La RATP accusée de truquer les contrôles techniques de ses bus, l'entreprise "réfute vigoureusement" les allégations

Plusieurs chauffeurs accusent la RATP de leur imposer d'effacer les voyants oranges des bus avant leur contrôle technique semestriel et ainsi éviter leur immobilisation, selon une enquête du Parisien publiée ce mercredi.

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Selon plusieurs chauffeurs de bus interrogés par Le Parisien, il leur est demandé d'effectuer une mesure avant chaque contrôle technique : "effacer tous les voyants signalant un souci technique sur le tableau de bord avant le passage au contrôle" à l'aide d'une valise électronique qui leur est fournie.

Selon Le Parisien, "l'ordinateur de bord n'a pas le temps de rallumer les alertes" et "cette manipulation douteuse permettrait, selon les conducteurs interrogés, d'éviter une contre-visite, obligatoire si un voyant est allumé lors du contrôle technique".

La méthode éviterait des immobilisations coûteuses et une moindre disponibilité de la flotte, synonyme de potentielles pénalités pour le transporteur public. Car les bus de la RATP doivent passer au contrôle technique tous les 6 mois.

La pratique concernerait "au moins la moitié de la vingtaine de centres (dépôts de bus, ndlr) à Paris et en petite couronne", estime Luc Wallop, ex-représentant du personnel au conseil d'administration de la RATP, présenté par le quotidien comme le "lanceur d'alerte sur ce sujet".

La sécurité "une priorité absolue" selon la RATP

Dans un communiqué envoyé la nuit par la RATP, après la publication de cet article, l'entreprise "réfute vigoureusement toutes allégations remettant en cause la sécurité des passagers de ses bus".

Selon la RATP, "l’article se base notamment sur le témoignage de deux agents impliqués dans des accidents en 2020, pour lesquels ils ont été reconnus responsables, et qui sont actuellement en contentieux avec l’entreprise" et assure que "la sécurité de ses voyageurs est une priorité absolue. Tous les bus font l'objet d'un entretien et d'un suivi rigoureux".

Pourtant, Le Parisien assure avoir "pu constater l'opération par lui-même" en juin et juillet devant un centre de contrôle du Val-d'Oise accueillant des bus circulant dans Paris intra-muros.

"Il n'est pas possible de cacher un défaut"

"Il n'est pas possible de cacher un défaut sur un bus lors d'un contrôle technique", a souligné jeudi un porte-parole de la RATP, Jimmy Brun, lors d'une conférence de presse. Ce sont des "allégations graves et inacceptables à l'encontre de la RATP et de ses pratiques de sécurité pour les bus", a martelé le porte-parole.

Selon la RATP, ces valises de diagnostic sont utilisées "dans un seul cas". Les bus, qui roulent généralement lentement en ville, empruntent parfois des voies rapides pour se rendre au centre de contrôle technique.

"Les systèmes de contrôle antipollution des bus peuvent parfois être sur-sollicités (...) et peuvent alors signaler qu'ils voient passer plus de particules que d'habitude. Dans ces cas-là, un voyant orange intermittent peut s'allumer sur le tableau de bord".

La RATP demande alors aux conducteurs d'utiliser la valise pour réaliser une nouvelle mesure et "puisque le bus circule à nouveau à une vitesse normale, la nouvelle mesure ne donne aucune indication de défaut et le voyant s'éteint", a souligné M. Brun.

Dérives "inacceptables" si elles sont avérées

Signe que les faits sont pris au sérieux, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d'Île-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité régulatrice des transports franciliens, a directement réagi dans un message sur X mercredi soir :

"Si les 'dérives frauduleuses' sont avérées, elles sont totalement inacceptables" et "la RATP doit y mettre fin sans délai et sanctionner les auteurs", a-t-elle indiqué.

La société Dekra, chargée d'effectuer les contrôles des 5 000 bus de la RATP "n'a pas connaissance de telles pratiques", s'est-elle défendue auprès du quotidien.

La régie des transports parisiens a diligenté une mission auprès de son délégué général à la sécurité des transports, qui doit rendre ses premières conclusions ce week-end à Valérie Pécresse, avant un rapport plus complet dans deux semaines.

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