Déjà "inscrite" au titre des monuments historiques, la basilique doit être bientôt "classée". Il s’agit du niveau de protection le plus élevé prévu par le statut.
C'est l’église la plus visitée de la capitale, après la cathédrale Notre-Dame. La basilique du Sacré-Cœur doit être classée au titre des monuments historiques à la mi-octobre, a annoncé mardi Karen Taïeb, l'adjointe à la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) en charge du patrimoine. Les élus parisiens doivent voter une délibération autorisant l’État à mener la procédure, lors du prochain conseil municipal.
Sur 96 édifices religieux qui appartiennent à la Ville, le Sacré-Cœur sera le 67e à obtenir un classement aux monuments historiques. La mairie a lancé une campagne en 2011 pour protéger ses édifices cultuels.
"L’intérêt architectural et patrimonial de cet édifice justifie pleinement une protection au titre des monuments historiques. De style néo-roman et néo-byzantin, elle possède cinq coupoles et sa construction s’est déroulée sur un demi-siècle. Avec sa silhouette blanche due à cette pierre de Château-Landon qui blanchit avec la pluie, et sa situation perchée sur la butte Montmartre, elle fait pleinement partie du paysage parisien", explique la Ville de Paris.
La mairie avait repoussé le dossier en raison des commémorations des 150 ans de la Commune, début 2021. Les événements insurrectionnels ont en effet commencé par la prise des canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre, le 17 mars 1871, l'emplacement de la future basilique. La construction de l’édifice suit la guerre franco-allemande : alors que la première pierre a été posée en 1875, l'achèvement de la basilique remonte à 1923.
En 1873, l'Assemblée nationale - alors dominée par les conservateurs - a déclaré d'utilité publique le Sacré-Cœur, dans le cadre de l'instauration d'un nouvel "Ordre moral". Même si "les historiens montrent qu'il n'y a pas de lien entre la création de cette basilique et la Commune, il y a eu des événements marquants qu'on ne peut pas écarter", a estimé Karen Taïeb, lors d’une conférence de presse organisée mardi. L’adjointe avait choisi de décaler le classement pour ne pas "que les deux événements se chevauchent".
1948 immeubles sont classés ou inscrits au titre des monuments historiques à Paris
La Ville avait déjà obtenu en 2020 l'inscription au titre des monuments historiques. Deux niveaux de protection sont en effet prévus par le statut :
- Les monuments "inscrits", qui présentent un intérêt historique ou artistique remarquable de préservation. L’inscription correspond au premier niveau de protection, et relève d’une procédure régionale.
- Les monuments "classés", qui présentent un intérêt public de conservation. Le classement correspond au niveau de protection le plus élevé, et s’effectue à un niveau national. Pour ce qui est des travaux, les subventions de l’Etat sont d’un ordre supérieur aux monuments inscrits.
Contacté, le ministère de la Culture et de la Communication indique que 1948 immeubles sont classés ou inscrits au titre des monuments historiques à Paris. Ils sont gérés directement par la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) Île-de-France.
Au niveau national, on comptait en décembre 2021 un total de 44 769 immeubles protégés au titre des monuments historiques, dont 14 273 classés et 30 496 inscrits, précise le ministère. 35% de ces biens concernaient l’architecture religieuse.