Éric Drouet, l'un des initiateurs des "gilets jaunes" interpellé samedi lors de l'"Acte 6" des manifestations à Paris, sera jugé le 5 juin prochain. Le parquet en attendant demande qu'il lui soit interdit de se présenter d'ici là dans la capitale.
Dans l'attente de ce procès, il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de porter une arme, a indiqué une source judiciaire à l'AFP. Il n'est cependant pas interdit de se présenter à Paris contrairement à ce que le parquet de Paris avait demandé, a-t-on appris de même source et auprès de son avocat.
Jugé pour avoir été en possession d'une matraque
Il sera jugé pour "port d'arme prohibé de catégorie D", après avoir été retrouvé porteur d'une sorte de matraque, et pour "participation à un groupement formé en vue de violences ou de dégradations". Interpellé samedi après-midi, il a été présenté dimanche matin à un magistrat du parquet de Paris, qui lui a notifié qu'il serait jugé le 5 juin devant le tribunal correctionnel. Éric Drouet, l'un des initiateurs du mouvement des "gilets jaunes", est une des voix qui pèsent dans la contestation qu'il définit lui-même comme "populaire" et "totalement apolitique". Pour "fêter" sa sortie de garde à vue, Eric Drouet a créé un "acte 9" sur Facebook. Prévue à la Défense pour le samedi 12 janvier, la mobilisation devrait suivre la même stratégie que ce week-end, avec un lieu de rassemblement donné au dernier moment explique sur Twitter, une journaliste de LCI.
C'est lui qui sur sa page Facebook avait appelé les "gilets jaunes" à commencer leur mobilisation parisienne de samedi à Versailles, avant de changer de destination et de les inviter à se rendre sur la butte Montmartre. Les manifestants avaient ensuite déambulé dans plusieurs quartiers de la capitale. Éric Drouet a été arrêté samedi vers 14H15 rue Vignon, dans le quartier de la Madeleine, au milieu de quelques dizaines de manifestants. "M. Drouet a appelé à cette manifestation, sur les réseaux sociaux, il a donné un certain nombre de lieux de rendez-vous et il était présent sur ces lieux, donc c'est un organisateur, à ce titre-là c'est un délit d'organiser une manifestation non déclarée", a déclaré samedi soir sur BFMTV le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez.
"La justice tranchera pour savoir s'il y a bien eu délit", sachant qu'"organiser une manifestation non déclarée, c'est un délit", a-t-il ajouté. Cette charge n'a pas été retenue pour l'instant contre Eric Drouet par le parquet, mais l'enquête sur cet aspect se poursuit, a précisé la source judiciaire. Créée mi-octobre, la page Facebook d'Éric Drouet appelant au "blocage national contre la hausse des carburants" a été rapidement suivie par des dizaines de milliers de personnes, amorçant la mobilisation nationale du 17 novembre, l'"acte I" des "gilets jaunes".
Dimanche soir, des "gilets jaunes de la première heure" dénoncent dans un communiqué "l'agression brutale, l'arrestation arbitraire et injustifiée dont a été victime Éric Drouet" et exigent du gouvernement "l'abandon de toutes les charges injustifiées" à son égard. Parmi les signataires, des figures emblématiques du mouvement comme Maxime Nicolle, alias "Fly Rider", Priscillia Ludosky ou Laëtitia Dewalle.
Le parquet de Paris a par ailleurs annoncé dimanche que 59 personnes au total ont été placées en garde à vue dans la capitale samedi, dont 4 mineurs. Dans la soirée, la garde à vue de 23 d'entre eux a été prolongée, tandis que 22 suspects ont été déférés au parquet en vue d'éventuelles poursuites judiciaires. Les autres personnes interpellées ont été relâchées et leurs procédures classées sans suite.