C’est une première dans l’histoire olympique : les Jeux de Paris accueille des épreuves de breaking ces vendredi 9 et samedi 10 août. Alors que cette danse est issue de la culture hip-hop, comment la compétition est-elle perçue par les pratiquants ? On a posé la question à une Bgirl francilienne.
Pendant deux jours au sein du parc urbain de la place de la Concorde, les 33 meilleurs danseurs et danseuses du monde vont tenter de remporter la toute première médaille d’or olympique de breaking. Le tournoi - dont franceinfo a résumé les règles - est organisé autour de "battles" : des confrontations directes opposant à chaque fois deux athlètes, avec à la fois des passages en un contre un et des phases de groupe.
Le tout est évalué par neuf juges, avec un système de points basés sur cinq critères : la complexité technique des figures exécutées, l'exécution et l'enchaînement des réalisations, le rapport à la musique et au rythme, la variété des mouvements, mais aussi l'originalité des performances.
Les duels de danse se déroulent sur un "cypher" (une scène circulaire), en présence d’un DJ qui accompagne les confrontations avec de la musique, ainsi qu’un MC, un maître de cérémonie. Figures acrobatiques, "power moves" (des mouvements basés sur des rotations au sol, sur la tête ou le haut du corps)… La créativité et le style propre à chaque danseur jouent un grand rôle.
Issu du hip-hop, le breaking est né dans les années 1970 dans le Bronx, à New-York. Alors que les compétitions gravitent autour d'événements privés annuels, comme le Battle of the Year ou le BC One, la danse intègre pour la première fois les JO. Une compétition bien vue au sein par ses pratiquants ? Awa Dramé, une Bgirl de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, donne son point de vue.
Aux JO de Paris, quatre athlètes représentent la France, notamment Sya Dembele ("Bgirl Syssy"). Est-ce que tu vas assister à des battles à la Concorde ?
Oui, j’ai ma place pour la finale demain. J’ai hâte de voir ce que ça donne. J’espère que les Français iront très loin, j’espère qu’il y aura une médaille. C’est vrai qu’il y a des grosses têtes en face, avec des danseurs américains, sud-coréens ou japonais avec des grosses réputations, mais je crois à une médaille française.
#Paris2024 | 🇫🇷 Avec un super passage, Syssy prend l'avantage face à la Lituanienne Nicka dans ce premier tour de l'épreuve du breaking !
— francetvsport (@francetvsport) August 9, 2024
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Comment est née ta passion pour le breaking ?
Cette passion a commencé il y a longtemps maintenant, je pratique le breaking depuis 15 ans. J’en ai 21 aujourd’hui, et je suis membre d’un crew qui s’appelle New R'A. Quand j’étais petite, je suis tombée sur un crew qui dansait dans un centre social que je fréquentais à l’époque. Les grands s’entraînaient, et j’ai pu me joindre au groupe. Pour moi, avant, le breaking n’existait pas vraiment en France. J’avais juste vu des films comme Street Dancers. En découvrant la danse, j’ai trouvé ça impressionnant, ça me paraissait impossible de tourner sur la tête comme ça. Donc j’ai eu envie d’essayer, de tester par moi-même.
Le breaking aux JO, est-ce que ça te paraît bizarre ou légitime ?
Selon moi, c’est complètement logique. Quand j’ai su que le breaking devenait une discipline olympique, je me suis dit : "Enfin !". Plein de gens pensent que c’est juste un art, alors que c’est un sport. Au sein des gens qui pratiquent le breaking, c’est assez unanime. Le breaking a toute sa place en tant que discipline olympique, il n’y a pas de débat selon moi. Là, le breaking est enfin reconnu aux JO, c’est super. Je suis vraiment contente et j'espère que ça va continuer.
Justement, le breaking n’a pas été retenu pour les prochains JO, qui se tiendront à Los Angeles en 2028. Il reste toutefois la possibilité d’un retour de la discipline à Brisbane, en 2032. Est-ce que tu as bon espoir ?
Oui, je l’espère vraiment. Ça serait vraiment dommage d’en rester là. Le breaking a sa place aux Jeux comme tous les autres sports, il y a plein de pratiquants dans le monde entier. Goûter aux JO juste une seule fois, ça serait frustrant.