Sans contrat de travail ou équipements de sécurité, plusieurs travailleurs sans-papiers ont décidé d'assigner devant les prud'hommes de Seine-Saint-Denis des entreprises du BTP. Ils se disent victimes d'une "exploitation".
Dix travailleurs sans-papiers ont décidé d'assigner des entreprises du BTP comme Vinci ou Eiffage devant le conseil des prud'hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), révèle ce mardi Franceinfo.
Ces hommes, originaires du Mali ou de la République démocratique du Congo, dénoncent leurs conditions de travail lorsqu'ils œuvraient sur les chantiers des Jeux Olympiques de Paris 2024. Sans contrat, sans fiche de paie ou encore sans congés payés ni heures supplémentaires, ils dénoncent leur "exploitation". Depuis, la situation de ces hommes qui vivent depuis plusieurs années en France a été régularisée.
Plus de dix entreprises dans le viseur
Ce mardi, ils ont décidé d'assigner leurs "anciens employeurs directs, huit sociétés sous-traitantes, mais également quatre géants du BTP, Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC", détaille le journaliste.
Ces travailleurs sans-papiers n'hésitent pas à comparer la France au Qatar, alors que les conditions de vie des travailleurs au moment du chantier de la coupe du monde avaient été largement critiquées. Dans le cadre des travaux pour les JO de Paris, ces ouvriers dénoncent notamment le manque de sécurité, au point d'ailleurs de devoir se procurer eux-mêmes leur matériel de protection.
Vinci et Eiffage n'ont pas souhaité répondre aux sollicitations de Franceinfo. Spie-Batignolles de son côté, "assure tout faire pour que les travailleurs soient en règle".
Cette assignation devant les prud'hommes relance la question du respect du droit des travailleurs sur les chantiers des JO, alors qu'un "contrôle de l'inspection du travail avait déjà révélé la présence de sans-papiers sur le chantier du village olympique", précise l'article. Le parquet de Bobigny avait alors ouvert une enquête pour "emploi d’étrangers sans titre" et "exécution en bande organisée d’un travail dissimulé".
Le travail illégal sur les chantiers franciliens
Le BTP¨arrive en tête des mauvais élèves selon l'URSSAF IDF. Il est le secteur où l'organisme dénombre le plus de fraudes.
« Ce sont des secteurs où les besoins de main-d’œuvre sont importants de manière générale, et où il y a de la sous-traitance en cascade », explique Emmanuel Dellacherie, directeur de la réglementation, du recouvrement et du contrôle à l’URSSAF. « Les contrats sont plus courts, et l’endroit où s’exerce l’activité n’est pas le siège de l’entreprise. La rigueur n’est pas la même. Cela touche plus les petites et moyennes entreprises que les grandes, même si elles ne sont pas épargnées. »