S'il est encore trop tôt pour savoir si le nombre d'accidents a augmenté sur ces voies olympiques, les motards et automobilistes, eux, en ressentent les premières conséquences : 400 contraventions ont été dressées dès le premier jour de leur mise en service. Et il est parfois bien difficile de s'y retrouver.
"On fait le même trajet mais en deux fois plus de temps. Donc on perd du temps, de l'argent. On consomme plus de carburant", raconte Karim Daoud, président de l'Association des VTC de France (AVF). Comme beaucoup d'automobilistes, (contrairement aux taxis, les VTC ne peuvent emprunter les voies olympiques), les temps sont rallongés depuis le 15 juillet et la mise en place de ces axes.
Car 185 km de voies sont dédiés aux Jeux olympiques. Seules les personnes accréditées par le comité d'organisation des JO (26 juillet - 11 août) et des Jeux paralympiques (28 août - 8 septembre) sont autorisés à y circuler, (Les athlètes et leurs équipes, les officiels, les arbitres, les transports en communs, et les véhicules de secours et de sécurité).
Les autres véhicules empruntant ces voies s'exposent à une amende de 135 euros.
"Grand flou artistique"
Les axes concernés sont notamment l'autoroute A1 entre Roissy Charles de Gaulle et la Porte de la Chapelle, l'A4, à l'est de Paris entre la porte de Bercy et Collégien, une voie de l'A13 sera également interdite entre Saint-Cloud et Rocquencourt (Ouest), ainsi que l'A12 et plusieurs tronçons du Périphérique.
Conséquence directe : "le grand flou artistique pour l'inter-files" selon Jean-Marc Belotti, coordinateur de la Fédération française des motards en colère de Paris et petite couronne (FFMC).
"Le préfet de police de Paris avait dit il y a quelques temps, qu'on ne pourrait plus pratiquer l'inter-files entre les 2 voies d'extrême gauche pendant la période des JO. Les gens qui ont écouté cette interview se disent : je vais me mettre sur la file d'à côté. Et les gens qui n'ont pas écouté l'interview se mettent sur la file de d'habitude. Les automobilistes se retrouvent entourés à droite et à gauche de moto. C'est très dangereux", argue-t-il.
Contactée, la Sécurité routière indique que "la prolongation de l’expérimentation CIF (circulation inter-files, ndlr) concerne l’ensemble des axes sur lesquels elle était conduite, à l’exception des routes accueillant les voies réservées JOP d’Île de France où elle est suspendue à compter du 15 juillet 2024".
Selon l'organisme, "la circulation sera très dense et les cisaillements d’axes par des véhicules de grande capacité seront très nombreux sur les 185 km de voies réservées à la circulation des véhicules accrédités".
Une aberration selon Jean-Marc Belotti pour qui "personne ne va rester dans la file, c'est impossible et extrêmement dangereux pour nous. En cas de fort freinage, on se prend en sandwich entre la voiture de devant et celle de l'arrière".
Contraventions en nombre
Autre incongruité : les voies olympiques qui changent de place. C'est le cas sur l'A1, toujours selon le coordinateur de la FFMC parisienne. "Sur le Périphérique, la voie des Jeux olympiques est sur la gauche. A la porte de la Chapelle, elle est passée sur la droite. Ce qui est incroyable, c'est que lorsque la voie est terminée, il n'y a pas de panneau qui l'annonce", avance-t-il.
Pour autant, les contraventions pleuvent à en croire Loubna Atta, commissaire divisionnaire et porte-parole de la préfecture de police de Paris. 400 contraventions ont été dressées en un jour, du 15 au 16 juillet, date de mise en service de ces voies.
Les 400 contraventions ont été délivrées à l'occasion de contrôles de "terrain" effectués par des agents sans recours au réseau de caméra qui doit être utilisé pour les verbalisations, a-t-elle précisé.
La préfecture de police n'a pas précisé le nombre d'agents affectés spécifiquement au contrôle de ces voies réservées, précisant que le dispositif de contrôle "va monter en puissance".