D’un montant de 75,20 euros mensuels, le prix de la carte de transport pourrait bien augmenter dès l’année prochaine face à la hausse des prix de l’énergie.
La présidente (LR) d'Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, va devoir trouver 750 millions d'euros pour faire face à l'augmentation des coûts d'exploitation des transports publics franciliens, et veut mettre à contribution l'Etat, les départements, la RATP, la SNCF et "le moins possible" les voyageurs. "Nous allons avoir face à nous la déferlante 2023", a déclaré Mme Pécresse. La "hausse absolument colossale des prix de l'énergie va déferler sur les transports du quotidien", a-t-elle prévenu.
"Pour Île-de-France Mobilités, ça se traduit par une hausse de 950 millions d'euros des coûts pour l'exploitation du réseau" – sur près de 11 milliards d'euros actuellement –, la flambée des prix subie par les opérateurs de transports étant répercutée dans les contrats passés avec l'autorité régionale des transports, a-t-elle précisé.
"On a trouvé 200 millions d'euros en interne, il nous reste 750 millions à trouver", a relevé Mme Pécresse, prônant "un juste partage de l'effort".
"Je refuse le Navigo à 100 euros"
"Il n'est pas question pour nous de baisser l'offre", laquelle a déjà été légèrement réduite aux heures creuses tandis que la fréquentation ne dépasse toujours pas les 80% de son niveau d'avant la crise sanitaire du Covid-19, a-t-elle insisté.
L'élue ne veut pas non plus imputer la hausse des coûts aux seuls voyageurs : "Je refuse le Navigo à 100 euros", a-t-elle assuré, puisqu'il faudrait augmenter de 25 euros un abonnement mensuel qui coûte déjà 75,20 euros.
Valérie Pécresse envisage une contribution supplémentaire de 100 millions d'euros des collectivités locales, la région Île-de-France qu'elle préside et les départements franciliens.
Elle entend aussi récupérer "exceptionnellement" 200 millions d'euros de la RATP et la SNCF qui font des marges plus importantes que prévu en Ile-de-France.
Côté Etat, elle demande de baisser la TVA de 10% à 5,5%, ce qui permettrait de récupérer 150 millions d'euros. "J'ai senti une réticence du gouvernement" sur ce point, a reconnu Mme Pécresse, qui dit avoir présenté ses propositions à la Première ministre Elisabeth Borne et au ministre délégué aux Transports, Clément Beaune.
"Augmenter le Navigo le moins possible"
La dirigeante veut aussi augmenter le versement mobilité (VM), une taxe sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés, en ciblant surtout celles implantées au cœur de l'agglomération parisienne. Cette mesure pourrait rapporter de 250 à 300 millions, selon elle.
"Ce que je veux, c'est augmenter le Navigo le moins possible", a insisté Mme Pécresse qui a toutefois noté que son prix n'avait pas varié depuis cinq ans et que les associations d'usagers n'étaient pas hostiles à une augmentation modérée.
"Absurde pour le climat et injuste socialement"
David Belliard, élu à la mairie en charge de la transformation de l’espace public, des transports a réagi sur twitter. "D'un côté on met 7,5 milliards d'euros sur la table pour aider à payer les pleins d'essence et de l'autre côté on veut augmenter le prix du pass pour celles et ceux qui utilisent les transports en commun ??? C'est absurde pour le climat et injuste socialement ! », écrit-il.
"Pas de hausse du pass Navigo sans retour à l’offre normale. Les trains, métros et bus supprimés représentent une économie minuscule de 0.6% du budget d’IDF Mobilités mais pénalisent lourdement nombre d’usagers, surtout en banlieue", écrit de son côté l’association Plus de Trains.
Sources : AFP