Il sera de retour sur les planches à partir de jeudi prochain et jusqu'au 25 mars pour six représentations exceptionnelles de "Fleurs de Soleil" au Théâtre Antoine. Seul en scène pour cette adaptation du livre de Simon Wiesenthal, chasseur de nazis. Un texte puissant sur le remord et la question du pardon.
En 1942, Simon Wiesenthal rencontre un SS en pleine Shoah et se pose cette question : est-il possible de pardonner ?
Thierry Lhermitte : Est-il possible de pardonner à cet homme-là, dans ces circonstances-là ? Bien entendu qu'il n'est pas question de pardonner au nazisme et aux criminels, là le cas est individuel. C'est le pardon à quelqu'un qui a des remords, qui demande pardon et qui va être puni. Donc là, la question se pose.
Il y a des gens qui pensent qu'il faut pardonner en toute circonstance, quoiqu'il arrive, dans le bouddhisme, le christianisme...Moi il me semble qu'on vit dans une société où la justice a son mot à dire d'abord.
Un sujet qui fait encore écho à notre époque
Tout cela résonne très fort, d'autant plus qu'il est interné à Lvov, c'est une ville qui s'appelle Lviv maintenant, en Ukraine, et dont on entend parler depuis un an.
Dans cette pièce, vous êtes seul en scène et vous vous adressez directement au public en incarnant tous les personnages
J'interprète Simon Wiesenthal qui dit "je vais vous raconter ce qui m'est arrivé et peut-être qu'à la fin de mon récit vous aurez une réponse", il y a le jeune allemand qui est en train de mourir, il y a ses camarades de détention et puis il y a les lettres puisque Simon Wiesenthal a envoyé son livre a des centaines de personnalités et d'autorités morales en demandant "qu'est-ce que vous auriez fait ? Qu'est-ce que j'aurais dû faire ?"
Quels échanges est-ce que vous avez eu avec le public ?
Les gens s'interrogent beaucoup parce qu'à chaque lettre qui scande le spectacle, ce sont des points de vue différents et on est toujours d'accord avec le dernier qui a parlé. Avec ceux qui disent il faut pardonner, ceux qui disent qu'il ne faut pas pardonner. Toutes les réponses sont valables alors on est un peu perdu en face de ça donc on se fait son opinion mais au moins on a exploré la profondeur de cette question. On explore le pourquoi du pardon et on a la chance de pouvoir alimenter sa réflexion.
Comment avez-vous découvert ce texte ?
C'est le hasard, je lis sur tablette et ma tablette me suggère des lectures donc je suis attiré par Wiesenthal, que je connaissais. Le titre est intriguant "Fleurs de soleil", en fait c'est la fleur qu'il y a sur les tombes des soldats allemands dans les cimetières militaires. Je le fais lire à plein d'amis parce que c'est passionnant dont Jean-Marc Dumontet qui et producteur et avec Steve Suissa, le metteur en scène, ils ont tous les deux l'idée de le faire adapter. Jean-Marie le fait donc adapter pour moi, j'étais un peu surpris, un peu effrayé et puis en fait j'ai eu beaucoup de bonheur à jouer ce texte.
Être seul en scène, c'est un autre rapport avec les gens ?
Surtout de parler aux gens à vrai dire. J'imaginais qu'être seul en scène c'était flippant parce que moi j'ai toujours joué avec des camarades et j'adore partager. Là, on partage avec le public.
"Fleurs de soleil" à retrouver du 16 au 25 mars au Théâtre Antoine.
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