sémantique & les marques de l’islamophobie d’État".

On peut notamment lire dans l'arrêté que la revendication du collectif "Hijabeuses" (de pouvoir porter le voile lors des compétitions de football, ndlr) fait l'objet "d'un vif débat et d’un clivage important au sein de la société entre partisans de l'affirmation d'un islam politique, qui prône le port du voile par les femmes, et partisans des valeurs républicaines d’égalité entre les femmes et les hommes et d'émancipation contre toute forme de patriarcat notamment religieux".

Le document explique également que le débat est "fortement exacerbé dans la période électorale actuelle et dans le contexte international de lutte contre l'obligation faite aux femmes de porter le voile islamique dans certains pays musulmans telles que l'Iran ou l’Afghanistan" et qu'il a "tout récemment fait l'objet de réactions d'une grande violence de la part des partisans d'un islam radical, comme en témoignent les menaces de mort reçues par la journaliste présentatrice de l'émission de télévision ‘Zone interdite’ et par un témoin figurant dans le reportage récent que la chaîne M6 a consacré aux dangers de l'islam radical, menaces qui ont nécessité leur placement  sous protection policière". Un argumentaire rare de la part de la préfecture de police.

"C’est le pouvoir qui organise depuis des années l’exclusion & la domestication des musulmanes qui vient te parler d’émancipation du 'patriarcat religieux’", raille Mme Assbague dans un second tweet.

Vote à l'Assemblée nationale

L'appel des "Hijabeuses" à manifester le 9 février coïncide avec le retour à l’Assemblée nationale d'une proposition de loi de LREM sur le sport qui voit députés et sénateurs s'opposer sur la question de l'interdiction du port du voile en compétition.

Les sénateurs avaient voté le 19 janvier un amendement interdisant le port "de signes religieux ostensibles" lors d'une compétition sportive, aussitôt gommé par les députés. Les deux chambres n'ayant pu s'entendre sur un texte commun, une nouvelle lecture est prévue ce mercredi à l’Assemblée. Les débats doivent ensuite repasser par le Sénat le 16 février avant que les députés ne donnent leur dernier mot.

Créé en mai 2020, le collectif "Hijabeuses" se dresse depuis plusieurs mois contre la Fédération française de football (FFF) dont l’article 1 du règlement leur interdit de jouer voilées en compétition. Plus précisément, l'article 1 qui précise que "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale"

L'un de leurs arguments tient notamment à la position de la FIFA, l'instance mondiale du football, qui autorise, elle, les joueuses à évoluer en compétition internationale avec leur voile depuis 2014. La FFF a toujours argué dans cette affaire un suivi pur et simple de la loi et du principe de laïcité.

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